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Programmes seconde : l’exploration, un concept mort-nĂ© ?
Article publié le samedi 13 février 2010.
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Un projet porteur…
 
A raison d’une heure trente (soit 54 heures sur l’année), les enseignements d’exploration ont pour objectif principal de faire découvrir aux élèves « des enseignements caractéristiques des séries qu’ils seront amenés à choisir à l’issue de la classe de seconde générale et technologique, ainsi que les études supérieures auxquelles ces séries peuvent conduire ».

Pour le SE-UNSA, en cohérence avec ces finalités, les programmes d’exploration de la future classe de seconde doivent s’inscrire en rupture avec la logique disciplinaire habituelle. Rappelons qu’ils se substituent aux enseignements de détermination qui, dans une logique de pré requis et à raison de 3 heures par semaine, déterminaient en fait largement le parcours ultérieur des élèves alors même qu’ils étaient censés élargir leurs horizons… Fondés sur des démarches pédagogiques actives, soucieux d’élargir les horizons intellectuels et de diversifier les représentations des élèves, ces nouveaux programmes doivent se garder de tomber dans le piège de contenus démesurés.

Les projets de programme mis en consultation depuis le mercredi 27 janvier répondent-ils à ces objectifs ? Le moins que l’on puisse dire est que la situation est très contrastée, le pire (SES) côtoyant le meilleur (Littérature et société).
 

… incarné dans le programme « littérature et société »
 
Les auteurs du programme « Littérature et société », destiné à être pris en charge par les enseignants de français et d’histoire et géographie, ont parfaitement saisi l’opportunité représentée par un enseignement susceptible de donner à voir tout « l’intérêt, l’utilité sociale et la diversité des débouchés » de la voie littéraire. Aussi préconisent-t-ils le recours aux approches interdisciplinaires, la mise en activité des élèves afin de favoriser « l’acquisition de certaines compétences propres aux études littéraires ». L’investissement des enseignants dans cet enseignement devrait de plus être favorisé par la diversité des domaines d’exploration proposés (6 au total), parmi lesquels seuls deux ou trois sont à choisir. Bref, il s’agit là d’une approche qui se veut effectivement en rupture avec les formes les plus traditionnelles de l’enseignement en classe de seconde, et qui se garde de s’enfermer dans une structure trop rigide et des objectifs notionnels trop nombreux. Cette mesure dans les objectifs associée au choix des situations de travail et à des approches pédagogiques dynamiques se retrouvent dans les enseignements « Méthodes et pratiques scientifiques », « Sciences de l’Ingénieur », « Création et innovation technologique » et « Création et activités artistiques ».
 

… mais nié dans le programme de « SES »
 
On est à mille lieux des programmes de SES qui n’ont d’exploration que le nom. Sans rentrer dans les débats épistémologiques qui agitent de longue date le monde des SES, le SE-UNSA déplore la lourdeur des ces programmes, qui prétendent faire assimiler par les élèves de très nombreuses et parfois complexes notions économiques (souvent) et sociologiques (parfois). Très ambitieux sur le plan académique, ces programmes le sont beaucoup moins au plan des approches pédagogiques. Ainsi, ce n’est que « dans la mesure du possible » que les enseignants de SES sont invités à « s’efforcer de mettre les élèves en situation d’activité intellectuelle »... Si on ajoute à cela un déséquilibre flagrant en faveur de l’économie et au détriment de la sociologie, des commentaires des points de programme faisant implicitement et exclusivement référence à un enseignement de type magistral, on aura mesuré l’ampleur des dégâts.
 
 
Plus qu’une occasion ratée, il s’agit donc d’un contre sens total quant à la nature même des enseignements d’exploration. Mais doit-on s’en étonner ? Tout se passe comme si, à l’ « insu de leur plein gré », les rédacteurs du programme étaient partis du principe que cet enseignement faisait partie du tronc commun des disciplines de seconde. Mais le ministre de l’Education n’a-t-il pas lui-même contribué à entretenir l’ambiguïté en donnant un statut d’exception aux SES et aux « Principes fondamentaux de l’économie et de la gestion », entre lesquels tout élève doit choisir au moins l’un de ses deux enseignements d’exploration ? Le concept même d’une exploration « impérative » a en effet de quoi interroger. Sans surprise, elle ancre les deux programmes en question dans une approche plus notionnelle, où il est question d’ « apporter aux élèves des repères notionnels et des outils d’analyse leur permettant de développer une réflexion structurée sur quelques grandes questions économiques » (éco gestion), de « donner les éléments de base d’une culture économique et sociologique », de « faire acquérir aux élèves quelques notions et raisonnements essentiels en économie et en sociologie dans la perspective d’une poursuite d’études en sciences économiques et sociales en classe de première et de terminale » (SES)…
 

Il n’est pas trop tard…
 
Il n’est cependant pas trop tard pour redresser la situation et réécrire les programmes de SES (et dans une moindre mesure ceux de « Principes fondamentaux de l’économie et de la gestion ») dans un sens conforme à la réforme de la classe de seconde et à l’esprit des enseignements d’exploration. Pour le SE-UNSA, ces projets devront faire la part belle à la découverte, à la curiosité, et à la mise en activité des élèves sans que des objectifs d’acquisition de notions trop nombreuses et trop complexes ne viennent percuter frontalement le positionnement original de ces nouveaux enseignements.
 
Un contre sens total

 

 
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