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Groupes de niveaux : des conditions de travail particuliĂšrement dĂ©gradĂ©es
Article publié le jeudi 25 janvier 2024.
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Dans le plan « Choc des savoirs Â», la ministre de l’Éducation nationale met en place des groupes de niveaux en mathĂ©matiques et en français en 6e et 5e Ă  la rentrĂ©e 2024. Pour le SE-Unsa, ils vont considĂ©rablement dĂ©grader les conditions de travail.

 
Un dispositif pédagogique qui peut séduire, mais

 
Il peut paraĂźtre sĂ©duisant voire rassurant rĂ©duire l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des classes en regroupant les Ă©lĂšves par niveau. Cependant, les Ă©tudes scientifiques sont quasi-unanimes pour dĂ©montrer l’inverse, c’est pourquoi le SE-Unsa est opposĂ© aux groupes de niveaux sur le plan pĂ©dagogique mais privilĂ©gie par exemple les groupes de besoin (lire notre article).
 
Pas de moyens pour tous les collĂšges, un mensonge par omission
 
Avant les vacances de fin d’annĂ©e, nous avons appris lors de l’instance de rĂ©partition des moyens pour la rentrĂ©e 2024, que seuls environ 20% des collĂšges recevraient des moyens pour allĂ©ger les groupes de niveaux, et uniquement pour les groupes des Ă©lĂšves les plus faibles (groupe 1). 80% des collĂšges, bien qu’ayant eux aussi des Ă©lĂšves faibles, n’auront aucun moyen pour allĂ©ger les groupes. Il s’agit au moins d’un mensonge par omission. Tous les enseignants de collĂšge et tous les parents de collĂ©giens avaient compris que des moyens seraient donnĂ©s Ă  tous les collĂšges pour organiser des groupes de niveaux. Le ministĂšre considĂšre que la 26e heure de cours de 6e qui est supprimĂ©e (l’actuelle heure supplĂ©mentaire de français/maths et ex-heure de technologie) pourra participer au financement, de mĂȘme que les heures de la marge d’autonomie, mais pour quelles consĂ©quences ?
 
Moins d’autonomie
 au dĂ©triment des disciplines non fondamentales
 
Actuellement, les 3h/classe de marge d’autonomie sont souvent utilisĂ©es pour dĂ©doubler des heures de français et de maths, mais aussi de sciences pour pouvoir faire des TP avec des effectifs raisonnables, en langues vivantes pour travailler l’oral en groupe rĂ©duit ou dans d’autres disciplines pour mener Ă  bien des projets pĂ©dagogiques. DĂšs lors que le ministĂšre ne financera pas les groupes de niveaux et qu’il demandera de prendre sur cette marge, ce sera au dĂ©triment des autres disciplines, celles qui sont considĂ©rĂ©es, en creux par le ministĂšre comme non essentielles.
 
Quelles consĂ©quences sur les services des enseignants ?
 
Si la marge horaire n’est plus disponible que pour le français et les mathĂ©matiques, de nombreux collĂšgues vont se retrouver en complĂ©ment de service ou pire en mesure de carte scolaire.
Par ailleurs, organiser les groupes de niveaux va nĂ©cessiter de faire des alignements dans les emplois du temps sur l’ensemble des heures de français et de maths soit un tiers de l’emploi du temps d’une classe. Par consĂ©quent, les professeurs auront des emplois du temps plus morcelĂ©s et les vƓux formulĂ©s seront moins pris en considĂ©ration. Aligner les cours pour faire plus de groupes que de classes, nĂ©cessitera de parfois mobiliser tous les enseignants de la discipline sur le mĂȘme niveau. À terme, avec l’extension du dispositif au 4e/3e Ă  la rentrĂ©e 2025, il est fort probable que les professeurs de maths et de français soient contraints d’avoir les 4 niveaux. Dans certains petits collĂšges avec 2 ou 3 enseignants dans une discipline, il sera mĂȘme impossible de faire 3 ou 4 groupes de niveaux, faute de professeurs disponibles.
 
Prof principal or not prof principal ?
 
Être professeur principal suppose, pour assurer sa mission correctement, de connaitre et de suivre ses Ă©lĂšves. Comment vont donc faire les professeurs de maths et de français qui n’auront en cours que des regroupements d’élĂšves venus de diffĂ©rentes classes pour ĂȘtre professeurs principaux ? RĂ©glementairement rien ne les en empĂȘchera, cependant, ĂȘtre professeur principal d’une classe dont ils ne connaitront qu’une partie des Ă©lĂšves risque d’ĂȘtre bien difficile.
 
Une dégradation des relations humaines
 
Toutes les consĂ©quences dĂ©crites prĂ©cĂ©demment crĂ©eront de fait diffĂ©rents conflits. Tout d’abord entre enseignants pour Ă©viter d’avoir les groupes d’élĂšves les plus faibles, qui seront plus difficiles Ă  gĂ©rer, comme le savent tous ceux qui l’ont dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ©. Regrouper des Ă©lĂšves en difficultĂ©, dĂ©motivĂ©s et parfois avec des difficultĂ©s d’apprentissage lourds, rend la tĂąche trĂšs ardue. Par ailleurs, rien ne dit non plus qu’on ne va pas au-devant de conflits avec les familles qui pourraient contester le groupe dans lequel leur enfant sera affectĂ©.
 
L’avis du SE-Unsa
 
DerriĂšre une annonce qui peut apparaitre comme sĂ©duisante et rassurante, les difficultĂ©s d’organisation seront lĂ©gion. Au-delĂ  du questionnement sur le bien-fondĂ© des groupes de niveaux, la dĂ©gradation des conditions de travail ne sera pas une fiction mais la rĂ©alitĂ©. Seuls les concepteurs ou les commentateurs qui n’exercent pas dans un collĂšge ne veulent pas l’admettre. Le SE-Unsa revendique donc que, faute de moyens pour financer ce projet, les groupes de niveaux soient abandonnĂ©s immĂ©diatement pour ne pas dĂ©grader davantage les conditions de travail des enseignants de collĂšge et des conditions d’apprentissage des Ă©lĂšves.
 
>> Lire aussi les articles de l’Unsa Éducation sur les groupes de niveau :

 

 
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