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SE-UNSA 51


 Par SE-UNSA 51

CDEN du 8 décembre 2017

 

Le CDEN est une instance présidée par le préfet, co-présidée par l'Inspecteur d'académie, et le président du Conseil départemental. Y siègent les partenaires de l'Ecole, les représentants des personnels, les représentants des maires et des conseillers départementaux.

Il est donc important de pouvoir y interpeler les politiques locaux et le représentant de l'Etat, sur les sujets carte scolaire, organisation du temps scolaire, la gestion des collèges et des écoles.


Déclaration de l'UNSA Education au CDEN de la Marne du 8 décembre 2017

Monsieur le Préfet, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, Monsieur le Président du Conseil Départemental, Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,

 Il y a un peu plus de 6 mois que notre nouveau ministre est à la tête de l’Education nationale. 6 mois, c’est une durée suffisante pour effectuer un premier bilan d’étape. Pour notre part, à l’UNSA Education,  nous avions adressé au nouveau président et à son gouvernement un appel pour qu’ils s’engagent en faveur de ce que nous avons appelé «une école durable».

 Qu’entendons- nous par ce vocable «école durable» ?

- Une école qui inscrit son action et ses évolutions dans la durée, qui n’est pas ballotée au grès des alternances politiques où tous les 5 ans on défait ce que le précédent a construit.

- Une  école  qui  conserve  ses  priorités : l’élévation du niveau de qualification de l’ensemble des jeunes en particulier  par l’accès à la qualification pour ceux qui en sont actuellement écartés et la contribution à la réduction des inégalités sociales.

- Une école résolument tournée vers l’avenir et donc vers le développement de compétences qui vont bien au-delà des «fondamentaux disciplinaires».

- Une école à qui on donne le temps de progresser, sereinement, en confiance 

- Une école qui sait soutenir et accompagner ses personnels pour qu’ils ne s’épuisent pas seuls face aux défis professionnels auxquels ils sont confrontés.

 Nous  ne  pouvons que constater que pour l’instant le rendez-vous  avec  cette  école  durable  est plutôt manqué.

Les signes s’accumulent d’un retour en arrière et d’un affaiblissement progressif de la refondation alors que cette refondation exige des efforts soutenus pour porter ses fruits.

Ce qui nous inquiète particulièrement dans le retour des vieilles recettes (réapparition d’ options au collège,  discours  sur  les  fondamentaux,  possibilité  de  revenir  à  la  semaine  de  4  jours  plutôt qu’améliorer la semaine de 4 jours et demi, remise en cause des cycles d’apprentissage par la réhabilitation du redoublement et la focalisation sur la réussite au CP, méthodes de lecture, les dictées journalières à contresens du développement de la compréhension écrite...), ce n’est pas tant que le ministre s’adresse à une certaine frange conservatrice de l’opinion, c’est surtout que toutes ces recettes ont déjà été mise en œuvre entre 2002 et 2012 et qu’elles se sont traduites par un creusement des inégalités de réussite scolaire et un effondrement des résultats des élèves les plus en difficulté.

 Où est le débat sur les rythmes scolaires, quand le plus souvent la seule sollicitation des familles consiste à un QCM sur deux cases, 4J et 4J et demi ? Ne nous y trompons pas, la semaine à 4 jours va devenir la règle alors que dans les textes, elle est présentée comme une mesure dérogatoire. Nos petits élèves sont ceux qui auront la journée la plus lourde.

Pourtant, la réflexion sur les temps de l’enfant doit se poursuivre : laisser les plus faibles, sans propositions culturelles, sportives, éducatives le mercredi serait pour nous un abandon des collectivités, qui creuserait encore les inégalités sociales. Il y aurait un plan « mercredi » ? L’information est plutôt timide à ce jour. N’oublions pas non plus, que des éducateurs, des animateurs ont été recrutés sur les projets périscolaires et qu’il y a aussi de l’inquiétude sur ce sujet.

 Nous ne pouvons que constater que la plupart des décisions prises depuis 6 mois répondent aux demandes des familles les plus aisées et dont les enfants sont les plus en réussite. Dans le texte du DNB  on s’intéresse plus aux élèves qui maîtrisent le socle qu’à ceux qui ne le maîtrisent pas. Nous sommes convaincus que ce n’est pas  actuellement la priorité de l’action publique en matière d’éducation. Quant au dispositif « devoirs faits », il sera indispensable d’en faire un bilan d’ici la fin de l’année scolaire pour évaluer s’il agit véritablement comme un dispositif d’aide aux élèves en difficulté ?

 Les évaluations internationales ont montré que c’est en faisant progresser les plus faibles que l’ensemble du système améliore ses performances. Alors, bien sûr, il y a  les CP à 12 dans les REP+. Nous pensons que la seule image positive présentée par  les médias doit être tempérée, Nous regrettons que la mise en  place de ce dispositif  ait fait disparaître la mission première des maitres PDMQDC. Concrètement, lorsque nous sommes allés à la rencontre de toutes les écoles concernées, il ressort qu’en effet il y a beaucoup de positif dans ces CP à 9, 10 11, 12, 13 …mais qu’il n’y a plus de moyens pour satisfaire sur tous les niveaux les besoins de travailler autrement et d’innover. Une distorsion dans les conditions de travail au sein de la même école apparait, pouvant créer ainsi les conditions d’une vie d’équipe moins sereine.

 C’est un peu l’arbre qui cache la forêt et qui dédouane de tout le reste alors que 75% des élèves en difficulté ne sont  pas  dans  les  REP : l’institution doit donc tout autant les considérer avec des dispositifs adaptés.  Pour l’UNSA Education, il doit y avoir des mesures dans d’autres zones du département (les réseaux sortis de l’éducation prioritaire il y a 2 ans, les zones rurales par exemple… ). Nous constatons la perte d’effectifs dans le Sézannais et le secteur de Vitry le François, ce qui nous interroge sur le manque d’attractivité de ces territoires.   Quelles sont les catégories socioprofessionnelles qui y restent ?  quelle mixité sociale ?  Ces territoires  passent sous les écrans radar de l'Education prioritaire.  Même si la Marne est le département de notre académie qui résiste le mieux, nous sommes inquiets sur le constat de perte de population.

 Autre sujet où nous allons bien évidemment vous interpeler, Monsieur le Préfet : c’est la suppression des contrats aidés, et en particulier sur la mission d’aide à la direction d’école. Le glissement sur les contrats AESH compense en  partie, la suppression des CUI-AVS. Pour la direction d’école, le nombre de contrats n’était déjà pas suffisant pour satisfaire tous les besoins. Pour l’UNSA, la question du statut de l’école, et de son fonctionnement devient désormais incontournable, des solutions pérennes doivent être trouvées. 

 Monsieur le Préfet, permettez-nous de vous exprimer notre grande exaspération : en effet, par deux fois, nous avons sollicité auprès de vous une audience sur ce sujet des contrats aidés. Audience demandée par l’Unsa Education seule, par un courrier, un mail, puis un contact direct téléphonique avec votre secrétariat, et une audience intersyndicale UNSA, SNUipp, SGEN, FO d’autre part.  Nous n’avons eu aucun retour, aucune proposition de rendez-vous.  Ce n’est pas notre conception du dialogue social ! Nous pensions pourtant, d’après les déclarations du candidat Macron, que le dialogue social était pour lui, d’importance. Nous constatons que non, nous voici donc revenus aux méthodes de la présidence 2007/2012.

Parce qu’enfin,  au-delà de la question de la direction d’école, il y a bien des personnes en grande précarité, pour certaines, proches de la retraite, sans proposition d’emploi et sans accompagnement véritable, des personnes, souvent des femmes, dont l’employabilité est faible, qui se retrouvent rejetées du jour au lendemain. C’est de tout cela que nous voulions parler avec vous, Monsieur le Préfet.    

 Notre Président, notre ministre, doivent gagner la confiance des personnels, les signaux donnés actuellement, dont les mesures anti-fonctionnaires, n’y aident pas. L’UNSA Education cherche toujours le dialogue, les échanges constructifs dans l’intérêt des élèves et des personnels, mais peine pour le moment à y trouver son compte.

 Pour conclure, comment ne pas évoquer la journée de la laïcité à l'école, demain samedi 9 décembre. L'UNSA Education et ses syndicats ont appelé les personnels à se mobiliser, pour faire vivre la laïcité et les valeurs de la République.

Il est plus que jamais utile, dans cette période où la laïcité est l'objet de débats polarisés, utile donc, d'expliquer que dans ce principe républicain réside la clé de l'émancipation individuelle et collective. Pour que vive l'école de la République, Publique et Laïque. 


A l'ordre du jour de ce Cden, le bilan de la rentrée scolaire dans les écoles, collèges et lycées. (Voir CTSD précédent).

L'inspecteur d'académie a rappelé les orientations et le contexte qui ont présidé à la carte scolaire 2017. Il ajoute quelques remarques dont voici la synthèse :

Le budget de l'éducation nationale sera le seul à augmenter l'an prochain. Il faut continuer à se mobiliser pour lutter contre le décrochage scolaire. La grande pauvreté touche en effet tous les territoires. Un des enjeux  est aussi la démocratisation des études supérieures. Le chemin qui reste à faire passe aussi par la formation des enseignants. L'inspecteur d'Académie indique être attaché au travail collectif dans les écoles, et les établissements, et leur force de proposition.

Le nouveau président du Conseil départemental a donné des points de détails sur la gestion des collèges. Nous rapportons ici quelques réponses aux questions posées et quelques autres points d'information. 

  • Restauration scolaire dans les 47 collèges marnais : une réflexion est en cours sur la mise en place du tarif différencié en fonction du quotient familial. Cela passera d'abord par l'niformisation des tarifs entre tous les collèges.
  • une reflexion plus poussée sur la restauration scolaire se fera en 2019, en particulier sur l'approvisionnement des denrées sur des circuits courts.
  • Subventionnement sorties piscine : un travail a lieu avec la ville de Reims pour que celle-ci tarifie le montant des entrées moins cher.
  • Reconstruction des collèges : l'inauguration du collège de Sermaize-les-bains est prévue en 2018. Le collège Université dont les travaux ont débuté en 2016 sera livré en 2020. L'étude,pour le collège Pontfaverger est faite. Le coût de la reconstruction d'un collège tourne autour de 20 millions d'euros.
  • le Conseil départemental souhaite accélérer ses investissements dans les équipements numériques (dotation de 600 000 euros). 3 personnels dédiés à la maintenance seront recrutés en 2018, en collaboration avec les services RAIP du rectorat.
  • le Conseil départemental proposera de réduire le coût des abonnements à la fibre en procédant par un groupement de commandes.
  • ENT : en 2019 un contrat sur la région grand-est harmonisera les applications.
  • Fermetures futures de collèges ? Le président du CD indique, qu'il n'y aura pas de fermeture de collèges, car le maillage du territoire est correct, y compris sur les zones très rurales.

Nous avons eu des documents de travail fournis sur le bilan de la rentrée scolaire. Nous préférons mettre ici la synthèse donnée au CTA, qui permet de replacer la réflexion dans le contexte académique.

Retrouvez-ici le compte-rendu du CTSD 51 du 24 novembre 2017