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Rapport de la Cour des Comptes sur la mastĂ©risation : un camouflet cinglant
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La Cour des comptes vient de rendre public un rapport particulièrement féroce sur la mastérisation. La Cour des comptes reprend la quasi intégralité des reproches et constats que le SE-Unsa et l’Unsa éducation ont faits depuis la conception de cette réforme. Il pointe de manière quasi clinique et fort argumentée, les défauts originels de la mastérisation.

Sur 38 pages s’égrènent toutes les raisons pour lesquelles cette réforme a produit une infinité de dégâts. Les carences et faux semblants sont portés noir sur blanc par une juridiction peu habituée à faire du sentiment.

 

Ci-dessous l’analyse du SE-UNSA et le rapport complet de la Cour des comptes.

 

Rapport de la Cour des Comptes sur la mastĂ©risation : un camouflet cinglant

 

C’est un rapport dĂ©vastateur mais Ă´ combien lucide que fait la Cour des Comptes. Elle s’est penchĂ©e sur les effets dĂ©clarĂ©s ou induits de la « brillante Â» Â» rĂ©forme de la formation des enseignants, autrement dit la mastĂ©risation Darcos.

Les Sages de la rue Cambon n’y vont pas par quatre chemins : « son application accĂ©lĂ©rĂ©e a entraĂ®nĂ© de nombreux dysfonctionnements pour une partie des stagiaires… cette rĂ©forme aurait justifiĂ© une rĂ©flexion plus approfondie, Â»

 

Un chiffrage incomplet des économies et des coûts

Contrairement Ă  la vulgate, les Ă©conomies engendrĂ©es sont loin d’être aussi consĂ©quentes. Ainsi, n’ont pas Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s des coĂ»ts additionnels sur des donnĂ©es pourtant essentielles :

  • allongement des Ă©tudes d’une ou deux annĂ©es pour des dizaines de milliers d’étudiants,  pour un coĂ»t annuel moyen par Ă©tudiant de 10220€
  • impact de cet allongement sur le coĂ»t global des bourses de l’enseignement supĂ©rieur
  • coĂ»t des deux-tiers d’étudiants en master « MĂ©tiers de l’enseignement Â» qui Ă©chouent aux concours et doivent se rĂ©orienter pour de nouvelles Ă©tudes.

 

Un vivier de recrutement en baisse

Le rapport indique une accĂ©lĂ©ration de l’évolution Ă  la baisse, enregistrĂ©e depuis plusieurs annĂ©es, du nombre de candidats prĂ©sents aux Ă©preuves du concours. Il l’explique aisĂ©ment car « La mastĂ©risation  ne pouvait, en raison de l’augmentation du niveau de diplĂ´me requis, que se traduire, de façon inĂ©vitable, par une plus grande difficultĂ© Ă  trouver les profils adĂ©quats Â».

Cela aurait donc dĂ» conduire Ă  une rĂ©flexion en amont, notamment sur le moment  oĂą on plaçait les concours. HĂ©las « cette dĂ©marche souhaitable n’a pas Ă©tĂ© engagĂ©e Â».

 

Les conditions de la prise de fonction devant les élèves n’ont pas non plus fait l’objet d’une attention suffisante.

Ainsi, « le choix d’une mise en Ĺ“uvre rapide de la mastĂ©risation a Ă©tĂ© Ă  l’origine d’une grande partie des difficultĂ©s constatĂ©es au cours de sa première annĂ©e d’application“

« Des stagiaires affectĂ©s sur plusieurs Ă©tablissements, …éloignĂ©s de leur tuteur,… hĂ©ritant d’emplois du temps conçus pour des professeurs expĂ©rimentĂ©s, rĂ©partis entre de nombreux niveaux, comprenant des heures supplĂ©mentaires ou bien concentrĂ©s sur des crĂ©neaux horaires considĂ©rĂ©s comme plus difficiles, par exemple en fin de journĂ©e. Â» N’en jetez plus, la cour est pleine !

 

Une formation écartelée

La Cour pointe sans coup fĂ©rir le paradoxe Ă©puisant de la formation de ces jeunes collègues qui, au lieu d’être un peu prĂ©servĂ©s, se retrouvent avec une charge de travail disproportionnĂ©e : « Les enseignants stagiaires ont donc dĂ©sormais une charge horaire supĂ©rieure d’un tiers par rapport au temps de travail d’un professeur titulaire. Â»

Si la Cour aborde  le tutorat, elle mentionne qu’ « il suppose toutefois une vigilance particulière dans le choix des tuteurs et dans le suivi des acquis des stagiaires Â».

Par contre, elle met Ă©galement en lumière le rĂ´le extrĂŞmement positif des PEMF (Professeurs des Ecoles MaĂ®tres Formateurs)  dans la formation des stagiaires du premier degrĂ©. En creux, elle dĂ©plore tout autant leur absence dans le second degrĂ©.

 

Les rapporteurs s’attardent sur le manque de suivi du processus et de ses consĂ©quences, pointant que «le ministère ne s’est pas dotĂ© d’instruments prĂ©cis lui permettant de s’assurer de l’efficacitĂ© du tutorat… n’est pas non plus en mesure de s’assurer de l’adĂ©quation des formations dispensĂ©es pendant la première annĂ©e aux besoins des enseignants stagiaires. Â»

Il rĂ©sulte de cela un «dĂ©faut d’articulation avec les objectifs de l’enseignement scolaire Â». La mise en cohĂ©rence des missions de formation initiale dĂ©volue aux universitĂ©s et de formation continuĂ©e ressortissant de l’Education nationale, n’est pas «pleinement assurĂ©e Â».

 

Ainsi, on est bien loin des objectifs de mise en œuvre du socle commun de connaissances et de compétences. Au passage, le rapport pointe la séparation entre les concours des premier et second degrés, notamment dans leur préparation.

Pire, « en contradiction avec la notion de socle commun de connaissances et de compĂ©tences, aucune rĂ©flexion n’a Ă©tĂ© engagĂ©e au niveau national pour mettre en place des maquettes de formation initiale communes pour l’enseignement primaire et le collège. Â»

 

Ce rapport, à mettre en parallèle avec les enquêtes du SE-Unsa et le rapport Jolion en 2011, (dont les constats corroboraient ceux de la Cour des Comptes) offre un singulier contraste avec celui de la DGRH établi en décembre 2010. Le côté surréaliste et partisan de ce dernier montre bien la mauvaise foi dont on fait preuve au ministère sur ce dossier.

 

Il est plus que temps, désormais, de reconstruire la formation professionnelle des enseignants et des personnels d’éducation, socle indispensable à une refondation de l’École de la République.

 
 
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