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Parler et Roll : du bon usage de l’expĂ©rimentation
Article publié le lundi 24 juin 2013.
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L’Inspection gĂ©nĂ©rale vient de publier un rapport très intĂ©ressant  sur l’expĂ©rimentation de deux dispositifs en lien avec l’apprentissage de la lecture, PARLER et ROLL.
 
Alors que certains se sont contentés d’une lecture en diagonale approximative pour sortir un communiqué caricatural, nous avons pour notre part trouvé matière à réflexion dans ce rapport.
 
Tout d’abord, il pointe de graves lacunes dans le programme PARLER, qui a failli être généralisé pour remédier aux difficultés des élèves de GS classés à risque. PARLER consiste à pratiquer «des entraînements explicites du code alphabétique, de la compréhension et de la fluence de lecture».
Les rapporteurs ont constaté que ce programme comporte des apprentissages prématurés, des risques de créer des confusions et une absence d’indications pour accompagner les élèves. En effet en cas de non-réussite, il est juste conseillé de refaire faire à l’élève l’exercice “jusqu’à ce qu’il intègre la logique lui permettant d’accéder à la réponse […] “ Mais les rapporteurs constatent qu’à aucun moment, cette « logique » n’est identifiée et que les enseignants ne sont pas outillés pour y remédier. Les confusions entre syllabes et mots que nous avions pointées à l’époque ainsi que la mise en place de mécanismes phonologiques non productifs sont également évoqués. On a ici à faire à une mécanique de codage/décodage hors contexte qui peut n’avoir aucun sens pour les élèves surtout les plus en difficulté. Un autre effet pervers est constaté dans une école maternelle où les enseignants ont déclaré que “les élèves ayant “résisté” (sic) au programme ne relevaient pas de leurs compétences mais de l’expertise d’un enseignant spécialiste du français langue de scolarisation ou d’orthophonistes.”
Néanmoins certains points positifs de PARLER sont indéniables : le côté cadré et répétitif qui rassure certains enseignants, les sollicitations individuelles des élèves, l’accent mis sur la phonologie et la rigueur des exercices.
 
Le deuxième dispositif étudié ROLL (Réseau des Observatoires Locaux de la Lecture) existe depuis 1992 et relève d’une autre logique. Centré sur le cycle 3 il consiste à développer la compréhension de l’écrit et s'adresse à des enseignants volontaires. ROLL propose des ressources numériques, des outils d'évaluation et prend en compte les contributions des enseignants. L’équipe universitaire de Paris V coordonne l’ensemble du dispositif, organise la formation, assure l’animation du site internet, organise un séminaire national et propose des recherches-actions. Les activités sont fondées sur la participation orale active des élèves dans des petits groupes (ateliers de questionnement de textes), de l’entraînement et des pratiques culturelles.
Comme pour PARLER, le rapport pointe le souci de s’organiser pour travailler avec des petits groupes, cela suppose de laisser les autres élèves en autonomie ou de pouvoir faire appel à d’autres personnels (ex : PVP à Paris ou prof de Segpa et prof doc en collège).
Dans les points positifs sont notés un fort investissement des équipes locales, parfois une coopération école-collège, des textes variés, des propositions ouvertes pour les pratiques culturelles, une banque d'outils évolutifs, un rituel rassurant, une bonne implication de tous les élèves et des progrès significatifs pour les plus faibles. Mais il reste difficile d’évaluer l’impact réel. Les limites sont : l’utilisation de textes simplifiés, une méthode figée, une grande diversité dans l'implication, dans les utilisations des ressources, la mutualisation freinée par la complexité du site pour publier des ressources.
 
Le rapport conclut que l’enthousiasme des pionniers ne se transfère pas nécessairement et que rien ne garantit la reproductibilité en situation d’extension dans d’autres conditions. La synergie positive vient davantage du fait d’expérimenter et de travailler en équipe que du contenu même de ce qui est expérimenté.
Cela remet largement en cause la notion de “bonnes pratiques” que l’on voit de plus en plus souvent utilisée. En effet ce qui est bon ce n’est pas une pratique en soi, mais son adéquation avec des besoins et avec la façon dont un enseignant ou une équipe a souhaite et peut travailler.
Rappelons aussi qu’expérimenter ce n’est pas seulement appliquer des “programmes clés en main” qu’on ne peut de toutes façons empiler à l’infini mais que c’est avant et surtout faire des choix et se mettre en projet. N’oublions pas non plus qu’évaluer une expérimentation avec les outils usuels risque de faire l’impasse sur sa véritable plus-value qui réside bien souvent dans ce qui n’est pas évalué : motivation, prise d’initiative...
 
Enfin, les rapporteurs posent la question de fixer une Ă©thique de l’expĂ©rimentation en dĂ©veloppant l'idĂ©e que les Ă©lèves ne peuvent pas ĂŞtre utilisĂ©s comme des cobayes. Mais les Ă©lèves ne sont-ils pas toujours, d'une certaine façon, les cobayes de leurs enseignants et de l’institution, dans la mesure oĂą il n'existe pas de dĂ©marche Ă©prouvĂ©e valable dans tous les contextes et que l'empirisme est forcĂ©ment de mise en pĂ©dagogie ? Enfin ne vaut-il pas mieux expĂ©rimenter avec la dynamique que cela entraĂ®ne, plutĂ´t que de frileusement continuer “comme avant” mĂŞme si cela n’est pas efficace ? 
 
 
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