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Rencontre avec le Ministre de l’Éducation nationale
Article publié le samedi 3 septembre 2022.
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À l'occasion de l'inauguration de l'école Sadako Sasaki à Petit Quevilly, Marie-Laure Tirelle pour le SE-Unsa 76 et Arnaud Lebret pour l'UNSA Éducation 76 sont allés à la rencontre du Ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye.

Ils ont porté à la connaissance du Ministre les inquiétudes actuelles des métiers de l'éducation et les espoirs pour l'avenir de notre Institution. Ils ont été reçus par Anne Rubinstein, cheffe de cabinet. Voici leur déclaration :

Monsieur le Ministre,

L’UNSA Éducation 76 souhaite attirer votre attention sur trois points qui nous semblent importants dans le but d’améliorer le service public d’Éducation.

Le premier point concerne la question des ressources humaines. Le problème de recrutement dont on entend parler depuis plusieurs semaines ne concerne pas uniquement les enseignants. En effet, des chefs d’établissement, des personnels administratifs et médico-sociaux – dont les médecins scolaires sont un bel exemple, et même le directeur académique manquent à l’appel dans notre département. Cela a des répercussions sur chacun, entrainant à dépasser le cadre des missions habituelles pour les personnels en poste et engendrant une surcharge de travail. Ajoutez à cela un manque de reconnaissance et de considération, et vous obtenez de l’épuisement professionnel et ce, à tous les étages de notre Institution.

Suite à la réforme de la formation initiale, l’affectation des stagiaires à cette rentrée est catastrophique. Avec des quotités de service non connues à l’avance sur les berceaux, l’ensemble de la communauté éducative est mise en défaut. Des tensions existent désormais entre les stagiaires et les titulaires à cause de l’opacité des opérations de mobilité. Les organisations syndicales ne sont plus consultées depuis la loi de transformation de la Fonction Publique. Nous avons pourtant des compétences et des connaissances à apporter. Aujourd’hui, dans le contexte que nous connaissons, cela laisse libre court à l’imagination des collègues quant à l’équité de traitement entre eux. Le sentiment de méfiance voire de défiance envers l’administration se renforce.

Nous souhaitons maintenant axer notre propos sur un autre point : l’École inclusive, liée à celle de la mixité sociale dont vous vous faites l’écho depuis quelques jours. Ce sujet nous est cher depuis plusieurs années à l’UNSA Éducation. D’ailleurs, nous recevons Monsieur Jean-Paul Delahaye et Madame la Ministre Najat Vallaud Belkacem pour une conférence, le 10 novembre au Havre, où vous êtes cordialement invité.
Depuis les lois de 2005, 2013 et 2019, l’Éducation nationale accueille de plus en plus d’élèves en situation de handicap. La réponse donnée pour accompagner ces élèves est le plus souvent humaine à travers les AESH. Ce métier mérite d’ailleurs davantage de considération : de véritables statuts, une formation de qualité ainsi qu’une rémunération décente. Mais nous voulons rappeler que la scolarisation inclusive est conditionnée à de nombreux autres facteurs. Comment proposer à un élève à besoins éducatifs particuliers une réponse qualitative quand :

- il manque des infirmières, des assistant·e·s sociaux, des PsyEN… ;

- il manque des places en SESSAD ou en ESMS ;

- il manque des professionnels paramédicaux et médicaux dans les CMPP ;

- il manque des professionnels libéraux ;

- il manque des enseignants spécialisés ;

- les MDPH sont débordées par les dossiers de demandes et peinent à évaluer les situations ;

- les enseignants référents ont chacun plus de trois cents dossiers à suivre ;

- les personnels ne peuvent se former faute de remplaçants ?

Nous pouvons continuer la liste encore longtemps, mais arrêtons là pour ce point.

Enfin, d’autres sujets nous interpellent.

Celui de la direction d’école n’est pas évoqué dans vos prises de paroles médiatiques, alors même que la loi Rilhac est votée depuis plusieurs mois. La profession est dans l’attente des décrets et arrêtés d’application. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Le deuxième concerne la voie professionnelle dont la réforme annoncée risque à nouveau de déstabiliser l’ensemble des lycées professionnels et établissements de formation.

Enfin, nous souhaitons attirer votre attention sur l’annonce de la revalorisation soumise à des conditions de missions supplémentaires ou de projets. Il nous semble que cela risque également de créer des tensions entre les personnels. Il existe déjà des iniquités au sein même du corps enseignant (obligations règlementaires de service, primes, heures supplémentaires, etc.). Cette proposition ne va-t-elle pas cristalliser ces iniquités ? Dans la même veine, l’annonce des 2 000€ en début de carrière est une bonne chose. Mais que proposez-vous pour les collègues qui parviennent à peine à ces salaires aujourd’hui avec déjà 15 ans d’ancienneté ?
Dans notre département, à cette rentrée, il manque 14 conseillers pédagogiques pour 78 supports. Ce poste illustre l’ensemble des problèmes soulevés : leurs nouvelles missions se multiplient depuis quelques années sans compensation salariale. Leur statut actuel ne leur permet pas de cumuler certaines primes que d’autres personnels touchent pour les mêmes missions. Quand le dossier des conseillers pédagogiques va-t-il enfin être rouvert ?

Ne faut-il pas, au final, repenser globalement le système de recrutement, de formation, de rémunération et d’exercice des métiers de l’Éducation nationale ? Cette restructuration doit envisager en amont les répercussions et effets concrets de chaque nouveauté sur le terrain, avec les personnels concernés, pour que nos missions de service public soient remplies avec succès.

Pour conclure sur une note optimiste, Sadako Sasaki a voulu passer un message à travers le pliage de grues, symboles de paix et d’espoir dans un contexte apocalyptique. Aujourd’hui, nous vous avons apporté une grue. L’UNSA Éducation 76 veut rester optimiste : symboliquement, voici un peu de notre espoir. Monsieur le Ministre, donnez-nous du concret !

Nous vous remercions, monsieur le Ministre, de nous avoir écoutés.

Arnaud Lebret, secrétaire général de l'UNSA Éducation 76
Marie-Laure Tirelle, co-secrétaire départementale du SE-Unsa 76

 


 
 
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