Article publié le vendredi 31 janvier 2014.
Le ministère vient d’acter les principales orientations pour le collège unique.
Au SE-UNSA, nous continuerons d’œuvrer pour un collège résolument tourné vers l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
Les bases pour le collège unique sont connues : un tronc commun, des enseignements complémentaires (pour tous les élèves), de l’accompagnement (voir Enseignant n°171 p.14). Les horaires disciplinaires sont maintenus. De nouveaux cycles sont définis. La refondation du collège est donc lancée autour de deux axes, les contenus et l’évaluation, mais de nombreuses questions demeurent.
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Les contenus d’enseignement
Le Conseil supĂ©rieur des programmes (CSP) vient d’engager le travail d’articulation entre les programmes et le socle commun. Il est souhaitable, qu’à l’avenir, chaque discipline idenÂtifie les compĂ©tences du socle commun Ă acquĂ©rir, les situations d’apprentissage qui permettent aux Ă©lèves de les construire, leurs modaÂlitĂ©s d’évaluation. Plus que jamais, les programÂmes doivent s’inscrire comme les ressources qui permettent de dĂ©velopper les connaissances et les compĂ©tences des Ă©lèves. Les programmes doivent ĂŞtre ainsi rĂ©digĂ©s dans un rĂ©fĂ©rentiel unique et commun Ă toutes les disciplines, qui commencera par Ă©noncer les compĂ©tences indispensables Ă maĂ®triser Ă l’issue de la scolaritĂ© obligatoire. Ce rĂ©fĂ©rentiel facilitera les liens interdisciplinaires, sans nier la spĂ©cificitĂ© des disciplines, et harmonisera les rĂ©dactions très diverses et cloisonnĂ©es des programmes. Une entrĂ©e par domaines d’apprentissage, rassemblant plusieurs disciplines, est possible.
Afin de travailler les compĂ©tences des Ă©lèves, et de rĂ©pondre aux prescriptions qui dĂ©passent souvent le cadre strict des programmes (Ă©ducations à …), le SE-UNSA propose la mise en place d’itinĂ©raires d’apprentissage thĂ©matiques (correspondant aux enseignement complĂ©Âmentaires), qui confronÂtent les Ă©lèves Ă des situations d’apprentissage variĂ©es, complexes et qui participent Ă la construction et Ă la maĂ®trise des savoirs.
Ces itinĂ©raires peuvent permettre par exemple une mise en Ĺ“uvre effective de l’histoire du parcours d’éducation artistique et culturel ou du parcours de dĂ©couverte du monde professionnel. Des plages horaires consĂ©quentes doiÂvent y ĂŞtre dĂ©diĂ©es dans la semaine : c’est une nĂ©cessitĂ© car les itinĂ©raires font parÂtie intĂ©grante du curriculum des Ă©lèves.
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L’évaluation des élèves
Le diplĂ´me national du brevet doit ĂŞtre remplacĂ© par un brevet du socle commun qui valide l’acquisition du socle commun de compĂ©tences. Il est important qu’à l’issue de la scolaritĂ© comÂmune, un diplĂ´me reconnaisse les acquis des Ă©lèves. Mais ce processus doit s’apÂpuyer sur les Ă©valuations variĂ©es et qualitatives, menĂ©es lors des quatre annĂ©es du collège, notamÂment dans le cadre des itinĂ©raires d’apÂprentissage, et non plus seulement sur les notes de l’annĂ©e de troisième et des Ă©preuves terminales, qui ne jouent aucun rĂ´le dans la validation du socle commun. Si un outil de suivi est nĂ©cessaire concernant les Ă©valuations des Ă©lèves, c’est la dĂ©marÂche d’évaluation qui doit ĂŞtre repensĂ©e globalement. En effet, d’un cĂ´tĂ© le livret personnel de compĂ©tences concilie maladroitement outil de suivi et de certification finale, de l’autre les notes et les moyennes ne renseignent pas sur les niveaux d’acÂquisition des Ă©lèves. Mais la double-Ă©valuation (noÂtes et compĂ©tences) a surtout alourdi le processus d’évaluation et la presÂsion scolaire.
Pour le SE-UNSA, il faut d’une part revoir le bulletin trimestriel, en communiquant auprès des familles non pas des moyennes avec leurs comÂmentaires, mais ce qui a Ă©tĂ© travaillĂ©, les rĂ©ussites de l’élève, les difficultĂ©s rencontrĂ©es. Il faut, d’autre part, baliÂser le chemin des apprentissages des Ă©lèÂves grâce Ă des compĂ©tences didactiÂsĂ©es, avec des Ă©chelles descriptives des niÂveaux de compĂ©tences, ainsi que des Ă©valuations variĂ©es et plus formatives.
Pour y parvenir, il est nĂ©cessaire de repenÂser l’organisation du temps scolaire et du travail des Ă©lèves.
L’entrée au collège est un moment sensible. Le nouveau cycle entre le CM1 et la 6e, ainsi que la mise en place des conseils école-collège, devront permettre de renforcer la continuité entre l’école primaire et le collège. À côté des enseignements du tronc commun, les itinéraires d’apprentissage faciliteront la mise en place de projets et d’expérimentations sur des temps déterminés dans l’année. L’accompagnement doit s’orga- niser en fonction des besoins des élèves : tutorat, groupes de besoin, accompagnement éducatif...
Enfin, il est nĂ©cessaire de passer de la notion de «devoirs-maison» Ă celle de «travail personnel de l’élève» qui peut ĂŞtre effectuĂ©e dans diverÂses situations au sein de l’établissement : en classe, seul ou accompagnĂ© par un professeur ou un assistant d’éducation... L’École française ne peut pas demander aux familles d’exercer un rĂ´le pĂ©dagogique essentiel dans les apprentissages des Ă©lèves. Elle doit assurer ces apprentissages sur le temps scolaire.
Néanmoins la qualité du suivi du travail des élèves, entre École et familles, doit être renforcée a priori (qu’est-ce qui sera travaillé dans le trimestre, évalué, quelle aide apporter, comment planifier et organiser le travail ?), et non plus au fil du temps (cahiers de texte, bulletins de notes). L’autonomie des élèves est une compétence qui doit se travailler dans le temps du collège.
Ces propositions, qui s’inscrivent dans le cadre de la loi d’orientation, visent à sortir des impasses actuelles. Elles dessinent une ambition pour un véritable collège unique, qui soit accueillant pour tous les élèves, et qui permette la réussite de tous. Elles renforcent la professionnalité des enseignants et la nécessité de travailler en équipe autour d’un projet d’établissement qui réponde aux enjeux nationaux de la scolarité et aux particularités du collège d’enseignement.