Plusieurs agressions spectaculaires contre des enseignants et des chefs dâĂ©tablissement Ă la veille des vacances dâautomne ont remis dans lâactualitĂ© un sujet rĂ©current Ă lâĂducation nationale : celui de la violence contre les personnels. Violences surtout verbales, mais qui minent la santĂ© et la vie professionnelle parce quâelles sont mal prises en charge par lâinstitution.
Deux fois plus dâagressions que dans les autres mĂ©tiers
Si 7% des personnes ayant un emploi dĂ©clarent faire l'objet de menaces ou d'insultes dans l'exercice de leur mĂ©tier, cette proportion est prĂšs de deux fois plus Ă©levĂ©e (12%) dans l'Ăducation nationale[1].
Les chefs dâĂ©tablissements sont plus agressĂ©s que les enseignants, les enseignants du second degrĂ© plus que ceux du premier degrĂ©. Le taux dâincidents se stabilise en lycĂ©e professionnel aprĂšs plusieurs annĂ©es de hausse, mais une part croissante des faits est due Ă la consommation de stupĂ©fiants[2].
Les enseignants de collÚges et lycées sont le plus souvent menacés ou insultés par des élÚves (3 cas sur 4) tandis que ceux de maternelle et primaire le sont majoritairement par des adultes (7 cas sur 10).
Les personnels de moins de 30 ans sont plus exposĂ©s que les plus de 50 ans (14% contre 9%), par manque de formation et dâexpĂ©rience professionnelle mais aussi parce quâils sont souvent dans les Ă©tablissements les plus difficiles (5% des Ă©tablissements dĂ©clarent 24% des faits). Contrairement Ă ce quâon pourrait penser, les femmes ne sont pas plus menacĂ©es ou insultĂ©es que leurs collĂšgues masculins.
Une violence surtout verbale qui fragilise les personnes
La violence Ă l'Ă©cole relĂšve surtout d'actes de violence verbale. Ainsi, l'enquĂȘte CVS[3], montre quâen moyenne chaque annĂ©e 0,6 % des personnels de l'Ăducation nationale dĂ©clarent avoir Ă©tĂ© agressĂ©s physiquement dans l'exercice de leur profession. (0,5 % dans les autres emplois). En revanche, menaces et insultes dans l'exercice du mĂ©tier font proportionnellement prĂšs de deux fois plus de victimes parmi les personnels de l'Ăducation nationale.
Ces agressions ont souvent des répercussions sur leur santé ou sur leur capacité à exercer leur métier. Dans l'année qui suit l'incident, en moyenne, 46 % des personnels signalent des séquelles telles que des troubles du sommeil ou une perte de confiance en soi (contre 37 % des victimes parmi les personnes ayant un emploi). Un tiers des victimes estiment que l'incident a perturbé leur vie quotidienne, notamment leur vie professionnelle.
Une réponse institutionnelle encore insuffisante
Pour le SE-Unsa, lâaide des Ă©quipes mobiles de sĂ©curitĂ© ou la mise en place de cellule psychologique dans le cas dâĂ©vĂšnements graves ne sauraient compenser lâabsence dâune GRH et d'une mĂ©decine du travail dignes de ce nom. Lâabsence dâaccompagnement au quotidien des personnels victimes dâincivilitĂ©s, dâinsultes et de menaces verbales rend la reprise de lâactivitĂ© professionnelle trĂšs difficile aprĂšs une agression.
Plus dâinformations doivent ĂȘtre donnĂ©es aux personnels concernant leurs droits, notamment lâaccĂšs Ă la
protection fonctionnelle en cas de
« menaces, violences, voies de fait, injures, diffamations ou outrages » Ă lâoccasion de ses fonctions.
Plus gĂ©nĂ©ralement, le SE-Unsa soutient la mise en place des groupes acadĂ©miques « Climat scolaire » qui sâappuient sur une double dĂ©marche de prĂ©vention et traitement des problĂšmes de violence et d'insĂ©curitĂ©, ainsi que sur la redynamisation de la vie en milieu scolaire dans tous ses aspects, pĂ©dagogiques et Ă©ducatifs y compris. Des ressources sont disponibles
sur le site de Canopé.
[2] EnquĂȘte SIVIS (SystĂšme d'information et de vigilance sur la sĂ©curitĂ© scolaire) depuis 2007 dans le second degrĂ©.
[3] CVS :
EnquĂȘte annuelle du MinistĂšre de lâEducation nationale « Cadre de vie et sĂ©curitĂ© »