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CTA du 24 mai 2022
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Compte-rendu du Comité Technique Académique du 24 mai 2022


 

       Déclaration liminaire de l’Unsa-Éducation

au CTA du 24 mai 2022

 

 

Académie de Reims

 

 

Monsieur le Recteur,

Mesdames, Messieurs,

 

Réparer plutôt que persister

 

Enfin ! Enfin, Jean-Michel Blanquer quitte le ministère de l’Éducation ! Que ces cinq dernières années furent bien longues, pour les personnels de l’Éducation nationale.

Si le désormais ex-ministre de l’Éducation nationale a battu le record de longévité à ce poste sous la Vème République, il n’en demeure pas moins que le bilan de son action à ce ministère est plus que mitigé.

L’Unsa-Éducation s’est d’ailleurs largement exprimée tant sur la politique ministérielle en matière d’éducation que sur la méthode employée par M. Banquer. La fameuse « Ã‰cole de la confiance Â» n’a jamais dépassé la stade du discours, discours trop souvent déconnecté de la réalité vécue par les personnels

La nomination de M.Pap Ndiaye à la tête du Ministère de l’Éducation nationale marquerait, d’après de très nombreux observateurs de la vie politique une rupture avec l’ère Blanquer. Le néo-locataire de la rue de Grenelle serait l’antithèse de son prédécesseur. Cependant, Elisabeth Borne, Première Ministre, a déclaré ce week-end que Pap Ndiaye était dans la continuité de Jean-Michel Blanquer. Serait-ce alors une énième manifestation du fameux « en même temps Â» de la Macronie ?

Fidèle à son ADN, l’Unsa-Éducation se gardera bien de hurler avec ceux qui attaquent et font déjà des procès d’intention à notre nouveau ministre. Les postures politiques comme syndicales ont montré leurs limites (il suffit d’analyser les scores de la toute récente élection présidentielle).

Par contre, l’Unsa- Éducation sera attentive à la politique qui sera mise en place en matière d’éducation, et fera des propositions ou affirmera vigoureusement les lignes rouges à ne pas franchir, selon  les projets et décisions ministériels.

Pour l’instant, il faut bien se rendre à l’évidence. Tant dans la campagne présidentielle, que dans celle des législatives, on entend assez peu parler d’Éducation, notamment dans le camp présidentiel ! Et le peu qui est abordé par le Président Macron ne laisse rien présager de bon.

Pour l’Unsa-Éducation, M. Pap Ndiaye doit prioritairement travailler à la réconciliation des personnels avec leur institution. Une rupture nette avec la méthode politique de la rue de Grenelle de ces cinq dernières années est tout aussi urgente qu’indispensable. Les personnels ne veulent plus subir, ni vivre au rythme d’incessantes annonces médiatiques qui nient la réalité, simplifient la complexité de leurs missions et placent les professionnels qu’ils sont dans un insupportable porte-à-faux.

Car ce n’est pas seulement la pandémie qui a ainsi été gérée, mais bien toutes les réformes : priorité aux fondamentaux, bac général et technologique, voie professionnelle, orientation, recrutement et formation initiale notamment.

Au-delà de la méthode, c’est la gouvernance de notre système éducatif qui doit être interrogée. Notre système éducatif, marqué par de profondes inégalités qu’il n’arrive pas à résoudre, ne peut plus continuer à réagir au coup par coup, à entasser des réformes et autres dispositifs dont la pertinence et l’efficacité ne sont jamais évaluées à l’aulne de la réussite du parcours des élèves et de l’impact sur le déterminisme social.

 

Au-delà de cette priorité, l’Unsa-Éducation souhaite partager rapidement avec M. Pap Ndiaye les trois défis d’avenir qu’elle a identifiés.

Le premier défi, c’est la crise de l’attractivité. Après des difficultés plus importantes que d’habitude en septembre 2021, la rituelle rentrée « techniquement » réussie » est sérieusement menacée pour septembre 2022. Les métiers d’enseignant, CPE et psychologues de l’Éducation nationale ne trouvent plus preneurs par voie de concours, et encore moins par contrats. Les raisons sont multiples : quotidien difficile, faiblesse de la rémunération, notamment lors de la première partie de carrière, déconsidération institutionnelle, entrée dans le métier illisible et proche du bizutage. Quant aux personnels en poste, le découragement se diffuse et certains quittent l’Éducation nationale.

 Le second défi, c’est la réussite de l’École inclusive. Il n’est plus possible de laisser les professionnels seuls, entre culpabilité et épuisement, et des élèves et des classes en panne, voire en souffrance. L’École inclusive ne peut se résumer ni en une somme d’étiquettes à coller à des enfants et des jeunes, ni en une accumulation de dispositifs et d’accompagnements, sans jamais réussir à être à la hauteur des besoins. Face à la diversité des situations, il faut une diversité de réponses pédagogiques, spécialisées et sociales, dans l’école, en équipe éducative, mais aussi avec d’autres partenaires et structures.

 Enfin, le troisième défi, c’est la nécessité de retrouver l’expérience de la mixité sociale, de l’« apprendre ensemble » et du « vivre ensemble ». Il n’est plus possible de clamer liberté, égalité, fraternité tout en continuant de cloisonner les apprentissages et les vies de nos élèves. Il n’y a pas de solutions simples et toutes ne reposent pas seulement sur l’École, mais il faut dépasser l’assignation à résidence qui mine notre société.

Et il y a urgence. L’Unsa-Éducation ne peut se résoudre à voir notre société continuer de se fracturer. Le repli sur soi et les communautarismes nourrissent l’extrême droite. Et pour l’Unsa, l’extrême droite, ça ne s’essaye pas !

Le navire Éducation nationale ne peut se transformer en galère dans la tempête. Il est urgent de renouer avec l’ensemble de l’équipage pour emmener tous nos élèves à bon port.

Les résultats de la 10ème édition du baromètre UNSA des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de Culture, viennent corroborer cette analyse.

Près de 43.000 personnels , issus de plusieurs dizaines de métiers qui Å“uvrent pour la jeunesse, ont répondu  à cette enquête entre le 7 mars et le 7 avril. Les résultats sont un véritable coup de semonce pour les politiques menées sous le premier quinquennat Macron.

Ø  Le décrochage est profond entre le début et la fin du dernier quinquennat à plusieurs points de vue, tant pour le désaccord avec les choix politiques effectués qu’au vu du mal-être croissant, profond, perçu chez les personnels : 86% en désaccord avec les choix politiques en 2022 contre 65% en 2016 ; 27% qui disent ressentir de la reconnaissance et du respect contre 46% en 2016. Un autre chiffre interroge : seuls 22% des personnels interrogés conseilleraient leur métier à un jeune de leur entourage !

 

Ø  Nos collègues sont toujours passionnés par leurs métiers (92% aiment leur métier, 74% sont heureux de l’exercer) mais pour combien de temps ? La perte de sens des missions qu’ils assurent, pour 29% d’entre eux, la part importante des personnes qui souhaitent changer de métier (38% au sein du secteur public, 29% vers le secteur privé) interrogent. Les préoccupations des personnels, au fil des ans, sont restées centrées sur la problématique du pouvoir d’achat, sur la charge de travail et sur les aspirations de carrière, des sujets qui doivent être pris au sérieux, par le nouveau gouvernement, et faire l’objet de négociations au plus vite.

 

Ø  L’attractivité des métiers pour recruter et donner envie de rester est une problématique majeure pour le secteur éducatif. On voit que les résultats d’admissibilité aux concours ces derniers temps confirment cette urgence. Quels que soient les résultats finaux en juin, il n’est plus possible d’ignorer que le nombre de professeurs de maths, d’allemand, d’anglais, de professeurs documentalistes, de professeurs des écoles censés venir gonfler les rangs des équipes éducatives des écoles, collèges et lycées sera moins élevé que prévu.

 

Ø  L’état d’esprit des personnels se dégrade : en effet, seuls 59% des personnels attendent encore quelque chose du prochain gouvernement. Les réponses aux questions d’actualité, sur les priorités éducatives et sur les propositions qui ont émergé dans le débat électoral, témoignent du besoin urgent d’un débat apaisé, loin des caricatures et des coups de pression. Les personnels veulent être reconnus et respectés, et attendent des politiques cohérentes et ambitieuses sur le long terme.

 

À propos de personnels qui veulent être reconnus et respectés, l’Unsa-Éducation souhaite faire un focus sur les personnels santé-sociaux et sur l’incompréhensible injustice dont ils/elles sont victimes.

Face à l’engagement remarquable, mais aussi à l’épuisement des personnels de santé pendant la crise sanitaire, le gouvernement a octroyé un complément de rémunération de 183€ aux personnels de santé hospitaliers. Ce Complément de traitement indiciaire (CTI) est pris en compte pour les futurs droits à la retraite.

Suite aux revendications des « oublié∙es du Ségur Â», le gouvernement Castex a promis l’élargissement du CTI à la filière socioéducative. Promesse à moitié tenue, puisqu’à la parution du décret, les collègues concernés ont constaté qu’il ne s’agit pas vraiment d’un CTI, mais d’une prime, rebaptisée « prime de revalorisation Â». Son montant est équivalent, mais elle ne sera pas prise en compte pour la retraite. Une petite entourloupe au passage  qui ne correspond pas aux annonces politiques faites dans les médias…

Sauf qu’il reste encore des oublié∙es. Des oublié∙es de tout : du CTI et de la prime ! Encore une fois, il s’agit des personnels de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur.

 Ce sont pourtant des médecins et infirmier∙ères ayant le même diplôme que leurs collègues hospitaliers  qui ont passé leurs journées, soirées et week-end à faire du tracing covid-19 ..

Ce sont pourtant des assistant∙es sociales∙aux au même titre que celles et ceux qui exercent dans la fonction publique territoriale  qui ont pris en charge les situations de grande difficulté financière des familles, élèves, étudiants pendant la crise sanitaire..

Ces mêmes personnels que le ministère ne parvient plus à recruter et qui manquent dans tant d’établissements, tellement le manque d’attractivité de leurs métiers dans nos ministères est criant.

 Et bien Non.

Non, l’UNSA Éducation ne peut accepter que les rémunérations, à compétences métiers identiques, soient inférieures dans nos ministères.

Pas plus que l’UNSA Éducation ne peut accepter, non plus, que des personnels mal rémunérés et mal traités aient pour conséquences des zones géographiques où les élèves, les familles, les étudiant∙es ne bénéficient plus du suivi médical et social auxquels ils/elles ont droit..

Cette injustice doit cesser de toute urgence. Car les discriminations entre personnels, qui amènent par ricochet des discriminations entre élèves, c’est le contraire des valeurs que nous portons, et que l’École de la République doit porter.

Monsieur le Recteur, au terme de cette déclaration, l’Unsa-Éducation veut vous dire son inquiétude quant à l’organisation  du CRPE dans notre académie. Il n’est  bien évidemment pas question d’incriminer les personnels en charge de cette organisation qui sont les victimes collatérales  des suppressions importantes de postes dans la filière administrative depuis de nombreuses années et qui croulent sous les tâches. Nous leur apportons d’ailleurs notre plus vif soutien. Une fois encore, les personnels, par leur sens du devoir ont permis de limiter la casse. Les conséquences des réformes du CAFIPEMF et du CRPE cumulées avec la crise sanitaire n’ont malheureusement pas été anticipées par le rectorat.

Passer un concours est générateur de stress. Alors, quand en plus, les convocations pour les oraux arrivent au tout dernier moment cela accroît la pression sur les candidats admissibles. Il faut bien réaliser que certains candidats viennent de loin, ont des enfants ou même sont en activité professionnelle. Et quand bien même ne seraient-ils pas dans l’une de ces situations, cela ne participe pas à les mettre dans de bonnes conditions pour poursuivre leur parcours. Et que penser de ces candidats qui ont vu leur oral avec le jury annulé le jour même et reporté ultérieurement sans plus de précisions ?

Quelle image notre institution renvoie-t-elle alors en direction de ces futurs personnels ?

 Il est décidemment urgent de remettre l’humain au centre du service public d’éducation. Notre système éducatif est à bout de souffle. Les personnels quelle que soit leur fonction, les élèves et leurs parents doivent être au cÅ“ur des préoccupations de notre nouveau ministre de l’Éducation nationale.

 

Réparer plutôt que persister

 


 

 
 
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