Nous, directrices et directeurs d‘école, sommes encore une fois au rendez-vous !

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La tribune du SE-Unsa a recueilli 3679 signatures en quelques jours. Elle met en lumière l’investissement ainsi que les difficultés des directrices et directeurs qui n’ont fait que s’accroître dans le contexte de la crise sanitaire. Leur bonne volonté et leur sens du Service public peuvent parfois céder la place au doute, à la colère, voire au découragement.
 
Nous, directrices et directeurs d’école, depuis l’annonce de la fermeture des écoles en raison de la crise sanitaire, nous avons mis toute notre énergie à assurer notre mission auprès de nos élèves et de leurs familles.
 
Nous, directrices et directeurs d’école, malgré des informations parcellaires parfois contradictoires, des injonctions souvent déconnectées de la réalité, nous n’avons eu de cesse de continuer à informer, dialoguer, organiser la continuité pédagogique, maintenir le lien avec les familles, la municipalité, nos collègues enseignants, les Atsem, les AESH, les personnels de cantine, de garderie et tous les partenaires associatifs.
 
Nous, directrices et directeurs d’école, parce que nous sommes aussi et avant tout des enseignants, nous avons tout mis en œuvre pour inventer, avec nos collègues et pour nos élèves, une continuité pédagogique à distance sans aucune formation, sans matériel numérique adapté, bref, avec notre seule bonne volonté. 
 
Nous, directrices et directeurs d’école, en plus de la continuité pédagogique, nous avons organisé l’accueil des enfants de soignants avec les enseignants volontaires, par solidarité avec les personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire.
 
Nous, directrices et directeurs d’école, nous avons préparé depuis de nombreux jours cette reprise, annonce surprise de l’allocution présidentielle. Nous avons enchaîné les réunions en visio-conférence avec les élus, avec notre hiérarchie, avec nos collègues, pour étudier les problématiques sanitaires et la communication avec les familles libérées d’obligation de scolariser, pour convaincre et motiver certains élèves fragilisés de venir ou de ne pas venir, pour stabiliser l’organisation des professionnels, enseignants et non enseignants en présentiel, en distanciel, pour coordonner les besoins en AESH, pour organiser des groupes d’élèves avec le renfort de la collectivité, parfois sans la collectivité, avec des élèves prioritaires, des élèves en partie en présentiel, des élèves uniquement en distanciel.
 
Nous, directrices et directeurs d’école, responsables du matériel, nous en avons coordonné l’installation dans les classes, dans les toilettes ; nous avons géré le marquage, le fléchage, l’organisation des flux dans les classes, dans l’école, aux abords de l’école, la vérification sanitaire, la routine sanitaire, comment se laver les mains en fonction des sanitaires, la distanciation dans les flux mais encore la préparation de l’accueil des élèves mais pas pour tous car il faudra le refaire pour une partie des élèves restés chez eux lorsque ceux-ci reviendront à l’école.
 
Nous, directrices et directeurs d’école, en charge de l’animation de l’équipe pédagogique, nous dressons des bilans individuels pour savoir où en sont nos élèves, en gardant à l’esprit « l’enjeu de s’assurer que les élèves maîtrisent les connaissances nécessaires à la poursuite d’études dans la classe supérieure » (1).
 
Mais la bonne volonté ne suffit pas toujours ! Elle laisse parfois place au doute, à la colère voire au découragement.
 

Nous, directrices et directeurs d’école, une fois de plus, sommes en première ligne pour appliquer une décision prise précipitamment et sans concertation suffisante avec les professionnels de l’Éducation. À nous de mettre en œuvre un protocole sanitaire de 60 pages indigeste, communiqué très tardivement et quasi impossible à appliquer car nous ne sommes pas des professionnels de la santé et parce que nous ne disposons que de moyens matériels limités. 

 
Nous, directrices et directeurs d’écoles,
sommes encore une fois au rendez-vous…
Mais jusqu’à quand ?
 

(1) Circulaire relative à la réouverture des écoles et établissements et aux conditions de poursuite des apprentissages du 04 mai 2020 / point 3.3