En 2020, le ministère a donné à l’Inspection générale une mission pour rendre compte de l’organisation, du fonctionnement et de l’évaluation des effets des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté. Un rapport toujours non publié a été rendu au ministre en avril 2021. Le SE-Unsa a finalement pu prendre connaissance de ce rapport qui, malgré l’ampleur du travail qu’il a demandé, ne répond pas aux questions qu’il pose et n’ouvre aucune perspective nouvelle pour les Rased.
En effet, sans surprise, ce rapport conforte les évolutions depuis la suppression d’un tiers des postes, dresse un constat plus ou moins lucide de l’état des Rased et des conditions très disparates mais toujours dégradées -notamment par le manque de postes- dans lesquelles ils tentent de mener à bien leurs missions au bénéfice des élèves en difficulté scolaire persistante.
À aucun moment le rétablissement des postes supprimés n’est envisagé, il s’agit plutôt de trouver comment faire au mieux avec les postes restants. C’est donc l’aide directe aux élèves qui devient la variable d’ajustement ainsi que les actions de prévention qui sont abandonnées de fait au profit de l’appui aux équipes.
Le rapport déplore la hausse du nombre d’élèves perturbateurs et de ceux présentant des difficultés importantes de langage, sans faire à aucun moment l’hypothèse d’un lien possible avec la forte réduction des prises en charge directes, notamment par les enseignants spécialisés à dominante relationnelle (ex maitres G dont les postes ont été particulièrement réduits), et l’abandon de la prévention des Rased en maternelle qui était très souvent axée sur le langage oral.
Les préconisations ne prennent pas en compte les conséquences de la crise sanitaire. Elles sont peu convaincantes, en particulier celle qui propose une nouvelle circulaire alors que les rapporteurs ne proposent rien de nouveau en ce qui concerne les missions des Rased.
Les autres éléments de notre contribution concernant notamment les recrutements, les départs en formation et un nécessaire renforcement des Rased pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire sur les élèves les plus fragiles, n’ont pas davantage été repris.
Il est impossible d’isoler l’intervention des Rased dans l’évaluation des acquis des élèves et donc de faire « la preuve scientifique » de leur efficacité. Dans ce contexte, seule une volonté politique et la conviction que le croisement des regards et des compétences est indispensable pour éviter la médicalisation de la difficulté scolaire, conduiront à une évolution positive que le SE-Unsa revendique : relance des recrutements, rétablissement d’un maillage territorial de Rased complets, maintien de l’intervention directe auprès des élèves, participation au « pôle ressources » de circonscription.
En conclusion ce rapport, non publié, ne nous paraît pas de nature à faire évoluer la situation des Rased dans un but d’amélioration de l’aide que l’École doit aux élèves en difficulté scolaire persistante.
Beaucoup de travail pour… rien ?