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SE-UNSA 62


 Par SE-UNSA 62
 Le  lundi 24 juin 2024

Reportage : Enseigner en ULIS École

 

Elodie est coordonnatrice d’une Ulis-Ecole, elle nous présente son parcours, ses missions et son quotidien de PE spécialisée.

SE-Unsa : Quel est ton parcours, quelle est ta formation pour enseigner en Ulis-Ecole ?

J’ai tout d’abord passé le CRPE en 2009, après une licence de maths. J’ai ensuite beaucoup bougé dans le département en tant que remplaçante (4 ans dans le bassin minier, puis 4 ans dans le calaisis). Cela m’a permis de découvrir tous les niveaux de la maternelle au CM2, en passant par l’enseignement spécialisé, mais aussi le milieu rural, la REP+. Cela a été très riche et formateur, mais au bout de ces huit années, j’avais besoin de m’installer de manière fixe dans une école, pour m’investir pleinement. Comme mes derniers remplacements se sont effectués pour la plupart dans l’enseignement spécialisé (ULIS et SEGPA), je me suis assez naturellement tournée vers le CAPPEI. J’ai obtenu un poste à Marquise et j’ai donc pu partir en formation. Après validation du CAPPEI, j’ai obtenu ce poste à titre définitif, et j’y suis toujours depuis 6 ans.

SE-Unsa : Comment fonctionne l’Ulis-Ecole ? Quelle est ta place dans l’équipe pédagogique ?

Contrairement à beaucoup d’idées reçues, l’ULIS-école n’est pas une classe mais un dispositif d’appui à la scolarisation des élèves en situation de handicap. Il existe différents types d’ULIS, en fonction des troubles des élèves. Mon dispositif est une ULIS-TFC, pour des élèves qui présentent des troubles des fonctions cognitives. Concrètement, j’accueille 12 élèves, qui font avant tout partie des classes ordinaires de l’école, du CP au CM2. Je rédige pour chacun d’eux un emploi du temps personnalisé en fonction de ses besoins. L’élève a donc des temps où il est présent dans sa classe, car il peut y suivre les apprentissages (sans ou avec des adaptations que nous préparons avec les collègues), et des temps de regroupement dans le dispositif, dans les domaines où le décalage avec la classe est trop important. Ces moments en ULIS leur permettent de revoir, avec des méthodes et des supports variés et adaptés, les bases du français et des maths. Une part parfois importante de l’emploi du temps est aussi réservée aux prises en charge (orthophonie, ergothérapie, psychomotricité, SESSAD, CMP…). J’ai donc une triple casquette : j’enseigne essentiellement le français et les maths pendant les temps de regroupement dans mon dispositif, je pratique la co-intervention dans les classes des élèves du dispositif, et je fais le lien entre les différents partenaires qui interviennent auprès des élèves. Cela représente une part importante de mon travail, car il faut énormément communiquer.

J’ai également un rôle de personne ressource au sein de l’équipe pédagogique : j’essaye d’apporter des réponses pédagogiques à des besoins éducatifs particuliers d’élèves qui ne font pas forcément partie du dispositif ULIS, je propose parfois des actions de sensibilisation ou d’information sur des thèmes précis, en fonction des besoins des collègues, mais avant tout, par ma pratique quotidienne, j’ai à cœur de diffuser les enjeux éthiques de l’Ecole inclusive.

 

SE-Unsa : Quelles sont les évolutions que tu constates sur ton poste ?

Depuis mon arrivée sur le dispositif, deux points importants m’ont frappée. Le premier, c’est que même si chaque ULIS a une spécificité (TFC comme la mienne, TSL pour les troubles spécifiques du langage…), cela n’est pas toujours respecté. Il m’arrive par exemple très souvent d’accueillir des élèves porteurs de troubles du langage, et il faut donc savoir s’adapter, aimer chercher, aimer se former, et bien souvent, les partenaires (SESSAD, orthophonistes…) sont d’une grande aide dans ces cas-là.

Le second point concerne l’augmentation importante des élèves au comportement troublé dans les écoles de manière générale. Je constate que lorsque les équipes ne parviennent plus à accueillir ces élèves tout en assurant un cadre de travail serein pour les autres élèves, il arrive de plus en plus souvent que l’on demande au coordonnateur ULIS d’accueillir ces élèves. Le dispositif devient alors une espèce de soupape de décompression. Mais ce n’est pas toujours évident de gérer cela en parallèle de l’accueil habituel des élèves du dispositif, sans les délaisser. Au-delà de la fatigue engendrée, cela est également très chronophage car il faut sans cesse faire le point avec les différents partenaires sur l’évolution de ces élèves au comportement troublé.

 

SE-Unsa : Quelles qualités faut-il pour enseigner en Ulis-Ecole ?

Pour être coordonnateur d’une ULIS-école, je pense qu’il faut avant tout avoir de bonnes capacités d’organisation pour pouvoir gérer les différents emplois du temps. Tout au long de la journée, les élèves font des allers retours entre leur classe et la salle ULIS, donc je ne travaille jamais avec les mêmes élèves au même moment. Il faut aussi savoir faire preuve de beaucoup d’adaptabilité et de souplesse, surtout vis-à-vis des collègues, et aimer le travail d’équipe. Cela prend parfois du temps mais c’est la clé pour accompagner au mieux les élèves. Il est aussi important de bien connaître les programmes des cycles 1, 2 et 3 car les apprentissages menés dans le dispositif concernent les 3 cycles. Enfin, je dirais qu’il faut aimer échanger, car une bonne communication avec tous les partenaires est primordiale pour un bon fonctionnement du dispositif.

Salle ULIS École

Centre informatique et écoute

Nous remercions Elodie pour le partage de son expérience et de son travail.