SECTION SE-Unsa de la SOMME - 4 RUE PAUL SAUTAI - 80000 AMIENS
Tél. 03 22 92 33 63 - Fax. 03 22 92 50 51 - 80@se-unsa.org

 
Crise des vocations : l’Europe des enseignant·es Ă  la peine
Article publié le mardi 21 juin 2022.
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter

Le récent rapport du Sénat sur les solutions aux difficultés de recrutement des enseignant·es ne doit pas masquer une crise des vocations dans les autres pays européens. Les réponses apportées par ces pays sont autant de pistes à explorer, souligne le rapport, qui préconise par ailleurs de mettre l'accent sur la hausse des rémunérations et la formation.

Le rapport du SĂ©nat du 9 juin dernier met en Ă©vidence une crise du recrutement pour les professeur·es dans l’ensemble de l’Union europĂ©enne. Alors que 38% des enseignant·es europĂ©ens ont plus de 50 ans, la profession peine Ă  recruter.

En France, le rapport prĂ©sentĂ© Ă  la confĂ©rence des mĂ©tiers et des compĂ©tences de mars 2022 pointait un dĂ©ficit attendu de professeur·es pour 2030 avec 32.800 postes Ă  pourvoir qui auront du mal Ă  attirer plus de 200.000 jeunes.

Si le salaire inférieur de 15% à la moyenne de l’OCDE des professeur·es explique en partie la crise des vocations, ce n’est pas l’unique facteur. Si l’on compare à l’Allemagne et au Portugal qui rémunèrent bien leurs professeur·es, eux aussi rencontrent des difficultés d’attractivité.

Investissement budgétaire

Les sĂ©natrices et sĂ©nateurs ont mis en Ă©vidence que le Portugal, qui a des rĂ©sultats exemplaires après un investissement budgĂ©taire massif sur l’éducation, a Ă©galement des difficultĂ©s pour trouver ces futur·es enseignant·es. Le Portugal est passĂ© de 45% de dĂ©crochage scolaire Ă  6% en dix ans, gagnant 10 places au classement PISA  (22ème alors que la France est 27ème). Le salaire des professeur·es portugais·es est Ă  plus de 33 points au-dessus du salaire moyen des actifs ayant un diplĂ´me Ă©quivalent.

Dans le rapport Teatchers in Europe de mars 2021, Ă©taient dĂ©jĂ  mis en avant les raisons de perte d’attractivitĂ© du mĂ©tier. La reconnaissance sociale faible dans beaucoup de pays europĂ©ens est l’une des explications. Les changements incessants, les attentes fortes avec de plus en plus de responsabilitĂ©s ont affectĂ© le ressenti de bien-ĂŞtre au travail et d’épanouissement professionnel des personnels. AccentuĂ© par la crise COVID, ce mal-ĂŞtre se ressent sur la perception des futur·es professeur·es.

Isolement, manque de collaboration

Le rapport du Sénat pointe également l’isolement et le manque de collaboration ressentis par la profession qui ne sont pas sans effet sur l’augmentation constante des démissions (3 fois plus de démissions chez les jeunes enseignant·es en 10 ans).

La formation initiale et continue des professeur·es est également un des points expliquant le manque de candidat·es. La filière de formation pour le métier est déjà en déficit (le nombre de candidat·es aux concours a baissé de 30% en quinze ans) et les enseignant·es se sentent mal préparé·es par une filière de moins en moins professionnalisante.

L’ensemble des pays européens se trouvent face à ce défi : la Suède a besoin de recruter 77.000 professeurs pour la prochaine rentrée et l’Allemagne manquera de 26.000 professeurs dans 3 ans. Seules la Finlande et la communauté germanophone de Belgique ne déclarent aucune difficulté d’attractivité.

Recommandations

Le rapport propose 15 recommandations pour que notre pays puisse faire face Ă  ce manque d’attractivitĂ©, notamment une rĂ©orientation de la politique de gestion des ressources humaines avec un renforcement des crĂ©dits accordĂ©s Ă  la formation continue des enseignant·es et la mise en place d’incitations financières Â« afin d’éviter que les enseignants concernĂ©s ne soient frĂ©quemment les mĂŞmes ». Il est Ă©galement prĂ©conisĂ© de mieux cibler le contenu de ces formations vers les thèmes disciplinaires et la gestion de classe. La question des conditions matĂ©rielles d’accueil est Ă©galement soulevĂ©e Ă  travers la crĂ©ation de nouveaux espaces dans les bâtiments scolaires favorisant les Ă©changes et les collaborations.

L’idée de fortement s’appuyer sur l’analyse et la prospective à l’échelle nationale et européenne par des études comparées avec d’autres pays est également présentée comme un moyen de répondre à la problématique de la hausse des démissions et du manque d’attractivité.

Derrière le constat alarmant de cette crise des vocations, l’UNSA Éducation partage la préconisation sénatoriale d’agir sur la gestion des ressources humaines, notamment par un effort budgétaire visant à la hausse des rémunérations, à un meilleur accompagnement des entrant·es dans le métier et à une formation continue profitant à toutes et tous. Notre organisation rappelle son attachement au caractère volontaire de la formation continue, que celle-ci fasse l’objet ou non d’incitations financières, et à la nécessité que cette formation réponde d’abord aux besoins exprimés par les personnel·les comme le propose le Sénat. Mais le rapport demeure muet sur la question des voies de recrutement et de la formation pré-recrutement des enseignant·es, deux axes de travail qui nous semblent prioritaires pour faire vivre un service public d’éducation de qualité.

 

 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
Cliquez pour agrandir