Le SE-Unsa se réjouit du lancement par le ministre Benoît Hamon de la conférence nationale sur l’évaluation des élèves. Ce chantier programmé sur plusieurs mois, associant tous les membres de la communauté éducative et au-delà, la société française dans son ensemble, peut contribuer à créer une véritable culture commune de l’évaluation au service des apprentissages des élèves.
Notre système d’évaluation est à bout de souffle. Ce vestige dépassé de l’ « élitisme républicain » porte une vision idéologique de l’Ecole qui ne correspond plus ni aux besoins ni aux attentes de notre société.
Les évaluations internationales mettent en évidence l’inefficacité et l’injustice d’un tel modèle « méritocratique » : proportion importante d’élèves ne maîtrisant pas les compétences indispensables à 15 ans, élites restreintes et peu créatives, déficit marqué de confiance en soi et dans l’avenir, inégalités sociales de réussite scolaire les plus importantes des pays de l’OCDE. Si le système d’évaluation n’est pas le seul responsable de nos difficultés il y contribue très largement.
La pratique systématique de la notation chiffrée sur 20 et le recours aux moyennes disciplinaires et générales dans le second degré trompent les familles et les élèves sur les finalités de l’Ecole : il faut avoir des bonnes notes pour passer dans la classe supérieure et obtenir l’orientation rêvée. Or, certaines compétences jamais évaluées - et donc masquées - sont indispensables à la réussite scolaire. Les moyennes autorisent toutes les compensations et dissimulent ainsi des échecs et des réussites abusifs alors qu’il faudrait garantir des acquis réels et équilibrés pour tous. En résumé, ce système d’évaluation qui se prétend exigeant ne l’est pas. Il est seulement élitiste, au service de la sélection de ceux qui disposent de tous les codes pour réussir.
Le SE-Unsa espère un débat ouvert et serein qui devra s’appuyer sur les conclusions de la recherche scientifique pour permettre de sortir enfin des postures idéologiques. A l’issue de ce travail, le ministre devra prendre en compte de manière très pragmatique les recommandations de la conférence pour que les familles, comme les professionnels concernés, s’approprient les indispensables évolutions.