Analyses et décryptages

Conseil d’Évaluation de l’Ecole : point d’étape en comité consultatif

Le Conseil d’Évaluation de l’Ecole (CEE) créé par la loi pour une école de la confiance, est en place depuis 2019. Il a lancé les évaluations des EPLE et écoles et en dresse un bilan d’étape lors de la première cession de son comité consultatif. Vision idéale contre réalités de terrain !

Nécessaire évaluation
Il est indéniable que toute action mérite évaluation pour s’assurer de son efficacité. Cela s’applique aussi au système éducatif, qui dispose depuis longtemps d’un service d’évaluations et statistiques (DEPP), d’une inspection générale (qui multiplie les rapports d’évaluation et préconisations) et de corps d’inspections qui évaluent les professeurs. Il manquait vraisemblablement d’une évaluation collective réalisée par les acteurs et actrices des établissements et écoles, en auto-diagnostic suivie d’une sorte de mission d’audit, et d’un rapport croisé des constats et objectifs d’amélioration. Certes, les projets d’écoles et établissements ne sont pas nouveaux et ressemblent beaucoup à ces nouveaux dispositifs issus des évaluations, mais la culture professionnelle autour de ces projets n’est pas homogène, et des derniers sont plus ou moins formels ou actifs.
Le CEE a donc produit une démarche d’évaluation des EPLE et écoles très documentée et exhaustive qui se met en place progressivement avec un objectif de 20% des structures évaluées tous les ans pour un objectif d’une évaluation tous les 5 ans.
 
A l’épreuve de la réalité
 
Ce protocole d’évaluation est pertinent, guidé mais lourd à mettre en œuvre, source de nouvelles tâches ajoutées à toutes celles précédemment existantes. Et cela touche les missions des inspecteurs et inspectrices 1er et second degré, personnels de direction et professeurs. D’autant plus que ce protocole s’ajoute aux anciennes dispositions sans substitution, ce qui ne fait que du travail en plus avec beaucoup de difficultés à en percevoir la valeur ajoutée. A la fin de la démarche, les acteurs et actrices doivent exprimer des besoins, ils se traduisent souvent en termes de formation continue. Une source supplémentaire d’espoirs déçus pour les équipes, tant on connait la difficulté récurrente et non résolue de proposer et honorer des formations à la demande. Et pourtant, changer de paradigme pour la formation continue en la tournant vers les collectifs de travail plutôt que vers les dispositifs individuels est un enjeu essentiel pour résoudre les difficultés du système éducatif.
Rappelons que dans le Baromètre 2022 des métiers de l’éducation UNSA, 22% des répondant.es placent les relations hiérarchiques en priorités à améliorer, et 58% donnent le mot « fatigue » pour caractériser leur état d’esprit.
 
 
 
La finalité fixée par le CEE est incontestable : « améliorer le service public d’éducation pour améliorer la réussite des élèves ». Qui pourrait s’opposer à un tel objectif ? Néanmoins, il y a de nombreux obstacles à franchir d’un protocole écrit à sa mise en œuvre concrète. Ce n’est pas en les ignorant ou en feignant de ne pas les voir, qu’on fera accepter cette nouvelle méthode. Le projet des établissements et écoles adapté à la réalité de chacun et chacune, représente une culture professionnelle à créer, à renforcer pour qu’elle devienne partie intégrante de leur fonctionnement quelques soient les équipes, l’encadrement, les territoires. Les équipes demandent du temps, de la considération, des allègements des tâches, de l’accompagnement à tous les échelons concernés. Le CEE doit l’entendre !

Les documents produits par le CEE  sont consultables en libre accès.
 

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