Les ABCD de l’égalité ont vécu. L’expérimentation amorcée depuis la rentrée dernière ne sera pas reconduite sous sa forme actuelle.
Depuis des mois, largement instrumentalisée par des groupuscules qui font des sujets de société leur cheval de bataille, elle est source de polémiques. Ce climat qui, dans certaines écoles, a mis les enseignants en première ligne des affrontements ne sert pas la cause de l'égalité fille-garçon qui doit en effet être traitée dans la sérénité.
À quoi sert un outil pédagogique s’il doit rester au fond d'un placard, par crainte d’agressions ou d’injures ?
La question de fond reste celle du traitement de ce sujet, dans un cadre scolaire laïque hors de toute pression intempestive. Le ministre vient de dévoiler une approche nouvelle. Exit l’épouvantail que constituaient les ABCD de l’égalité. Le sujet fera désormais partie intégrante de l’enseignement dû aux élèves. Pour cela, un plan ambitieux doit voir le jour : nouveaux programmes, formation initiale et continue des enseignants et personnels d'éducation.
Pour le SE-Unsa, au-delà des déclarations volontaristes du ministre, la question en suspens est bien celle de savoir comment ce plan peut, dès la rentrée prochaine, se substituer aux ABCD. Il faudra sans doute être patient. Les nouveaux programmes du bloc école/collège ne seront pas mis en œuvre avant la rentrée 2016, la formation continue est en jachère faute de moyens budgétaires et la formation initiale en construction risque fort d’être modeste sur un module spécifique, à mille lieux des urgences professionnelles des stagiaires.
Tout acte politique est fait de symboles. L'ABCD de l’égalité était emblématique. Le pari du ministre est celui de la mise en mouvement de l'institution. Le risque est celui de l'enlisement et de l'oubli. Les militantes et les militants de l'égalité fille-garçon à l'école sauront lui rappeler ses engagements...