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SE-UNSA 40


 Par SE-UNSA 040
 Le  dimanche 3 septembre 2017

Rentrée 2017 : l’analyse du SE-Unsa

 

Pour le SE-Unsa, cette rentrée 2017 est une rentrée sous tension.  
Cette tension est avant tout politique. Elle est créée artificiellement par le ministre lui-même qui se montre hyper-communiquant et multiplie les annonces, lance des polémiques et clive.
Il veut à tout prix marquer le changement, son changement à lui, quand l'Éducation a besoin de sérénité et de continuité. I
La dernière tentative de polémique sur les méthodes de lecture utilisées à l'école primaire s'ajoute à celle sur le supposé « égalitarisme » ou le « pédagogisme ». Ces tentatives d'amorçage d'un conflit idéologique sur l'École visent à permettre d'ensuite œuvrer à un changement de cap encore plus radical.
Cette rentrée est une rentrée d'alternance politique. Et peut-être davantage une alternance conservateurs contre progressistes qu'une alternance gauche / droite.
Le positionnement ministériel est un mauvais coup qui serait porté à l'efficacité de l'École :
• L'Éducation a besoin de temps long.
• La Refondation de l'École avait comme objectif la lutte contre la reproduction des inégalités sociales et le ministre s'applique à déconstruire cette réforme systémique.
• Le ministre vient à nouveau percuter une profession qui n'en peut plus de va-et-vient.

Les questions de budget

120 000 postes en moins sur l’ensemble de la fonction publique d’ici 2022
La dynamique gouvernementale enclenchée va à contre-sens des
améliorations induites au cours de la mandature précédente en termes de moyens.
Dédoublement des Cp en Rep+ par redéploiement de 2 500 postes du dispositif Plus de maîtres que de classes
Nous sommes plutôt favorables à ce dédoublement mais pas en ponctionnant des moyens sur un dispositif qui n’a pas encore été évalué, et qui montre, au bout de trois années de mise en place, des signes très positifs. D’autre part, la question des espaces de travail n’a jamais été évoquée. Sur le terrain, avant même la rentrée, les enseignants témoignent des difficultées rencontrées et de la charge de travail supplémentaire induite.
Baisse drastique des contrats aidés (notre article, ici)
Déjà mis à mal auparavant, ces contrats aidés ont montré leur utilité aussi bien pour l’aide administrative (80 contrats supprimés dans les Landes) que pour l’accompagnement des élèves en situation de handicap.
Report de la mise en place des mesures de revalorisations salariales liées au protocole PPCR (parcours professionnels, Carrières et Revalorisations)
Ne pas aller jusqu’au bout de la mise en place de ce protocole ou le retarder est  un non respect des personnels et une non reconnaissance de leur travail. Pour l'instant, on navigue entre rumeurs et effets d'annonce...
Gel du point d’indice
Le dégel de l’an passé, bien que minime, a été perçu comme un premier signal dereconnaissance envers les personnels alors qu’il était figé depuis 2010. Cette mesure de restriction budgétaire s’ajoute au report du protocole PPCR annoncé, et aux mesures touchant aux prestations sociales. Tout ceci a pour conséquence directe la baisse du pouvoir d’achat.
Jour de carence
Réinstauré durant deux années, le jour de carence avait enfin disparu. Sa réintroduction est perçue comme une injustice. La raison invoquée autour de la lutte contre l’absentéisme ne rejoint aucunement la recherche de confiance sans cesse répétée par le ministre. Ne vaudrait-il pas mieux se poser les bonnes questions autour de la qualité de vie au travail ?
Gel de l’avancement
Une mesure supplémentaire qui aura des conséquences sur le pouvoir d’achat. Alors que le protocole PPCR instaure un avancement facile à anticiper pour gérer au mieux son budget personnel à moyen et long termes, un gel de l’avancement contribuera à engluer l’économie générale du pays. Sans projection rassurante possible, les fonctionnaires investiront moins.

Innovation : vers une marchandisation de l’École ?

Dans les écoles et établissements, des dispositifs ont vu le jour, souvent impulsés par les collègues eux-même dans le cadre de la classe, de l’aide ersonnalisée ou des EPI. Ils ont été soutenus par le SE-Unsa et divers mouvements pédagogiques.

Ces dispositifs visent l’autonomie des élèves à travers des pratiques souvent coopératives, ayant pour objectif l’acquisition active de connaissances et compétences.
 
Pour le SE-Unsa, l’innovation fait sens lorsque les équipes pédagogiques sont aidées pour s’emparer des problématiques locales et y apporter des réponses.

C’est pourquoi le SE-Unsa regrette d’entendre le ministre indiquer que les « innovations » menées par l’enseignement privé, et plus particulièrement l’enseignement privé hors-contrat, seraient un aiguillon pour le Service public.

Le SE-Unsa rappelle que l’autonomie des ces établissements privés est d’abord celle de ses dirigeants pour manager leurs entreprises et satisfaire leur clientèle.

Pour le SE-Unsa, l’innovation pédagogique ne peut pas être une tête de gondole dans le supermarché scolaire. 

Le SE-Unsa, dans le cadre du Comité national d’action laïque, demande que les bilans des inspections menées dans les écoles et établissements hors-contrat soient rendus publics. Il n’est pas possible sur le territoire de la République que 60 000 enfants puissent voir leur droit à une éducation de qualité remis en cause.

Il est dans l’ADN du SE-Unsa de promouvoir une école où chaque enfant pourra faire, par-delà les différences et divergences des parents, l’expérience de la fraternité dans la joie et du bonheur d’apprendre. Émanciper par le savoir est le sens de l’École laïque que nous aimons et défendons, l’innovation pédagogique y est capitale.

En conclusion,
Beaucoup d'annonces depuis l'arrivée de JM Blanquer au ministère. Certaines sont porteuses de sens pour notre système éducatif d'autres sont avant tout des marqueurs politiques de son projet éducatif personnel.
Monsieur Blanquer se présente comme un homme neuf mais il passe son temps à ressusciter les idées du passé : à l'école les techniques fondamentales/ au collège l'accès à la culture, le développement des talents plutôt que regarder la réalité des différences d'expériences personnelles vécues par les élèves, les parcours pour chacun sans vouloir voir que ça produit toujours les mêmes effets de hiérarchisation et de ségrégation...
Pour le SE-Unsa, on ne forme pas les élèves d'aujourd'hui pour la société de demain avec l'École d'avant-hier... Ce dont la société de demain aura particulièrement besoin, ce sera de personnes qui savent coopérer et qui seront créatives. Avec « Lire, écrire, compter et respecter autrui » à l'École primaire on voit l'École avec un filtre sépia quand on a besoin de préparer l'avenir ! Si on rétablit l'École d'autrefois dans le monde complexe et accéléré d'aujourd'hui, c'est toujours  le milieu social qui fera la différence. Ce seront toujours les mêmes qui vont perdre : les plus fragiles.
On verra bien dans les prochaines semaines comment l'opinion réagit, adhère ou rejette cette approche très politicienne de l'École. Nous espérons que les familles maintiendront leur confiance aux enseignants bien que lassées, elles  aussi, des  remises en cause et des va et vient incessants.


Le ministre  ne cesse de  parler de confiance... mais il cultive la méfiance voire la défiance.
•    La méfiance voire la défiance des familles et plus largement de l'opinion envers l'École. Avant lui, on ne travaillait pas sérieusement à l'école.
•    La méfiance des enseignants voire la défiance des enseignants envers leur ministre.

LE SE-Unsa attend du ministre qu'il substitue les déclarations de confiance par des preuves de confiance, par la reconnaissance du professionnalisme en ne dénigrant pas le travail accompli jusqu'ici. La reconnaissance du professionnalisme, passe par le fait de tout miser sur les équipes en les accompagnement. Il faut, pour le SE-Unsa qu'il arrête de citer l'exemplarité des établissements privés et rappelle le travail continu d'innovation des collègues de l'enseignement public qui ne le font pas pour l'attractivité de leur école ou de leur établissement, mais pour la réussite de tous les élèves, notamment les plus fragiles.


Pour conclure, dans ce climat politicien construit par le ministre autour de l'École, l'attitude neutre de la profession envers ce nouveau pouvoir avant l'été pourrait vite se transformer en une attitude défensive. Ce serait un échec pour le président qui veut réconcilier.
Le SE-Unsa restera fidèle à sa feuille de route pour construire une École durable qui donne les moyens aux élèves, à tous les élèves, de réussir. En regardant les réalités de notre système éducatif en face et en discutant pieds à pieds tous les dossiers qui s'ouvriront.
Au delà  des crispations de rentrée, au SE-Unsa, nous sommes prêts à travailler. Nous avons la prétention de penser que nous avons une place et un rôle à jouer pour que le système éducatif progresse. Nous ne sommes pas sûrs que ce soit partagé avec le ministère.
Sur les sujets de la rentrée, on peut comprendre que l'urgence ait été un frein à la concertation et que le ministère se soit contenté de nous donner de l'information.  Si ça devait se transformer en méthode de travail, cela deviendrait très compliqué.
Le SE-Unsa est un partenaire, certes, mais un partenaire du progrès.