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Reprise le 11 mai : RĂ©flexions et point de situation
Article publié le dimanche 26 avril 2020.
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A 3 jours de l’annonce du plan de déconfinement et du protocole sanitaire, le SE-Unsa fait le point sur les questions qui taraudent le plus la profession.

 

Reprise partielle le 11 mai

L’annonce d’une reprise le 11 mai par le Président Macron a surpris à plusieurs titres. D’abord parce que personne (y compris dans son entourage proche) ne s’attendait à cette annonce. Ensuite, parce qu’il s’agit de la première fois depuis le début de la crise qu’il ne s’appuie pas sur « l’avis du conseil scientifique » - aurait-il pris cette décision seul ? Enfin parce qu’annoncer une date de déconfinement avant d’avoir réfléchi à une stratégie et aux protocoles à mettre en place donne l’impression d’avoir pris le problème par le mauvais bout.

La cacophonie qui a accompagné cette annonce depuis le 13 avril démontre bien le manque de réflexion et de préparation sur le plan de déconfinement. Pour l’UNSA, il aurait été préférable et plus logique de lancer, dans chaque secteur d’activité, une réflexion avec les partenaires sociaux, appuyée sur les recommandations des différents acteurs de la santé. Puis, de mettre en œuvre le déconfinement une fois les protocoles connus, assimilés et surtout, les conditions réunies pour assurer la sécurité de tous.

A ce jour, on a surtout l’impression que le gouvernement court après la date du 11 mai, posée dans le paysage tel un couperet, aux dépens de la santé des gens, élaborant dans l’urgence et à tâtons ces fameux protocoles.

Pour l’UNSA il est urgent de prendre son temps. La situation actuelle nous impose la plus grande prudence. Les bouleversements sont profonds et marqueront à jamais l’histoire de notre pays. La reprise de l’Ecole peut souffrir quelques jours ou semaines supplémentaires afin de rassurer aussi bien les personnels que les familles.

Si permettre une reprise économique du pays peut se comprendre, particulièrement au vu des millions de chômeurs et autres salariés en grande précarité, la reprise ne doit pas se faire aux dépens de la santé de celles et ceux qui la permettront et particulièrement les enseignants. Il est nécessaire :

  • de suivre les recommandations des diffĂ©rents acteurs de la santĂ© (OMS, ComitĂ© scientifique, ARS…)
  • de faire preuve de la plus grande transparence Ă  l’égard des personnels,
  • d’associer les partenaires sociaux (dont les organisations syndicales) dans la rĂ©flexion et l’élaboration des protocoles.

C’est à ce prix qu’une reprise et un début de déconfinement pourront s’envisager.

Pour aller plus loin :

 

Droit de retrait

De plus en plus de collègues, inquiets pour leur santé et celle de leur famille évoquent le droit de retrait. L’administration et plus largement les services de l’Etat ont vivement réagi en avertissant que les droits de retrait ne seraient pas acceptés. Décryptage

Si l’administration a réagi, c’est par peur d’un dévoiement du droit de retrait. Le droit de retrait est un droit, pour tous les salariés. Même en période de crise, les salariés ont des droits et il serait particulièrement malvenu des les en priver. Pour l’UNSA, il n’y a pas débat.

Par contre, ce droit ne s’applique que dans une situation de danger grave et imminent pour sa santé ou son intégrité physique. Pour déterminer s’il y a danger ou pas, il faut donc une référence. Le virus, son mode de transmission, sa contagiosité et toutes les incertitudes qui entourent sa dangerosité rendent difficile pour ne pas dire impossible d’établir une norme à laquelle on pourrait se référer pour établir si oui ou non, il y a danger.

Le protocole sanitaire attendu pour le mercredi 29 avril devrait constituer cette référence. Autrement dit, si les recommandations ou consignes édictées dans ce protocole n’étaient pas en place ou possible sur un établissement, l’établissement ne devrait pas ouvrir. Nul besoin donc d’user de son droit de retrait.

Si au contraire, on demandait aux agents de se rendre sur l’établissement malgré la non-application des recommandations alors le droit de retrait serait totalement justifié et le SE-Unsa soutiendra les collègues qui souhaiteraient en faire usage.

 

Passer des considérations pédagogiques à des considérations sociétales

Les enseignants sont des pédagogues et voient avant tout les questions qui relèvent de leur champ de compétences : les questions d’ordre pédagogique. La mise en œuvre remarquable et dans des délais records de la continuité pédagogique après l’annonce du confinement le vendredi 13 mars en est un exemple parlant. Cependant, la question d’une reprise dépasse la simple considération "pédagogique". Annoncer une reprise le 11 mai, c’est demander aux enseignants de permettre la reprise économique du pays, donc aux parents de retourner travailler progressivement.

Pour l’UNSA c’est clair ! Encore faudrait-il que cela le soit dans la bouche du Ministre et du gouvernement.

La première des choses serait donc de cesser de brandir les élèves en difficultés ou décrocheurs pour justifier cette reprise - qui ne permettra de toute façon pas, pour tous, leur retour sur les bancs de l’école - et d’assumer un plan national de reprise sérieux, préparé et accepté par la majorité de la population. Les enseignants sont des fonctionnaires et ils agiront en agents responsables. Si la demande est de permettre une reprise économique du pays, ils sont tout à fait capables de l’entendre.

Les personnels hospitaliers ont dû dans l'urgence se réorganiser complètement et réorganiser les services afin de faire face à la crise (adaptation des missions, des lieux de travail…). L’Education nationale doit pouvoir en être capable à son tour. S’organiser différemment pour permettre aux élèves de revenir sans se mettre en danger (eux ou nous), pour permettre aux personnels fragiles, à risque ou qui ne sont habituellement pas devant les classes (TR, RASED, CPE, PsYEN…) de participer eux aussi à cet effort collectif.
Cela reviendrait cependant à renoncer à la pédagogie à distance mise en œuvre depuis plusieurs semaines et qui a, d’une certaine façon, un caractère rassurant puisque maitrisé. De nombreux élèves continuent actuellement leurs apprentissages, qu’en sera-t-il demain ?

Reprendre en présentiel et en petits groupes ne permettra pas de mener les apprentissages aussi bien qu’actuellement et les enseignant.e.s devront donc accepter de sacrifier la question pédagogique qui est leur cœur de métier.

Pour l’heure, il apparait de plus en plus évident que de nombreux établissements ne seront pas en capacité (de par leur bâti, un manque de matériel ou encore le manque de personnel) de rouvrir. Seuls quelques-uns le seront. Se dessinera alors une mise en œuvre chaotique avec certains enfants présents, certains parents au travail, certains enfants bénéficiant de la continuité pédagogique de qualité quand d’autres ne pourront plus compter que sur les ressources du CNED ou de France 4. Et donc, in fine, beaucoup d’énergie et d’injustice pour seulement quelques jours d’écoles jusqu’aux vacances d’été…

Il est donc urgent de réfléchir sérieusement à la question en associant vraiment les partenaires sociaux dans un dialogue social constructif et sincère. Et non dans un ersatz de consultation.

Un retour à l’école nécessite de recréer du lien avec les élèves davantage que rattraper le retard dans les apprentissages. Mais aussi de faire un bilan de la période sur l’état « émotionnel » des enfants et des jeunes.

 

 
 
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