« Choc des savoirs » : un leurre au parfum de nostalgie

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Le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse vient d’adresser un courrier aux personnels dans lequel il annonce des mesures pour l’École à la suite des conclusions de la mission « Exigence des savoirs » qu’il avait diligentée il y a seulement 8 semaines. Les choix de Gabriel Attal s’appuient également sur les résultats de l’enquête PISA 2022 et des évaluations nationales, instrumentalisés une fois de plus, pour justifier une politique éducative écrite d’avance. Au-delà de la baisse généralisée à tous les pays, les résultats montrent surtout de lourdes différences selon le milieu social. Pour le SE-Unsa, avec cette erreur de diagnostic préalable, le ministre ne prend pas la bonne direction pour améliorer le niveau général des élèves.
 
Toutes les mesures sont basées sur la sanction d’un parcours (redoublement/passage dans la classe supérieure conditionné, aménagements horaires) sans que rien d’efficient ne soit proposé pour prévenir la difficulté et soutenir les élèves les plus fragiles. Considérer que les groupes de niveau ou des cours supplémentaires seront la solution, alors qu’ils vont à rebours de la recherche scientifique qui a déjà démontré leur inefficacité, c’est duper les élèves et leurs familles. C’est aussi mettre à mal le travail sur l’estime de soi des élèves, pourtant essentiel à la réussite scolaire.
 
Le ministre décide également de s’attaquer à la liberté pédagogique des enseignants avec des manuels labellisés et imposés qui ne manqueront pas d’uniformiser l’enseignement là où le choix des méthodes pédagogiques, dans la diversité, permet d’adapter les démarches à chacun des élèves pour les faire réussir.
 
Le SE-Unsa dénonce des mesures trompeuses aussi bien sur les constats qui les motivent que sur les promesses qui se veulent séduisantes. Pour réellement lutter contre l’échec scolaire et améliorer le niveau des élèves, il est urgent de cesser de nous mentir. Regretter une École révolue évite sans doute de reconnaître le vrai malaise de l’École aujourd’hui, à savoir le manque cruel de mixité sociale.
 
M. le Ministre, ce leurre est dangereux. Vos annonces pour un « choc des savoirs » renforcent davantage le tri, la sélection et la ségrégation que le niveau des élèves. Cela ne fera qu’aggraver le dualisme scolaire et les clivages dans la société tout entière. 
 
 
Paris, le 5 décembre 2023
 
Élisabeth Allain-Moreno
Secrétaire générale du SE-Unsa
 
 
Attachée de presse
Brigitte Biardoux
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