Alors que les premiers documents d’accompagnement -notamment sur le langage « travaillé » et le langage « enseigné »- sont sur le point de paraître et que l’été s’annonce, la mise en oeuvre des nouveaux programmes de maternelle est dans la tête de tous les professeurs des écoles concernés…
De l’avis général ces programmes vont dans le bon sens, reste à les décliner au quotidien dans nos classes dès la rentrée prochaine.
Voici quelques éléments essentiels à prendre en compte tels qu’ils ont été présentés à la Sorbonne en mai dernier et dans une conférence en Espé début juin.*
Elle a une spécificité essentielle mais qui n’empêche pas de conserver le travail commun mené avec l’élémentaire dans le cadre de l’ancien cycle 2.
L’école maternelle est un moment essentiel pour un bon accrochage scolaire, l’enfant découvre les contraintes du groupe mais aussi un nouveau lieu captivant. Parce que les adultes y sont moins disponibles qu’en famille, l’école contribue à la prise d’indépendance de l’enfant et le fait devenir élève. Pour Élisabeth Bautier “« Devenir élève » c’est penser que le monde est un objet d’interrogations et les savoirs en sont le résultat.” Quant à Viviane Bouysse elle précise que “dans « devenir élève », « devenir » est aussi important qu’ “élève”.“
Devenir élève c’est penser des actions et non simplement les vivre, l’école maternelle initie cette nouvelle posture. Cela suppose de dévoiler aux enfants le but de l’activité et de bien le différencier de la tâche. Le rôle de l’école c’est “faire”, “dire le faire” et “comprendre le faire”. On notera d’ailleurs que ces nouveaux programmes parlent de « domaines d’apprentissage » et non plus de « domaines d’activités », ce n’est pas un hasard ! Il est important de dévoiler les buts derrière l’activité en établissant des relations entre les actions communes et proches sans oublier de mobiliser aussi les enfants par l’imaginaire.
Le retour en force du jeu, essentiel dans le développement de l’enfant, est une bonne nouvelle. L’école est pensée dans ces nouveaux programmes comme un espace organisé de jeux permettant de développer un esprit indépendant et structuré.
À l’école on apprend ensemble pour vivre ensemble, le groupe est un élément essentiel et l’autonomie se construit dans le groupe. Il faut pour cela avoir le temps d’essayer, de se tromper, de recommencer… et pouvoir en parler ensemble pour comprendre ce qui se joue au delà de l’action : prendre la parole, s’exprimer, l’enfant se familiarise progressivement avec la catégorisation, l’évocation… Les interactions sont un pivot des apprentissages et les mettre en place un rôle clé de l’enseignant. En maternelle le groupe est un vecteur d’apprentissage via des projets ce qui doit continuer dans la cohérence à l’élémentaire et au delà !
La découverte du fonctionnement de la langue et du sens de l’écrit doivent s’ancrer sur l’oral,
en s’appuyant sur la production : en dictée à l’adulte et par l’écriture. Les enfants comprennent sa fonction et sa stabilité en l’utilisant concrètement au quotidien dans la classe. Le travail de la conscience phonologique quant à lui retrouve sa juste place, il ne doit pas se faire trop précocement au détriment du travail de l’oral et s’appuyer sur le rythme de la parole.
L’évaluation doit d’abord se faire en observant l’enfant en cours de réalisation de la tâche… et ne pas oublier que nous pouvons communiquer avec les familles et l’extérieur sur le travail de la classe autrement qu’en faisant faire des (tonnes de) fiches aux élèves ! le numérique peut par exemple s’avérer précieux via un blog ou un compte Twitter de classe par exemple.
Autres éléments forts abordés lors de ces manifestations sur la mise en oeuvre des nouveaux programmes :
- prendre en compte le lien entre Ă©motions et cognition
- lutter contre les stéréotypes filles/garçons par l’égalité de traitement et des possibles !
- aménager la classe pour en faire un lieu de vie…
- adopter une organisation temporelle maîtrisée adaptée aux enfants
- concilier l’identité personnelle et l’identité collective en donnant de la place à chacun.
* Il s’agit du séminaire organisé par l’Académie de Paris à la Sorbonne le 20 mai et de la conférence-débat organisé par l’Espé de Bonneuil-sur-Marne le 3 juin (merci à @ChristelPrudonpour sa prise de notes) – Le storify qui a servi de support à ce billet est ici.
Crédit images : Elles sont reproduites ici avec l’aimable autorisation de leur auteure qui souhaite être désignée comme un membre de la #TeamMaternelle sur Twitter, merci à elle !
Lien vers les ressources maternelle sur Eduscol