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SE-UNSA 49


 Par SE-UNSA 049
 Le  mercredi 6 décembre 2023

« Choc des savoirs » : un leurre au parfum de nostalgie

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

Le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse vient d’adresser un courrier aux personnels dans lequel il annonce des mesures pour l’École à la suite des conclusions de la mission « Exigence des savoirs » qu’il avait diligentée il y a seulement 8 semaines. Les choix de Gabriel Attal s’appuient également sur les résultats de l’enquête PISA 2022 et des évaluations nationales, instrumentalisés une fois de plus, pour justifier une politique éducative écrite d’avance. Au-delà de la baisse généralisée à tous les pays, les résultats montrent surtout de lourdes différences selon le milieu social. Pour le SE-Unsa, avec cette erreur de diagnostic préalable, le ministre ne prend pas la bonne direction pour améliorer le niveau général des élèves.
 
Toutes les mesures sont basées sur la sanction d’un parcours (redoublement/passage dans la classe supérieure conditionné, aménagements horaires) sans que rien d’efficient ne soit proposé pour prévenir la difficulté et soutenir les élèves les plus fragiles. Considérer que les groupes de niveau ou des cours supplémentaires seront la solution, alors qu’ils vont à rebours de la recherche scientifique qui a déjà démontré leur inefficacité, c’est duper les élèves et leurs familles. C’est aussi mettre à mal le travail sur l’estime de soi des élèves, pourtant essentiel à la réussite scolaire.
 
Le ministre décide également de s’attaquer à la liberté pédagogique des enseignants avec des manuels labellisés et imposés qui ne manqueront pas d’uniformiser l’enseignement là où le choix des méthodes pédagogiques, dans la diversité, permet d’adapter les démarches à chacun des élèves pour les faire réussir.
 
Le SE-Unsa dénonce des mesures trompeuses aussi bien sur les constats qui les motivent que sur les promesses qui se veulent séduisantes. Pour réellement lutter contre l’échec scolaire et améliorer le niveau des élèves, il est urgent de cesser de nous mentir. Regretter une École révolue évite sans doute de reconnaître le vrai malaise de l’École aujourd’hui, à savoir le manque cruel de mixité sociale.
 
M. le Ministre, ce leurre est dangereux. Vos annonces pour un « choc des savoirs » renforcent davantage le tri, la sélection et la ségrégation que le niveau des élèves. Cela ne fera qu’aggraver le dualisme scolaire et les clivages dans la société tout entière. 
 
 
Paris, le 5 décembre 2023
 
Élisabeth Allain-Moreno
Secrétaire générale du SE-Unsa
 

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Les annonces « choc des savoirs » du ministre Gabriel Attal sont un patchwork de mesures nostalgiques et ségrégatives qui ont toutes le même point commun : la recherche scientifique a montré leur inefficacité !
 
Groupes de niveau, redoublement, manuels labellisés et obligatoires pour porter LA bonne parole pédagogique et didactique, et aménagement des horaires, toutes ces mesures se heurtent au même écueil : où se trouvent les solutions pour faire réussir les élèves en difficulté et ceux en situation de handicap ?
 
En effet, toutes les enquêtes internationales et les évaluations nationales organisées par le ministère aboutissent à la même conclusion : les résultats sont moyens parce qu’une partie des élèves réussit très bien alors qu’une autre est en difficulté, généralement les élèves scolarisés en éducation prioritaire et issus de milieux sociaux défavorisés. Le diagnostic du ministre est donc erroné.
Il s’agit bien d’élever le niveau des élèves les plus fragiles, notamment dans des établissements ségrégés. Ce n’est pas d’une réforme globale du système scolaire dont le pays a besoin mais d’une attention toute particulière à une partie des élèves, que le système actuel ne fait pas suffisamment réussir.
 
 
>> Lire les autres articles sur les annonces « choc des savoirs » :

 

>>>Pour info : dossier de presse du ministère