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Le lien entre le prĂ©sident et la laĂŻcitĂ© s’est abĂ®mĂ© : il lui incombe de le rĂ©parer
Article publié le mercredi 11 avril 2018.
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Initialement prévu le 9 décembre, le discours du président de la République sur la laïcité n’en finit plus de se faire attendre. À la place, Emmanuel Macron s’est exprimé le 9 avril 2018 devant la conférence des évêques de France. Par delà l’opération de séduction, son propos comporte des éléments ambigus et inquiétants pour la laïcité.


Des frontières à affermir

Le prĂ©sident s’est adressĂ© Ă  Mgr Pontier en lui disant : « Nous partageons confusĂ©ment le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abĂ®mĂ©, et qu’il nous importe Ă  vous comme Ă  moi de le rĂ©parer Â».
Pour le SE-Unsa, cette affirmation est inacceptable. 
La frontière entre l’État et l’Église a Ă©tĂ© fixĂ©e avec la loi de 1905, dite « de sĂ©paration des Églises et de l’État ». Pour autant, cette sĂ©paration n’est pas, comme l’a soulignĂ© le prĂ©sident, une « mĂ©connaissance Â». Des relations ont toujours existĂ© entre les autoritĂ©s rĂ©publicaines et les reprĂ©sentants des cultes.
En Ă©voquant cette « mĂ©connaissance Â» le prĂ©sident vise en creux l’article 2 de la loi de 1905 disant que « l’État ne reconnaĂ®t aucun culte Â». Cependant, il ne s’agissait pas pour le lĂ©gislateur de mal connaĂ®tre ou d’ignorer les cultes, mais de supprimer la notion de « culte reconnu » prĂ©sente dans le concordat napolĂ©onien, qui leur offrait une place institutionnelle ainsi que des financements publics. Alors quel lien a pu ĂŞtre abĂ®mĂ© ? Quelle serait la nature de ces rĂ©parations ?
Le président doit s’expliquer.

La République ne connaît que des citoyens

En appelant les catholiques à s’engager en politique, le président sort de son rôle. Il doit seulement s’adresser au citoyen, caractère premier de chaque personne au sein de la République. La croyance constitue un caractère secondaire, comme le genre, la couleur de peau, les opinions politiques, l’orientation sexuelle... Parler aux catholiques comme à un bloc homogène revient en outre à leur demander de s’engager en tant que communauté, ce qui n’existe pas en France au regard de la constitution. En ne reconnaissant aucun culte, la loi de 1905 signifie que l’État ne reconnaît que des citoyens. Pas des communautés.

Pour la liberté de conscience

En se prĂ©sentant comme « garant de la libertĂ© de croire ou de ne pas croire Â», le prĂ©sident exprime une vision rĂ©ductrice de la laĂŻcitĂ©, oĂą sont omises les possibilitĂ©s de changer de croyance ou d’y renoncer.
Pour le SE-Unsa, le président aurait dû se placer en garant de la liberté de conscience, comme le prévoit l’article 1 de la loi de 1905.
Mais ce n’est pas si simple devant une assemblĂ©e d’évĂŞques, porteurs du message de Vatican 2, qui prĂ©cise dans sa constitution pastorale (gaudium et spes) que la conscience humaine n’est pas libre : « Au fond de sa conscience, l’homme dĂ©couvre la prĂ©sence d’une loi qu’il ne s’est pas donnĂ©e lui-mĂŞme, mais Ă  laquelle il est tenu d’obĂ©ir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun rĂ©sonne dans l’intimitĂ© de son cĹ“ur : « Fais ceci, Ă©vite cela ». Car c’est une loi inscrite par Dieu au cĹ“ur de l’homme ; sa dignitĂ© est de lui obĂ©ir, et c’est elle qui le jugera Â».
Au SE-Unsa, nous pensons que chaque humain doit bénéficier d’une éducation permettant de résister aux emprises morales pour qu’aucune loi ne puisse s’imposer à sa conscience.

Pour l’égalité de dignité et de droits

Enfin, un passage surrĂ©aliste du discours retient l’attention : « chaque jour, des associations catholiques et des prĂŞtres, accompagnent des familles monoparentales, des familles divorcĂ©es, des familles homosexuelles, des familles recourant Ă  l’avortement [...] ; l’Église accompagne inlassablement ces situations dĂ©licates et tente de concilier les principes et le rĂ©el Â».
Sans préjuger de la réalité de cette affirmation, l’opinion publique a surtout retenu l’opposition de l’Église au divorce, à l’acceptation de l’homosexualité, à l’IVG et au mariage pour tous.

Pour le SE-Unsa, la laĂŻcitĂ© est le socle de la RĂ©publique. 
Elle signifie :

  • le respect de la libertĂ© absolue de conscience (libertĂ© de croire, de ne pas croire, de renoncer ou changer de religion) et la libertĂ© de culte dans l’espace privĂ© comme dans l’espace public ;
  • la neutralitĂ© de l’État et donc des agents du Service public ;
  • l’indĂ©pendance de la RĂ©publique Ă  l’égard des religions.

Notre constitution assure « l’égalitĂ© devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion Â».
Pour le SE-Unsa, cette égalité des citoyens (et non des communautés) garantit la diversité des pensées et des cultures.

Les principes d’organisation de la société relèvent d’un équilibre fragile, si l’on ne veut pas qu’elle soit réduite à une collection de communautés qui se côtoient sans se connaître.
Le président doit être le garant des frontières entre les Églises et l’État, sans confusions ni ambiguïtés.
Notre pays n’a pas besoin que ses principes fondateurs soient affaiblis.

Le SE-Unsa est un syndicat laïque. Être un syndicat laïque, c’est œuvrer pour développer l’esprit critique et favoriser l’émancipation, pour s’extraire de sa condition, lutter contre les déterminismes religieux, scolaire et sociaux liés au hasard de la naissance en poursuivant des valeurs humanistes universelles.
C’est à cette condition que nous bâtirons la société de demain solidaire et fraternelle.

 
 
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