Conclusion du rapport (extraits) |
Avis du SE-UNSA |
Trois choix sont possibles. 1) Le premier, le plus simple, le mieux propice à la stabilité des dépenses publiques consacrées au lycée consiste à ne rien faire et à gérer en douceur une meilleure répartition des moyens entre les académies, les départements et les établissements. S’il était retenu, ce choix serait explosif. Le degré d’inégalité supporté par les spoliés du système devient proprement insupportable. « L’élitisme républicain » ravage une jeunesse de plus en plus défiante à l’égard des pouvoirs (les médias comme les partis politiques, les élites économiques comme les élites intellectuelles) et des discours. Sous cet angle, le déséquilibre des voies et des filières et ce qu’on appelle « orientation » couvrent de plus en plus maladroitement un tri social. 2) Le deuxième choix possible est de concentrer la « réforme du lycée » sur un certain nombre de sujets précis, qu’il y a urgence à traiter : Ø L’orientation Ø La revalorisation de la voie technologique et de son image Ø La rénovation des filières STI Ø Le rééquilibrage des séries au sein de la voie générale Ø La rénovation des épreuves du Bac en langue Ø Tendre vers la diminution du nombre des élèves par division en classe de Seconde en tenant compte de leur hétérogénéité et des disciplines Ø enseignées. Ø En contrepartie la diminution en tendance du nombre d’heures/élève par niveau de classe, en dissociant nettement le nombre d’heures/élève et le nombre d’heures/enseignant (on ne diminue pas le nombre d’heures/élève pour supprimer des emplois). Ø Une nouvelle étape de la démocratie lycéenne par une participation plus grande aux processus de décision concernant la vie scolaire et une reconnaissance des engagements lycéens. 3) Le troisième choix possible est complémentaire du deuxième : lancer une vaste concertation sur une véritable refondation du lycée en partant : Ø des propositions des lycéens (CVL + UNL + FIDL) sur le temps scolaire, l’intégration du temps de travail personnel au sein de leur emploi du temps, la répartition de leur emploi du temps entre cours « classiques » en classe, activités sportives, activités culturelles et artistiques, accompagnement personnel, orientation et stages Ø d’une négociation avec les syndicats d’enseignants sur la nature de leur mission et le décompte de leur service : les contreparties qu’il faudra leur donner seront à terme compensées par la réduction du nombre d’heures/élèves ; Ø d’une négociation avec les régions sur le lien lycée/environnement territorial et social et sur la participation de l’espace immobilier à la Ø formation lycéenne. Le choix des scenarii et le devenir de la centaine de préconisations inspirées du terrain et présentes dans ce rapport dépendent désormais de la volonté des politiques, des partenaires sociaux et des membres de la communauté éducative. Les choix qui seront faits sont aussi des choix de société. Comme l’est celui de la méthode employée pour mener le changement et qui tient en trois mots : confiance, responsabilisation et loyauté. |
Le SE-UNSA partage totalement le point de vue exprimé par Richard Descoings. Il y a urgence à refonder le pacte entre la jeunesse et son école, et au-delà entre la jeunesse et la société française, dont une grande partie se sent exclue. Les ravages de l’élitisme républicain sont de plus en plus connus et étudiés (pessimisme spécifique aux jeunes Français, image de soi dévalorisée, conformisme plutôt qu’esprit d’initialtive…). Le tri social est bien connu également. Cependant, Richard Descoings ne va pas au bout de la logique puisqu’il maintient dans ses propositions l’organisation actuelle. Les effets pervers n’ont aucune chance de disparaître dans une structure quasi-identique. Il est fort probable que le même débat ressurgisse dans quelques années. Certes, les sujets ciblés sont intéressants mais Richard Descoings reste souvent dans l’anecdotique ou le vœu pieux (Cf. détail des mesures dans le document). Comment par exemple envisager une véritable prise en compte de l’orientation sans revoir en profondeur les emplois du temps des élèves et les services des enseignants ? Des points positifs non négligeables toutefois : - la rénovation des STI : sans préjuger du maintien de voies et séries, il est impératif de revoir les contenus des STI et de clarifier l’offre de formation dans ce domaine pour la rendre plus attractive. Le Se-UNSA regrette que RD n’ait pas défendu une plus grande porosité entre les voies en défendant l’idée d’une offre d’enseignements technologiques dans les séries générales. - le renforcement de l’oral en LV (épreuve au bac) - de meilleures conditions en classe de seconde. - une plus grande participation des lycéens à la vie lycéenne. Nous ne savons pas ce que veut dire « la diminution en tendance de l’horaire/élèves », mais nous approuvons l’approche de RD (pour le Se-UNSA, toutes les économies faites sur les horaires-élèves doivent être réinvesties dans l’amélioration des conditions de travail des élèves et des enseignants. C’est à ce niveau que commence pour le SE-UNSA la véritable réflexion sur l’avenir du lycée. Nous pensions d’ailleurs être déjà dans cette étape, d’où notre déception et le sentiment d’un retour à la case départ. Cette 3ème étape apparaît trop comme un supplément d’âme, un choix optionnel alors que les questions qui sont posées sont au cœur de la « refondation » du lycée pour reprendre les termes de RD. Une réforme du lycée, telle qu’elle est dessinée dans la 2ème proposition, est déjà dépassée, alors que le « divorce » est largement consommé entre la jeunesse et la culture scolaire, entre la jeunesse et l’institution scolaire. L’accompagnement des lycéens dans la construction de leur parcours de formation, dans l’entrée dans les apprentissages passe par une redéfinition des missions et des services des enseignants. Laisser cet aspect de côté conduit à l’impuissance : la « refondation » ne peut pas passer que par la bonne volonté des équipes. Ce point est crucial. Entièrement d’accord avec cette conclusion. |