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> "Laïcité positive" : un concept faux et dangereux
Article publié le mardi 16 septembre 2008.
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Avec la venue du pape le week-end dernier, nous avons eu droit au retour de la "laïcité positive" dans le discours du Président de la République, dans celui de Benoit XVI et dans les commentaires des media.
 
On ne peut que douter du fait que le premier des français soit ignorant du sens du mot ; c’est donc que notre président use d’habileté rhétorique pour faire entendre qu’il faut une "laïcité positive" à l’endroit où actuellement, elle serait négative. S’ajoute à cela la référence insistante aux racines chrétiennes pour glisser qu’il serait bon de faire entrer le champ du religieux dans les affaires de l’État.
 
C’est en effet habile de faire passer la laïcité pour de l’anti religion à l’heure où "vendanger les croyants" semble si impérieux dans les discours de N. Sarkozy. Mais ce n’est pas la première fois qu’on tente de nous faire le coup de l’escroquerie sémantique et intellectuelle. Les opposants au concept de laïcité ont toujours cherché à diluer le sens du mot en l’associant à un adjectif comme on l’a fait pour l’école. C’est pourtant une grave entaille dans le pacte républicain d’oublier le peuple (laikos*, du peuple) pour subrepticement mettre en avant la morale religieuse. La Laïcité renvoie dos à dos croyants et athées pour rester dans la neutralité.
 
Henri PENA-RUIZ, professeur de philosophie et maître de conférences à l’IEP de Paris, décortiquait parfaitement ce genre d’attaques à la laïcité dans son ouvrage Dieu et Marianne (PUF) en 1999 (extraits pages 19 à 31) :
 
« L’approche méthodique du sens de la laïcité requiert les points de vue du droit et de l’histoire, de la théologie et de la philosophie politique. Affranchie de toute vision polémique et des limitations qui lui sont liées, elle semble d’autant plus nécessaire que les controverses les plus fréquentes portent sur la définition de la laïcité. Tout se passe en apparence, comme si le principe même n’en était plus contesté, mais à la condition d’être redéfini ou réinterprété. D’où l’expression polémique de "nouvelle laïcité", laïcité "ouverte" ou "plurielle" - comme pour suggérer le caractère supposé "fermé" ou sectaire de l"l’ancienne". [...]
 
« L’éclairage étymologique permet de mettre l’accent sur une référence trop souvent oubliée ou négligée : insister sur le laos* comme totalité humaine, multitude indifférenciée, c’est faire résonner dans un mot une sorte de rappel, et nommer un principe qui donne à toute pratique politique le repère d’un idéal de droit. Positivement, ce rappel met en jeu une idée simple et forte : la solidarité originaire de condition d’hommes vivant ensemble, si elle définit le cadre d’une sociabilité essentielle, ne conduit à une communauté politique légitime que si le principe de l’union se conforme aux exigences de liberté et d’égalité. Négativement, une telle référence invalide toute communauté de fait où un groupe d’hommes restreint est habilité à imposer ses normes à l’ensemble. [...] En ce sens, l’idéal laïque est inséparable de la justice sociale. Quant au refus d’un partage de la communauté entre les détenteurs patentés de la norme, et tous les autres, il découle logiquement du principe positif d’affirmation du laos*. Le peuple est en effet dessaisi de son unité de droit dès lors qu’est dévolue à un groupe la direction des âmes, et que de celle-ci procède une mise en tutelle de la puissance publique. C’est ainsi que le clergé, en grec Kleros, s’érige en puissance cléricale soucieuse d’une emprise terrestre indiscutée. »
 
« Dans la cité de tous, le bien commun est la liberté, condition d’accomplissement de l’humanité, et reconnu à tous, sans distinction ni différence. C’est dire que la seule loi qui vaille est celle que les hommes, tous les hommes, se donnent à eux-mêmes, et non celle que certains donneraient à d’autres. L’égalité des droits est le corollaire de cette liberté, car toute mise à part, toute préférence, tout privilège, génère d’emblée une dépendance. »
 
« L’union laïque est une union qui délie, et qui par là même fonde le lien social sur la liberté. Concorde volontaire, et non entente obligée. Car le lien volontaire, auquel on consent avec son coeur comme avec sa raison, est celui qui n’est pas imposé illégitimement. »
 
Pour le SE-UNSA, la défense de la Laïcité est une priorité. Nous agissons dans le cadre du Comité National d’Action Laïque (CNAL) pour faire respecter cette valeur fondamentale de la République.
 
 
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