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Évaluation en maternelle : 5 ans... et dĂ©jĂ  triĂ©s !
Article publié le jeudi 13 octobre 2011.
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Alors que la quatrième journée du refus de l’échec scolaire nous a rappelé il y a à peine trois semaines les dégâts générés par la pression scolaire, le Ministère veut nous imposer d’en “rajouter une couche” pour les élèves de maternelle...

En effet, un programme en trois phases vient de voir le jour pour permettre “de repérer des élèves présentant des risques pour les apprentissages”.

La première phase qui aura lieu en novembre et décembre consiste en une observation du comportement et du langage ainsi que des épreuves de motricité et de conscience phonologique. Il s’agit d’extraits du BSEDS (Bilan de Santé Évaluation du Développement pour la Scolarité 5 à 6 ans) conçu à l’origine pour une utilisation par les médecins scolaires. À l’issue de cette phase, les élèves ayant un score insuffisant seront classés par leur enseignant en deux catégories : “à Risque” et “à Haut Risque”. Confusion inquiétante entre le médical et le pédagogique.

La deuxième phase consiste en la mise en oeuvre d’un programme d’entraînement sur le temps d’aide personnalisée avec les élèves repérés à la phase 1. Cet entraînement porte sur “la conscience phonologique et le rapport entre lettres et sons dans le but de faire prendre conscience aux élèves des régularités du code orthographique” . Un guide pédagogique sera en ligne avant fin 2011 sur le site Eduscol. Mais tout est déjà précisé: groupes homogènes, fréquence quotidienne, durée, forte ritualisation... Confusion consternante entre personnalisation et formatage.

Enfin, la troisième phase qui aura lieu en mai et juin, consiste en une évaluation des acquis en fin d’école maternelle avec des passations collectives et individuelles. Les épreuves sont issues des documents d’aide à l’évaluation déjà disponibles sur le site Eduscol et comportent des fiches d’observation intitulées “devenir élèves” permettant d’évaluer le comportement avec des critères tels que “le recours à la parole en cas de désaccord”, “le respect de l’intégrité de toutes les personnes de son environnement”, “l’utilisation des formules habituelles de salutation ou de courtoisie”, “le soin du matériel et le rangement”... Confusion dommageable entre compétences scolaires et comportements.

Le document de cadrage du ministère précise que grâce à l’établissement de “taux nationaux de réussite” à partir d’un échantillon, chaque école pourra se situer par rapport à “une valeur nationale”. “L’exploitation des résultats dans chaque école sera coordonnée par l’IEN selon des modalités définies au niveau départemental ou académique”. Il s’agit donc bien d’un dispositif national imposé à toutes les écoles.


Ce programme sur le modèle “dépistage-conditionnement-évaluation” prétend sans doute à un caractère scientifique. En fait, il véhicule une conception erronée des apprentissages et ignore la diversité des difficultés auxquelles les élèves sont confrontés. La plupart des épreuves (cf. article "En savoir plus sur les évaluations nationales en GS") sont manifestement inadaptées. Surtout, il est aberrant et choquant d’ignorer délibérément les différences importantes de maturité entre les élèves en voulant les évaluer tous en même temps quelle que soit leur date de naissance.

Ce programme nie les compétences des enseignant(e)s de maternelle qui savent reconnaître les élèves rencontrant des difficultés en les évaluant dans des activités signifiantes au moment opportun. Il transforme ces professionnels en simples exécutants d’un programme pré-digéré. Un programme d’entraînement “pavlovien” ne saurait aider des élèves fragiles, scolarisés dans des classes surchargées et trop souvent privés de l’accompagnement d’ enseignants spécialisés de RASED de moins en moins nombreux.

Au moment où plusieurs rapports et études* mettent en évidence les effets désastreux pour les élèves français d’une pression scolaire excessive, a-t-on mesuré au ministère l’impact sur les parents de l’annonce que leur enfant est “à Haut Risque” ? A-t-on mesuré l’impact sur les enfants ainsi stigmatisés ? Manifestement pas.


Pour toutes ces raisons, le SE-Unsa appelle tous les enseignants à refuser cette évaluation qui instaure la pression scolaire avant même l’entrée à l’école élémentaire en signant l’appel “Pas de tri à la maternelle”


Continuons à prévenir les difficultés des élèves, à les repérer si elles s’installent, à réclamer l’aide des RASED quand cela s’avère nécessaire, à évaluer les acquis des élèves dans le cadre de situations de classe qui ont un sens pour les élèves.
Mobilisons-nous pour que l’école maternelle reste cet endroit dans lequel chaque enfant peut vivre une première scolarité réussie.

* Enquête de l’AFEV : http://www.curiosphere.tv/jres/pdf/JRES2011_Enquete_famille_VF.pdf
À propos de la remise du rapport de Boris Cyrulnik sur la prévention du suicide des enfants :
http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/la-france-veut-mieux-prevenir-le-suicide-des-enfants-29-09-2011-1378792_240.php

 

 


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