Retour à l'article normal

SE-UNSA 51


 Par SE-UNSA 51

Billet d’humeur : le travailler encore plus pour gagner moins du candidat Sarko 2

 

 

Miroir aux alouettes

Vous avez aimé le « travailler plus pour gagner plus » du candidat Sarkozy de 2007. Vous allez adorer, si vous êtes enseignant, le « travailler 44.4% plus pour gagner 25 %  plus » du candidat Sarkozy de 2012.

Décidément, nos dirigeants ont bien raison d’entourer de toutes leurs attentions l’éducation nationale, tant ils sont la preuve vivante de son inefficacité, au regard de  leurs graves lacunes en arithmétique élémentaire. Nous avions déjà eu le ministre de  l’éducation nationale, Xavier Darcos, incapable d’effectuer une règle de trois ou André Santini, éphémère secrétaire d’état de la fonction publique du gouvernement Fillon, affirmant le plus sérieusement du monde en 2007, qu’un professeur certifié débutait sa carrière à 4000 euros, soit près du triple de la réalité à l’époque.

Grand seigneur, notre joueur de bonneteau annonce 500 euros de plus par mois, pour huit heures de plus par semaine.  Qui ne se montrerait satisfait d’une telle augmentation en période de crise et alors que nos salaires sont restés inchangés depuis deux ans, hors changement d’échelon ?

Pourtant il suffit de maîtriser les quatre opérations, pour se livrer à un calcul fort simple. Actuellement, le professeur certifié de classe normale qui accepterait d’effectuer huit heures supplémentaires par semaine gagnerait 1100 euros de plus par mois ; pour un certifié hors-classe, ce montant s’élèverait à 1213 euros, soit respectivement 600 euros et 713 euros de plus qu’avec la promesse du candidat président.

Certes, nous dira-ton, mais il ne s’agirait pas d’heures de cours, mais d’activités de type soutien aux élèves en difficulté, remise à niveau ou tutorat. Prenons cette fois ce qui correspondrait le mieux à ce travail en terme de rémunération, soit l’heure d’études dirigées en premier degré, un premier degré d’ailleurs totalement exclu du dispositif. Là encore, un simple calcul de niveau primaire nous indique que huit heures hebdomadaires ainsi rémunérées rapporteraient 786 euros mensuels pour un professeur d’école de classe normale et 865 euros s’il est hors-classe.

Et puisqu’il s’agit de promesse, rappelons-nous également celle, faite aux enseignants, qu’une partie des économies générées en réduisant le nombre de postes, leur serait rendue sous forme d’augmentation des salaires. Cette annonce n’a jamais été suivie d’effet, sauf pour les débutants, mais en contrepartie d’études plus longues et de l’augmentation du nombre d’heures de cours de 6 à 18 heures pour les stagiaires. Ce qui a été « offert » de la main gauche était donc repris de la main droite. Si le candidat président était réélu, il y a fort à parier que nous connaîtrions le même tour de passe-passe… une sorte de travailler plus, pour gagner pareil.

En fait, ces propositions ne sont absolument pas faites pour séduire les enseignants, à moins de croire ces derniers ignares en arithmétique. Elles permettent au contraire à ce candidat président, qui ne s’est jamais caché qu’il n’appréciait guère les enseignants, d’attirer à lui la partie la plus réactionnaire de son électorat, celle-là même qui serait tentée de voter pour l’extrême-droite, en amalgamant insidieusement des « idées » que l’on pourrait résumer ainsi : « Ces fainéants de profs qui ne travaillent que dix-huit heures par semaine vont encore être augmentés, alors que c’est la crise, que le chômage explose, et qu’ils cumulent la sécurité de l’emploi et des vacances continuelles… quand ils ne sont pas en grève ou en arrêt maladie. Mais, au moins, notre bon Nicolas va les faire bosser. » Et ne croyez pas que je caricature ; les réactions d’un certain nombre d’internautes, dans les courriers des sites d’information, révèlent clairement que le miroir aux alouettes a bien piégé sa cible.

Philippe Garet