La réunion bilatérale du 10 septembre a permis dans un premier de temps de clarifier un certain nombre de points présentés comme acquis par la mission sur l’architecture globale du nouveau lycée puis d’échanger de manière "exploratoire" sur une maquette pédagogique pour la classe de seconde. Analyses, remarques et questionnements du SE-UNSA.
Cette réunion bilatérale avait comme objectif principal un échange « exploratoire » sur la maquette pédagogique de la nouvelle classe de seconde.
EN PREAMBULE :
La délégation du SE-UNSA a souhaité dans un premier temps revenir sur les principes généraux de cette réforme et rappeler les deux hypothèques qui pèsent sur ce dossier :
La réforme marque une rupture très importante avec l’organisation actuelle du lycée. Il s’agit d’une réforme d’ampleur dont l’objectif ambitieux est à la fois de préparer tous les lycéens à un parcours long ( l’articulation avec le supérieur nécessite l’élaboration d’un parcours cohérent avec une dominante affirmée) en échappant au système de voies et séries cloisonnées et hiérarchisées.
Cet objectif ambitieux ne peut s’accommoder d’une réflexion accélérée qui ne s’intéresserait qu’aux structures en négligeant une entrée essentielle, celle de la redéfinition des contenus et de leur découpage en modules.
La recherche d’économies budgétaires compromettrait également la réussite de cette réforme : accompagnement individualisé, parcours souples, choix étendus nécessitent des moyens. Une dégradation des conditions d’enseignement serait inacceptable.
LES PROPOSITIONS « ABOUTIES » :
Certains points paraissent désormais acquis pour la mission :
Disparition des voies et séries au profit de parcours à dominante plus « polyvalents » : tous les enseignements sont potentiellement accessibles à tous les élèves.
4 dominantes identifiées, recoupant très largement les profils des séries actuelles :
- Humanités et Arts
- Sciences
- Sciences de la société
- Technologie
Le programme de formation du lycéen ne lui est plus imposé par son appartenance à une série donnée : c’est lui qui, par le choix de ses modules de spécialisation (représentant 45% du volume horaire), détermine la dominante de son parcours. Cette dominante pourra être très affirmée (tous les modules de spécialisation choisis dans la même famille) ou son parcours pourra être plus polyvalent avec un certain nombre de modules choisis hors de sa famille dominante.
Disparition du groupe-classe (conçu comme le regroupement quasi-permanent d’élèves ayant choisi les mêmes enseignements) dans le cycle terminal : c’est la conséquence logique de la souplesse accordée aux choix des lycéens dans la composition de leur parcours. Pour le SE-UNSA, c’est une des conditions indispensables si on veut échapper à la reconstruction par les acteurs de filières d’excellence et de filières de relégation.
Le module de base dans la construction de l’offre d’enseignement en seconde et dans le cycle terminal est une unité semestrielle de 3 heures.
Le SE-UNSA a fait part de ses remarques et questionnements :
Les enseignements technologiques : l’offre de modules de spécialisation s’appuiera sur les contenus rénovés en STG et en ST2S. Sur quelle base se fera l’offre de modules de spécialisation STI et STL ? Les contenus mis en consultation en 2007 constituent-ils la référence de la mission ? Pas de réponse précise à cette question. Seule indication, des contenus beaucoup moins spécialisés…
Les modules communs à tous dans le cycle terminal : il faut concevoir des contenus qui ne mettent pas en échec un grand nombre d’élèves, d’où la nécessité d’un travail de fond sur ces contenus : dans cette perspective, le calendrier est particulièrement contestable.
L’abandon de la référence au groupe-classe dans le cycle terminal et la construction par le lycéen de son parcours de formation créent la nécessité d’une guidance et d’un accompagnement renforcés : ceci implique une présence accrue des COP et des CPE dans les lycées (recrutement en conséquence). La notion de « professeur principal » n’est pas opérationnelle dans ce nouveau contexte. Le SE-UNSA propose la création de « professeurs référents » chargés du suivi d’un groupe de 10 à 15 élèves.
LES PROPOSITIONS « EXPLORATOIRES » : la maquette pédagogique de la classe de seconde
- 60% pour les enseignements fondamentaux
- 25% pour les enseignements d’exploration
- 15% pour les enseignements et activités d’accompagnement.
Le volume horaire – élève annuel de référence pour la mission est de 975 heures (moyenne internationale). L’horaire – élève actuel varie de 972 heures à 1152 heures.
Le programme de formation comporterait 18 modules semestriels de 3 heures, donc un horaire hebdomadaire élève de 27 heures (ce qui correspond au minimum actuel). Les modules seraient répartis comme suit :
- 11 modules d’enseignements fondamentaux
- 4 modules d’exploration
- 3 modules d’accompagnement.
-> La demande est très forte de la part des lycéens d’un accompagnement individualisé renforcé. 15% correspond approximativement au volume actuel (modules +aide individualisée). Ne serait-il pas souhaitable d’augmenter cette proportion ? Une des voies possibles est d’attribuer un module supplémentaire au professeur-référent.
- Le français
- Les mathématiques
- 2 langues vivantes
- L’EPS
- L’histoire-géographie
-> Le SE-UNSA souscrit à la définition des enseignements fondamentaux. Pour lui, la maîtrise des langages est au cœur de ces enseignements : maîtrise de la langue française, de 2 langues vivantes étrangères, du langage mathématique. L’entretien de son corps est indispensable. Pour cette raison, l’EPS fait partie des fondamentaux. Restent à définir les outils culturels indispensables au futur citoyen : le SE-UNSA propose de réfléchir à une nouvelle approche prenant en compte des grandes problématiques contemporaines de manière interdisciplinaire.
Les enseignements exploratoires : la réflexion paraît peu avancée, voire confuse. Ces enseignements sont désignés comme « exploratoires » (en lien avec les modules de spécialisation du cycle terminal), mais aussi comme « d’approfondissement » ou « de renforcement » (en lien avec des disciplines appartenant aux enseignements fondamentaux), poursuivant des objectifs de nature totalement différente voire opposée.
-> Pour le SE-UNSA, le concept d’enseignement exploratoire est à circonscrire avec précision : il doit permettre aux élèves de seconde d’élaborer leur futur parcours de formation et doit donc être lié directement aux enseignements de spécialisation du cycle terminal. La réflexion sur ces 2 blocs doit donc être menée simultanément. Impossible de définir précisément la maquette de la classe de seconde sans savoir sur quoi elle débouche !
-> C’est au plus près des élèves qu’il faut définir ces dispositifs, dont les moyens doivent être garantis. L’équivalent horaire d’un module semestriel doit être ajouté aux 3 modules proposés pour le travail de suivi individualisé mené par le professeur –référent.
Si la maquette peut paraître intéressante dans sa conception, de nombreuses questions ne sont pas encore traitées et n’ont pas pu être abordées lors de cette bilatérale. En voici quelques-unes :
Les projections portent actuellement sur les horaires-élèves et pas sur les horaires-professeurs : impossible d’évaluer avec une relative précision le « coût » du nouveau dispositif et le nombre de postes économisés.
Quelles modalités d’évaluation et de certification ?
La classe de seconde ne constituerait plus un palier d’orientation. Quelles implications ?
Quelles sont les modalités de réflexion envisagées avec l’enseignement supérieur ? En effet, les procédures d’orientation vers le supérieur ne pourront plus s’effectuer sur les mêmes bases. Par quoi seront-elles remplacées ?
Comment faciliter la souplesse des parcours entre le lycée professionnel et le lycée général dans le cadre de cette réforme ?