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SE-UNSA 40


 Par SE-UNSA 040
 Le  lundi 12 juin 2023

Réforme des retraites : Nouveau passage en force

 

Le 8 juin, le groupe parlementaire LIOT a été contraint de retirer sa proposition de loi, vidée de son contenu par le rejet des amendements ayant pour objet de revenir à la retraite à 62 ans. Une fois encore, les députés ont été privés de leur droit de vote.

En s’appuyant sur l’article 40 de la Constitution qui invalide une proposition de loi, lorsqu’elle crée de nouvelles dépenses non compensées, la présidente de l’Assemblée Nationale a déclaré irrecevables les amendements visant à revenir sur la retraite à 64 ans. Vidée de tout son contenu, la proposition de loi d’abrogation de la réforme a finalement été retirée par le groupe LIOT. Une fois de plus, l’expression du parlement aura été muselée.

Malgré l’utilisation abusive d’artifices constitutionnels bloquant le débat parlementaire, l’opinion, après quinze journées d’action, reste farouchement opposée à cette réforme des retraites aussi injuste qu’inutile, imposée sans vote. Sept Français sur dix estiment que le débat parlementaire était une nécessité. 64% revendiquent le retour à l’âge de départ en retraite à 62 ans.

La présidente de l’Assemblée Nationale, Mme Braun-Pivet, qui un temps, avait semblé vouloir préserver l’indépendance du parlement, a totalement abandonné cette posture pour se ranger aux ordres de l’Élysée et du Secrétaire général de la Présidence. Cela crée une situation inquiétante.

Dans sa toute récente résolution, adoptée le 8 juin dernier, l’UNSA rappelle « son attachement au respect de l’État de droit, à la stricte séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, à la liberté et l’indépendance des médias, à la liberté d’association et au respect des libertés individuelles ».

En privant le parlement du droit de voter les textes appelant à débat et à confrontation, le Président de la République porte gravement atteinte au principe démocratique de séparation du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Faut-il y voir un glissement vers une forme d’illibéralisme ? Sans forcer le trait, le matraquage et le gazage de manifestants pacifiques, comme encore il y a quelques jours à Millau, pourrait le laisser craindre. A trop longtemps gouverner contre l’opinion, on s’expose à de graves dérives.

Pour redonner droit à la démocratie dans ce pays, il reste le chemin aléatoire de la motion de censure, ou cet autre, tout aussi difficile, du référendum d’initiative partagée. Mais sans laisser libre cours à l’expression démocratique du peuple ou de ses représentants, le pouvoir joue un jeu dangereux. Il ouvre la voie à l’extrémisme, et chacun mesure où se situe le danger.