Les discussions sur le protocole avancent à pas très mesurés. On peut même parler de sur place ! La responsabilité en incombe au ministère, incapable d’avancer des propositions détaillées et opérationnelles pour atteindre les objectifs fixés à cette réforme : réduction des sorties sans qualification, élévation du niveau de qualification et promotion de la voie professionnelle.
Les débats sont difficiles à organiser, surtout avec un ministère qui continue de montrer un manque de capacité de synthèse des réflexions déjà menées et qui n’apporte aucune proposition.
Le ministère se contente de présenter un nouveau « modèle » d’organisation dont la colonne vertébrale serait le bac pro en 3 ans. Le parcours en 4 ans deviendrait l’exception et passerait par un CAP dont on sait que les contenus et le niveau sont très éloignés de ceux requis pour le bac pro. Cette inversion de l’organisation actuelle (dans laquelle le bac pro 3 ans est l’exception puisqu’il concerne moins de 5% des entrants) est inacceptable pour le SE-UNSA. D’abord, parce qu’elle nie tout ce qui fait la réussite de la voie professionnelle, à savoir la capitalisation progressive par les élèves de réussites qui leur redonne confiance après un parcours au collège souvent chaotique. Ensuite parce qu’elle fixe une « norme » de réussite, le bac pro en 3 ans, transformant tous les autres parcours en échecs relatifs. Inutile de reproduire les défauts des autres voies avec leurs parcours d’excellence, leurs classes « ghettos » et leurs taux de redoublement très élevés en fin de classe de seconde. Le projet est d’autant plus inacceptable en l’état que le ministère ne s’engage fermement sur aucun dispositif d’aide et d’accompagnement des élèves qui auraient des difficultés à suivre le cursus en 3 ans. Le SE-UNSA maintient ses revendications : l’organisation des contenus de la formation doit permettre des durées variables et le choix entre un parcours en 3 ans ou un parcours en 4 ans doit rester possible.
Nous avons indiqué clairement au ministère que nous n’adhérions pas au modèle proposé. Il ne s’agit pas d’un protocole d’accord, mais bien de discussions. Nous restons fidèles à nos idées, à la possibilité suivant l’avancement des travaux de proposer, de débattre, de s’opposer, voire de quitter le protocole s’il ne devait constituer qu’un prétexte à la mise en place généralisée du bac pro 3 ans, sans modification des conditions d’application.
Nous sommes revenus lors de la deuxième séance sur la nécessité de la prise en compte de la spécificité du public scolaire et le fait que l’enseignement professionnel ne pouvait juste se caler sur le schéma de l’enseignement général et technologique.
Nous avons proposé que les économies réalisées par le passage en bac pro 3 ans soient réinvesties dans l’organisation, la mise en œuvre d’outils spécifiques pour faciliter la réussite de ces lycéens : permettre la flexibilité de la durée de leur scolarité de 3 ou 4 ans, mise en place de modules qui prennent en compte les rythmes et difficultés des élèves, faciliter la démarche d’orientation au collège et développer la présence de conseillers d’orientation en lycée professionnel. Devant l’incapacité du ministère de faire des propositions plus avancées, les organisations présentes sont tombées d’accord pour repousser la suite des discussions de plusieurs semaines, afin que la DGESCO et les CPC mènent des travaux plus approfondis.
La réunion du 4 février est maintenue : on y discutera de « l’enseignant de LP » : conditions d’exercice, perspectives de carrière, formation,…
Une des propositions du ministère consiste à mettre en place une seconde professionnelle portant sur des champs professionnels larges et débouchant sur plusieurs bacs pro. Plusieurs hypothèses sont à l’étude. On avance la possibilité de 6 secondes pro dans le domaine tertiaire et de 22 dans le domaine industriel, en conservant « quelques logiques de filières cylindrées » lorsqu’il est difficile de rattacher les activités professionnelles à un champ large. Cette hypothèse paraît raisonnable, mais déjà certains responsables du ministère expriment des réticences. Selon eux, le nombre de champs serait encore trop élevé. L’équilibre sera difficile à trouver. D’une part, des champs assez ouverts sont intéressants pour permettre à chaque jeune de construire un projet de formation choisi. De l’autre, une professionnalisation dès la première année est nécessaire si l’on veut conserver une réelle dimension d’insertion au BEP. Si on ajoute à l’équation la volonté du ministère de réduire les coûts, la mission des CPC s’avère périlleuse.
La première réunion de suivi académique se déroulera lundi 28 janvier.