Dans son discours de politique générale, Michel Barnier n’avait convaincu personne en annonçant que l’École resterait une priorité. Les mesures d’économie dans le budget 2025 confirment une relégation de l’École encore plus loin dans la liste des priorités du gouvernement et de ses soutiens à l’Assemblée. Le SE-Unsa dénonce une fois de plus le sacrifice de l’École publique !
Le projet de Budget 2025 a été rendu public hier dans la soirée. Même si en valeur nominale le projet de budget est en augmentation (+132 M), il est cependant le budget le plus régressif depuis la période Sarkozy. Les suppressions de postes annoncées et l’absence de mesures salariales pour 2025 prouvent que l’Ecole n’est pas la priorité de ce gouvernement. Le fait que l’Education nationale assume presque seule l’ensemble des mesures de suppression d’emplois dans la fonction publique indique clairement l’absence totale de poids politique de la ministre de l’Éducation nationale.
D’une part, la suppression de 4000 postes d’enseignants va venir aggraver le manque déjà profond de personnels. Classes davantage surchargées, remplacements encore moins assurés, accueil toujours plus indécent des élèves à besoins éducatifs particuliers…soit un nouveau seuil franchi de détérioration des conditions d’apprentissage des élèves et d’exercice des personnels.
660 ETP sont supprimés dans le premier degré privé sous contrat,
Comme chaque année l’enseignement privé est une nouvelle fois moins impacté que le public concernant les mesures de fermetures (cf. Communiqué de presse : Dotation des moyens dans le second degré : le privé encore et toujours favorisé )
Dans ces circonstances et sans surprise, le gouvernement s’appuie sur la baisse démographique pour justifier les suppressions de postes. Le taux de reprise démographique est de l’ordre de 70%. Cette pratique budgétaire se fait sans lien avec les réalités des besoins du monde éducatif (zones rurales, taille des établissements, …)
Une présentation malhonnête des chiffres. Plutôt que d’expliquer les raisons des suppressions de postes, sur le budget 2025, le gouvernement fait référence aux créations de postes des années antérieures. Seuls les 2300 ETP dédiés au groupes de besoins sont maintenus alors que l’ensemble de la communauté éducative y est opposé.
D’autre part, le verrouillage des enveloppes impactées en dit long sur le dialogue social mort-né quant aux choix de financement à effectuer. De l’argent à la rescousse du tant décrié plan Choc des savoirs, rien en revanche pour les besoins réels des élèves ni pour la revalorisation salariale urgente mais sans perspectives depuis deux ans. Une fois de plus, zéro effort à noter côté enseignement privé !
École inclusive : approche cosmétique
+ 2 000 postes d’AESH
+ 180 ETP pour les dispositifs ULIS à la rentrée 2025 contre 300 chaque année précédemment.
Ce ralentissement intervient alors que le nombre de places manquantes en ULIS et en établissements médico-sociaux conduisent à ce que 24 000 élèves sont privés de solutions d’accueil adaptées.
+115 ETP pour l’inclusion des élèves atteints de troubles du neurodéveloppement (autisme, troubles de l’attention, Dys-, …). Il n’est pas précisé s’ils sont inclus dans les +180 ULIS.
+100 postes pour les PAS pour 4 nouveaux départements.
Revalorisations salariales : néant
La seule mesure communiquée par le ministère dans son dossier de presse est l’augmentation du taux de promotion à la hors classe (22 à 23%). Cette mesure avait déjà été actée dans un décret il y a deux ans.
Pour cette année comme pour l’an passé aucune mesure de revalorisation n’est envisagée. Cela signifie qu’aucune amélioration de salaire n’est prévue pour les personnels avant septembre 2026.
Quand on connait le déficit d’attractivité et le décrochage salarial des personnels de l’éducation par rapport aux autres corps de la fonction publique et par rapport aux salaires du privé, le gouvernement crée les conditions favorables pour accroitre la désaffection de nos métiers.
Alors que les salaires enseignants ont progressé en moyenne de 4% dans les pays de l’OCDE, ils stagnent voire régressent en France. En revanche, le temps de travail des enseignants en France lui continue à augmenter et est l’un des plus importants.
Pacte : continuer à agiter les chiffons rouges
Seule enveloppe budgétaire que le ministère réussit à abonder : les dotations pacte RCD+ 98 millions d’euros.
La seule perspective dessinée par le gouvernement pour améliorer les rémunérations est de travailler plus et de faire des heures pacte RCD. Cela signifie concrètement que la plupart des projets sur lesquels s’étaient engagés les collègues du second degré ne verront pas le jour ou bien les collègues les réaliseront bénévolement.
Le ministère se félicite d’avoir triplé un taux d’efficacité du remplacement de courte durée (de 5% il est passé à 15%), des chiffres que le ministère refuse toujours de publier.
Ce n’est définitivement pas avec de tels choix inadaptés et de telles méthodes malhonnêtes que les élèves vont avoir confiance en leur avenir et que les personnels vont entrer ou rester dans le métier.
En quelques mots : une machiavélique orchestration de destruction du service public d’éducation débutée depuis 2017 qui atteint son paroxysme.
Le SE-Unsa exige du gouvernement de faire preuve d’un peu de respect et de responsabilité pour le pays en renonçant aux suppressions de postes annoncées. Le meilleur moyen pour "prévenir une crise dont les premières victimes seraient les plus faibles", c’est de donner les moyens à l’École publique !