La décentralisation de l’ensemble du champ de la santé à l’École (infirmières et médecins) fait partie des hypothèses jointes à la note du Premier ministre du 15 janvier. Cette note est adressée aux préfets pour organiser la concertation avec les collectivités en vue de la préparation du Projet de loi « décentralisation, différentiation, déconcentration ».
L’UNSA Éducation a toujours soutenu la nécessité d’une mission de promotion de la santé à l’École. Ce projet de décentralisation de la santé à l’École ne garantit pas la poursuite de la totalité de cette mission au sein de l’Éducation nationale. C’est pourquoi l’UNSA Éducation demande à être reçue par le Premier ministre et par le Président de l’association des départements de France.
En effet, cette mise en discussion se fait sans aucune concertation avec les organisations syndicales représentatives et apparaît brutalement dans le débat.
Un tel choix pourrait remettre en cause les différents objectifs de santé des élèves dans le cadre du parcours de santé des élèves.
Un certain nombre de constats négatifs sont faits depuis plusieurs années, notamment le faible taux de réalisation des visites médicales à 6 ans et de nombreux rapports se sont aussi intéressés à la promotion de la santé à l’École depuis 2010. L’UNSA Éducation a alerté de nombreuses fois le ministère sur la situation et fait des propositions.
En particulier, comment vouloir atteindre les objectifs fixés avec un nombre de médecins scolaires réellement insuffisants ? L’ampleur de la tâche (au-delà même des visites) demandée aujourd’hui aux médecins avec un nombre de postes vacants qui ne cessent de croitre est inacceptable. L’UNSA Éducation n’a eu de cesse d’alerter sur ce sujet mais aucun gouvernement n’a fait le choix de prendre des décisions radicales pour favoriser l’attractivité de la médecine scolaire en termes de revalorisation et de conditions de travail. On comprend aujourd’hui les interrogations des médecins sur leur avenir avec le manque de considération actuel au sein de l’éducation nationale.
Par ailleurs, les visites médicales ne sont qu’un aspect du parcours santé des élèves qui doit répondre aux besoins spécifiques des élèves. Ce parcours doit débuter dès la maternelle et se poursuivre jusqu’à la sortie du lycée. L’éducation à la santé contribue aussi à l’épanouissement et au bien-être de tous et toutes, elle se construit progressivement avec les équipes de la communauté éducative.
La place des personnels et notamment infirmiers au sein des établissements scolaires et leur travail en réseau sur les écoles sont essentiels.
En décentralisant ces personnels de santé, on prend le risque d’une politique départementale qui remette en cause l’approche pluri-professionnelle auprès de tous les élèves.
Les collèges et les lycées ont besoin au quotidien de ces personnels dans leur rôle d’écoute, d’accompagnement, de prise en charge des problèmes de santé du quotidien, de mise en oeuvre des projets de prévention et d’information.
Prendre le risque d’abandonner la complémentarité des équipes pluri professionnelles santé, sociale et d’éducation au sein des écoles, des établissements c’est, pour l’UNSA Éducation, s’exposer à un renforcement des inégalités territoriales, sans garantie d’amélioration des dépistages et des bilans de santé inscrits dans la loi, ni d’amélioration de la réussite scolaire et éducative.
Pour l’UNSA Éducation la politique de santé à l’école doit être reconnue et affirmée dans toutes ses dimensions. Il faut également travailler à une meilleure articulation avec la politique de santé publique en lien et en partenariat avec les autres acteurs de proximité.
Pour cela, le ministère de l’Éducation nationale doit enfin prendre des décisions pour renforcer les acteurs de la santé à l’Ecole au sein de notre ministère.
Frédéric MARCHAND,
Secrétaire général de l’UNSA Éducation
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