Article publié le lundi 20 juin 2022.
Dans un objectif d’améliorer la prévention en matière de santé, sécurité et conditions de travail des personnels de l’Éducation nationale, le ministère a pour projet le lancement sur l’année 2022-2023 d’un document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp) dématérialisé à usage de tous, écoles, établissements et services.
Après l’avoir exigé depuis des années, le SE-Unsa participant à tous les travaux du CHSCT ministériel via sa fédération Unsa Éducation, s’est pleinement investi dans ce projet pour l’améliorer, tout en alertant sur les écueils à éviter et les marches qu’il reste à gravir.
Un rouage central
Aujourd’hui et depuis de trop nombreuses années, le constat quant à l’utilisation, et par conséquent l’utilité, du Duerp dans l’Éducation nationale est alarmant.
Le nombre d’établissements scolaires disposant d’un Duerp est encore insuffisant au regard de l’obligation légale : 67 % d’écoles, 60 % de collèges et 65 % de lycées selon le dernier bilan annuel de santé et sécurité.
Le nombre de services (DSDEN, rectorats...) qui en possèdent un est encore plus faible... seulement 22 %.
Par ailleurs, lorsqu’il existe, le Duerp est très difficilement mis à jour rendant encore plus désuet son intérêt réel : - de 30 % dans les écoles, - de 20 % dans le secondaire, - de 8 % dans les services.
Pourtant, le Duerp est un des rouages centraux en matière de politique de prévention des risques professionnels y compris psychosociaux.
Une utilité conditionnée
Pour que chaque usager potentiel de l’applicatif y ait acccès aisément, ce dernier devra être simple et intuitif, mais il devra aussi être au plus proche de la réalité des métiers et des problématiques du quotidien.
Au-delà de l’aspect technique, la création d’une application même nationale ne peut entraîner de changements escomptés si elle n’est pas intégrée à une logique d’ensemble en matière de prévention des risques. Pour preuve, les territoires où existent déjà des Duerp en ligne n’ont pas vu se développer plus qu’ailleurs une culture de la prévention des risques professionnels.
Le Duerp, s’il est important, ne permet qu’une analyse du risque et ne découle en aucun cas sur des solutions. C’est un outil technique qui fait partie d’un processus plus complexe.
Par conséquent, c’est la présentation de l’applicatif et plus particulièrement l’angle sous lequel il sera abordé auprès des personnels qui feront la différence.
L’avis du SE-Unsa
Pour le SE-Unsa, le projet d’applicatif Duerp est une opportunité à ne pas manquer pour enfin mettre la prévention au centre !
Cependant, ce nouvel outil ne peut se concevoir comme autonome et exige plusieurs conditions pour jouer réellement son rôle essentiel de prévention des risques et d’amélioration des conditions de travail des personnels.
Pour le SE-Unsa, il faut :
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définir un vrai programme annuel de prévention où l’applicatif Duerp sera un élément central dans sa construction comme sa mise à jour ;
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informer tous les personnels du plan annuel de prévention et les former à l’utilisation et la mise à jour du Duerp ;
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octroyer une place plus importante aux risques psychosociaux.