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Education : la triple peine pour les jeunes des quartiers populaires
Article publié le jeudi 3 mai 2012.
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Par Thibault Renaudin, Christian Chevalier, Thierry Cadart,

Dans son Ă©dition du 14 mars dernier, Le Monde  publiait un rapport provisoire de la Cour des Comptes sur la rĂ©partition des moyens au sein de l'Ă©cole de la RĂ©publique. Par-delĂ  le brouillard entretenu sur les clĂ©s de rĂ©partition utilisĂ©es par le ministère de l'Ă©ducation nationale, ce prĂ©-rapport pointe pour la première fois les inĂ©galitĂ©s de traitement entre les territoires. Ainsi peut-on constater qu'en 2010 l'État a investit 47% de plus pour un Ă©lève Parisien que pour un Ă©lève de banlieue.

Certes la seule course aux postes ne peut suffire à régler les difficultés endémiques de notre système éducatif, mais l'absence de moyens le lézarde toujours plus. Après cinq années budgétaires de régime sec et en pleine présidentielle, ce pré-rapport tombe à pic.

Le constat est accablant. Les jeunes des quartiers populaires subissent une triple peine, : un échec scolaire important, un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne et s'y ajoute désormais cette inégalité de traitement des territoires consistant à donner plus à ceux qui ont déjà beaucoup et à doter chichement ceux qui nécessiteraient un intérêt accru et permanent.

Quel crédit donner alors aux politiques publiques de la ville conduites depuis des décennies, si les investissements engagés ne trouvent pas leurs pendants dans l'Education Nationale ? Comment permettre à ces élèves de milieux populaires, cumulant souvent les difficultés, d'accéder aux connaissances, aux compétences, bref à ce bagages indispensable à leur insertion citoyenne et professionnelle ? Comment donner un sens à l'ambition d'un socle commun de connaissances et de compétences pour tous les élèves si on ne s'attaque pas frontalement aux inégalités scolaires ?

Non, ces différences ne sont pas essentiellement dues à la présence de professeurs agrégés dans quelques académies privilégiées ! Le vrai coupable c'est l'absence de pilotage national pointé à juste titre par la cour des comptes , donc l'absence de politique volontariste de la part des ministres successifs. Donner consistance à "l'égalité des chances" pour aller vers une obligation de résultats serait-il exercice si périlleux que l'on préfère se satisfaire du statuquo ? Quels sont donc les intérêts que l'on refuse ainsi de remettre en cause ? Sinon pourquoi procéder pour se donner bonne conscience, par colmatages successifs, par exemple en exfiltrant de leur banlieue quelques "enfants pauvres" vers de couteux internats d'excellence, couche supplémentaire d'un millefeuille élitiste qui fonctionne par tamis successifs ?

Cette école là ne cesse de s'éloigner de ce que doit être l'École de la République : celle de la réussite de chacun. Nous sommes aujourd'hui encore très loin du compte. Pire, les récentes enquêtes internationales soulignent que les écarts scolaires se creusent selon l'origine sociale des élèves. Il est temps de remettre de la justice, de l'équité et du sens dans l'organisation de notre École. Il est de temps de refonder l'éducation prioritaire.

Le prochain gouvernement et le prochain ministre devront prendre cette question à bras le corps. Se contenter d'un ripolinage supplémentaire serait irresponsable. Au-delà des pratiques pédagogiques, du travail en équipe, de la question des rythmes, des programmes ou encore de l'orientation, au delà même de la question de l'enveloppe budgétaire globale affectée à l'École publique, la question de la juste répartition territoriale des moyens est posée. Une autre articulation en faveur de nos quartiers populaires, qui concentrent les difficultés, est une impérieuse nécessité.

Il est temps d'en finir avec cette conception d'une École qui serait un fardeau pour la Nation. Si l'Éducation est un droit universel, elle relève alors d'une politique d'investissements programmés. Une politique volontariste et transparente partagée par les différents acteurs que sont les personnels, les parents, les collectivités territoriales ou encore le monde associatif.

Thibault Renaudin, secrétaire national de l'AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) ;
Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa ;
Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT

Thibault Renaudin, Christian Chevalier, Thierry Cadart,

 
 
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