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ResponsabilitĂ© en tant qu’agent de l’Etat face au COVID-19
Article publié le mercredi 6 mai 2020.
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Dans le cadre du contexte particulier de la pandémie COVID-19 et du déconfinement progressif, tour d’horizon de la responsabilité des agents.

 

     1. La responsabilitĂ© ordinaire des agents

En tant qu’agent je suis responsable des élèves qui me sont confiés pendant toute la durée du temps scolaire tant au niveau de la surveillance que de la sécurité des personnes et des biens. Je dois donc prendre toutes les mesures garantissant la sécurité des élèves.

Cette responsabilité est bien entendue liée à mon statut. Les règles en matière de surveillance ou de sécurité ne sont pas les mêmes que l’on soit professeur des écoles, professeur en collège ou lycée, professeur lycée en pro, professeur d’EPS, CPE, PsyEN, AED ou AESH.

En effet, si dans le premier degré, le directeur est responsable de l’organisation générale de la surveillance et de son bon déroulement, les enseignants ont l’obligation de surveillance ainsi que la responsabilité de la sécurité durant le temps scolaire (10 min d’accueil et récréations comprises).

Dans le second degré, les modalités et les règles de surveillance des élèves sont fixées par le règlement intérieur, sous la responsabilité du chef d’établissement et du conseil d’administration. Elles peuvent varier en fonction de l’âge des élèves et selon le type d'établissement.

 

     2. Rappel rĂ©glementaire dans le cas oĂą ma responsabilitĂ© est engagĂ©e en tant qu’agent public

Si un élève cause un dommage résultant d’un défaut d’organisation du service engageant ma faute personnelle, ma responsabilité civile sera retenue.

Ma responsabilité pénale est engagée notamment si je commets une faute caractérisée qui exposerait autrui à un risque d’une particulière gravité qui ne pouvait être ignorée ou encore si je viole de façon délibérée une obligation particulière de prudence ou de sécurité.

 

     3. ResponsabilitĂ© et dĂ©confinement

A partir du 11 mai, nous allons être tenus à mettre en œuvre les recommandations sanitaires qui seront arrêtées par le MEN sous la forme d’un « protocole sanitaire ». Si je ne respecte pas ces recommandations, ma responsabilité pourra être engagée.

Dans le cas où il est impossible d’appliquer une ou des mesures prévues dans le protocole sanitaire, plusieurs cas de figure peuvent voir le jour, à savoir :

J’estime que mes élèves sont en danger du fait de l’impossibilité d’appliquer le protocole sanitaire. Que dois-je faire ?

  • J’alerte immĂ©diatement mon supĂ©rieur hiĂ©rarchique (IEN ou chef d’établissement) par le biais d’une fiche du registre santĂ© et sĂ©curitĂ©. Une fiche devra ĂŞtre renseignĂ©e pour chaque problème constatĂ©.
  • Je demande Ă  l’administration et/ou Ă  la collectivitĂ© (locale, dĂ©partementale, rĂ©gionale) de prendre les mesures nĂ©cessaires dans les meilleurs dĂ©lais pour faire cesser cette atteinte Ă  la santĂ© et Ă  la sĂ©curitĂ© de tous les usagers (gants, masques, disposition des locaux, gel, etc).

 

J’estime que mes élèves et moi-même sommes en danger du fait de l’impossibilité d’appliquer ce protocole. Que dois-je faire ?

     Pour protĂ©ger les Ă©lèves:

  • J’alerte immĂ©diatement mon supĂ©rieur hiĂ©rarchique (IEN ou chef d’établissement) par le biais d’une fiche du registre santĂ© et sĂ©curitĂ©. Une fiche devra ĂŞtre renseignĂ©e pour chaque problème constatĂ©.

     Pour me protĂ©ger :

  • J’exerce mon droit d’alerte car j’estime que je me trouve exposĂ© Ă  un danger grave et imminent pour ma vie ou ma santĂ©. Ce droit d’alerte concerne exclusivement ma situation en tant qu’agent ; il n’est pas prĂ©vu pour les Ă©lèves ou les autres collègues. C’est un prĂ©alable obligatoire au droit de retrait.

​     Pour l’exercer :

  • J’alerte immĂ©diatement mon supĂ©rieur hiĂ©rarchique (IEN ou chef d’établissement) par un signalement verbal.
  • Je signale immĂ©diatement la nature du problème rencontrĂ©, en veillant notamment Ă  indiquer son jour et son heure et Ă  renseigner toutes les autres rubriques prĂ©vues dans le registre spĂ©cial de danger grave et imminent. Celui-ci est tenu Ă  disposition par le directeur d’école ou le chef d’établissement. Si ce registre spĂ©cial n’existe pas au sein de l’établissement, une fiche du registre santĂ© et sĂ©curitĂ© pourra ĂŞtre renseignĂ©e. J’envoie cette fiche dans les plus brefs dĂ©lais.
  • Je saisis un reprĂ©sentant du personnel Ă©lu au CHSCT de mon dĂ©partement/acadĂ©mie. Ce dernier pourra alors lancer une alerte.

 

MalgrĂ© cette procĂ©dure d’alerte, si aucune mesure rectificative n’a Ă©tĂ© mise en place, puis-je exercer mon droit de retrait ?

Si ma situation de travail continue à présenter un danger grave ou imminent caractérisé et non potentiel pour ma vie ou ma santé, je pourrai exercer mon droit de retrait tant que les mesures de protection me concernant n’ont pas été prises et suivies1.

Ce droit est individuel et non collectif. Ce retrait ne doit toutefois pas entraîner une nouvelle situation de danger grave et imminent pour d'autres personnes et particulièrement les élèves. En cas de recours abusif, l’agent peut faire l’objet de sanctions disciplinaires. Préalablement le supérieur hiérarchique doit avoir mis en demeure l’agent de reprendre son activité.

Comment exercer mon droit de retrait ?

  • Je dois prouver que j’ai alertĂ© mon administration au prĂ©alable
  • Je dois vĂ©rifier que l’exercice de mon droit de retrait ne mettra pas d’autres personnes en pĂ©ril
  • J’alerte ma hiĂ©rarchie (IEN/Dasen ou Chef d’établissement/Recteur)

NB : il n’est pas obligatoire mais vivement conseillé de prévenir un membre du CHSCT car ce dernier devra en aviser immédiatement l’autorité administrative

  • Je formalise mon signalement par le biais d’un registre spĂ©cial cotĂ© en le datant, le signant et y prĂ©cisant la nature du danger.

 

L’autorité administrative doit alors procéder immédiatement à une enquête.

Si le signalement émane d’un membre du CHSCT, il doit être associé à l’enquête.

L’administration doit de son côté prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation.

 

Bon Ă  savoir

Selon l’article 5-6 (dĂ©cret n°82-453 du 28 mai 1982) : « l’autoritĂ© administrative ne peut demander Ă  l’agent qui a fait usage de son droit de retrait de reprendre son activitĂ© dans une situation de travail oĂą persiste un danger grave et imminent rĂ©sultant notamment d’une dĂ©fectuositĂ© du système de protection ». « Aucune sanction, aucune retenue de salaire ne peut ĂŞtre prise Ă  l’encontre d’un agent ou d’un groupe d’agents qui se sont retirĂ©s d’une situation de travail dont ils avaient un motif raisonnable de penser qu’elle prĂ©sentait un danger grave et imminent pour la vie ou la santĂ© de chacun d’eux ».

« A dĂ©faut d’accord entre l’autoritĂ© administrative et le comitĂ© d’hygiène, de sĂ©curitĂ© et des conditions de travail sur les mesures Ă  prendre et leurs conditions d’exĂ©cution, l’inspecteur du travail est obligatoirement saisi » (article 5-7 du dĂ©cret n°82-453 du 28 mai 1982).

 

1L’imminence du danger suppose qu’il ne se soit pas encore réalisé mais qu’il soit susceptible de se concrétiser dans un bref délai. Il convient de souligner que cette notion n’exclut pas celle de « risque à effet différé ».

 
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