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Tardives et infantilisantes, les recommandations du Conseil scientifique de l’Éducation nationale
Article publié le mercredi 20 mai 2020.
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Le Conseil scientifique de l’Éducation nationale (CSEN) a publiĂ© le 5 mai un dossier documentaire afin de proposer aux enseignants des Â« Recommandations pĂ©dagogiques pour accompagner le confinement et sa sortie. Â».

 
Divisé en 5 chapitres, dont le premier doit permettre aux enseignants d’aider les élèves à comprendre et prévenir l’épidémie, on comprend rapidement que ce travail élaboré sous la présidence de Stanislas Dehaene va rester dans l’histoire de l’Éducation comme un texte majeur. Ou pas.
 
Comme on pouvait s’y attendre, donnĂ©es probantes et enseignement explicite sont les deux mamelles des conseils pĂ©dagogiques donnĂ©s aux collègues. On y apprend qu’il est primordial de choisir les pratiques pĂ©dagogiques favorisant l’apprentissage en autonomie. Un Â« enseignement explicite Â» et un Â« comportement implicite Â» , Â« un ton calme et rassurant Â» sont en effet les meilleurs moyens pour que les Ă©lèves dĂ©veloppent un sentiment de confiance et s’éloignent des fake-news. Incroyable ! Ă€ quelques jours de la rĂ©ouverture des Ă©coles, ce conseil indispensable aura au moins le mĂ©rite de faire sourire.
 
On dĂ©couvre Ă©galement dans ce texte que la Â« nature exceptionnelle de la situation justifie peut-ĂŞtre de prendre plus de libertĂ©s Â» dans l’interprĂ©tation des programmes. Propos justifiĂ©s par un article d’Esther Duflo sur la « tyrannie des programmes Â». 
Car il faut préciser que ce dossier s’appuie sur de copieuses notes de bas de page, principalement consacrées à des articles de revues scientifiques en anglais ou à des publications antérieures des membres du CSEN. On y retrouve notamment, cité plusieurs, fois Paul Kirschner, chantre de l’enseignement explicite, considéré comme comme le seul efficace à l’exclusion de tous les autres dont le psychologue américain n’hésite jamais à faire d’amusantes caricatures.
 
Concernant le numĂ©rique, Â« Le CSEN rappelle que la crainte des Ă©crans, qui Ă©tait très rĂ©pandue avant la pĂ©riode de confinement, reposait sur une confusion. Ce n’est pas l’outil “écran” qui est problĂ©matique, mais son caractère bĂ©nĂ©fique ou problĂ©matique dĂ©pend intĂ©gralement du contenu pĂ©dagogique et de l’usage qui en est fait (notamment dans la durĂ©e) Â». Les chantres de la diabolisation des usages pĂ©dagogiques du numĂ©rique en seront donc pour leurs frais, du moins on l’espère. Mais rien n’est moins sĂ»r.
 
Concernant la seule chose qui pourrait avoir de l’intĂ©rĂŞt dans ce dossier, le dĂ©confinement, le dernier chapitre nous appelle Ă  prĂ©parer “le jour d’après”, qui passera, comme on peut s’y attendre de la part du CSEN par une Â« Ă©valuation rigoureuse Â» pour rechercher des pistes d’amĂ©lioration. De quoi ? En premier lieu, il faudra remettre un peu d’ordre dans la maison, au vu du Â« bouillonnement de crĂ©ativitĂ© numĂ©rique Â» des acteurs de la Ed-Tech. 
Des trésors d’inventivité et de débrouillardise des enseignants pour s’adapter en quelques jours à l’enseignement à distance, il n’est jamais question. Par contre, cela permet de promouvoir les futures assises du numérique éducatif de novembre 2020.
 
On l’aura compris ce document n’a aucun intĂ©rĂŞt pour les Ă©quipes mobilisĂ©es depuis deux mois. Il est surtout un outil de communication et d’auto-justification du CSEN, dont le nom est mentionnĂ© autant de fois que le mot « enseignant Â». 
 
Le dossier en ligne :

 

 
 
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