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L’Unsa Education s’est adressĂ©e au prĂ©fet en CDEN
Article publié le lundi 7 janvier 2019.
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Gilets jaunes, stylos rouges, mixité sociale, pouvoir d'achats des fonctionnaires, loi de l'Ecole de la confiance, etc. Autant de sujets d'actualité qui ont fait l'objet de notre déclaration au Préfet et aux membres élus en CDEN :

Préambule :

"A titre personnel, voici cinq années que je siège dans cette instance et à écouter les inquiétudes, les mises en garde et les avis critiques des différentes déclarations tant des usagers (parents d'élèves) que des acteurs du service public d'éducation (délégués des personnels), je me demande si un jour viendra où nous nous retrouverons ici pour regarder en arrière et se satisfaire du chemin parcouru et se trourner vers l'avenir, se retrousser les manches et continuer à améliorer les conditions d'enseignement pour nos élèves et d'exercice de notre profession. Malheureusement, vous l'aurez compris, ce n'est pas pour aujourd'hui !!! (Olivier Dusserre-Telmont - Délégation Unsa Education du Gard)

Monsieur le Préfet, Madame la Vice-Présidente du conseil départemental, Monsieur le directeur Académique, Mesdames et messieurs les membres de ce CDEN,

Ces dernières semaines, notre département a vu s’exprimer, avec ou sans gilet jaune, comme partout en France, une demande forte de justice sociale. Depuis plusieurs CDEN, notre fédération a exprimé ici-même un appel et une mise en garde de même nature. Les enseignants dont nous portons la voix, vous demandent régulièrement d’impliquer tous les acteurs publics du département et de la ville de Nîmes pour rendre concrète et accessible la promesse républicaine d’une société plus juste, à laquelle chacun contribue selon ses moyens sans qu’aucun ne puisse s’y soustraire. Pour réduire les divisions qui frappent notre société.

Lors du CDEN du 6 juillet dernier, nous évoquions le sort de ces professeurs du Gard qui exercent dans des écoles ou des collèges qui concentrent une très grande difficulté scolaire. Ils nous témoignent et nous le relayons ici, combien l’échec scolaire, concentré à ce point devient insurmontable et cette grande difficulté scolaire est inhérente à une grande difficulté sociale dans certains quartiers.

On peut dédoubler des classes en REP et REP+, augmenter les moyens éternellement pour remédier à cette situation. Mais si l’on veut résoudre le problème efficacement, il faut agir sur les causes et non traiter les conséquences.

Pour ce faire, il faut commencer par encourager des plans d’urbanisme visant à faire de la mixité sociale dans les quartiers pour que cette mixité découle sur nos écoles et nos établissements. Et non attendre le phénomène inverse...

Si l’on prend les constats d’effectifs de la rentrée 2018, on constate que 88% des élèves gardois sont scolarisés dans le public et 11,3 % en écoles et établissements privés sous contrat.

Notre prĂ©occupation, vous le savez, va vers les Ă©coles et collèges de NĂ®mes qui sont confrontĂ©s quotidiennement Ă  une vĂ©ritable fracture scolaire. Pour en finir avec les approximations, nous avons fait un travail très simple qui consiste Ă  demander au PĂ´le Inscriptions Scolaires de la ville de NĂ®mes leurs effectifs : 4619 Ă©lèves de maternelle + 8267 en Ă©lĂ©mentaire font 12 886 Ă©lèves scolarisĂ©s dans les Ă©coles publiques nĂ®moises. Nous avons alors pris le tĂ©lĂ©phone pour connaĂ®tre les effectifs des Ă©coles privĂ©es de NĂ®mes. Au total, 3 222 Ă©lèves sont scolarisĂ©s dans des Ă©coles privĂ©es sous contrat. Soit plus de 20 %. Loin de donner l’exemple donc, Ă  NĂ®mes bien plus qu’ailleurs dans le dĂ©partement, les enfants se dĂ©tournent de l’école publique accentuant la fracture scolaire. Dès lors, on retrouve en Education Prioritaire, mais pas seulement, Ă  l’école CapouchinĂ©, Ă  la Placette, Emile Gauzy ou Marguerite Long, une très faible mixitĂ© scolaire. Car ne nous y trompons pas, l’évitement scolaire ne concerne pas les Ă©coles des beaux quartiers.

Nous voulons alerter les membres de ce CDEN sur la nécessité de mobiliser tous les acteurs du service public d’Education pour réfléchir à ces questions.

Et comme nous ne sommes pas du genre à tout attendre de l’Institution, nous avons invité dans le Gard deux intervenants de renom pour sensibiliser les enseignants du Gard.

Ainsi, à l’invitation de l’Unsa Education, le 19 novembre dernier, Jean-Paul DELAHAYE, ancien DEGESCO et Président du CNAL, conseiller ministériel de Vincent PEILLON, est venu sensibiliser 80 enseignants gardois.

De la même manière, le 16 janvier prochain, 140 enseignants viendront au lycée Philippe Lamour pour écouter et débattre avec Philippe MEIRIEU autour des vrais fondamentaux de l’Ecole de la République.

Car l’Unsa Education partage avec ce pédagogue l’idée d’une Ecole publique qui donne la chance à nos enfants, de se confronter à la différence de l’autre. Et de s’en enrichir. L’Ecole publique ne s’attache pas seulement aux savoirs, mais au savoir vivre ensemble.

Dans le même temps, nous le dénoncions au dernier CDEN, notre ancien recteur Christian Philip, ancien recteur d'académie de Montpellier, apparaît dans des reportages sur France 3 et le Midi-Libre comme un acteur de poids dans l’expansion d’un établissement privé sous contrat aux côtés d'Yvan Lachaud, lui-même président de Nîmes Métropole.

Vous étiez malheureusement absent M. le préfet mais nous vous renouvelons notre demande de saisir la cour régionale des comptes afin de mettre de la transparence dans cette affaire.

Selon l’UNSA Education, il y a là un conflit d'intérêt que des cadres du service public s’investissent à ce point au bénéfice d’un institut privé qui ne fait rien, et c’est le moins que l’on puisse dire, pour faciliter la mixité sociale. Comment ne pas s'interroger quand on est enseignant et qu’on fait face quotidiennement dans des écoles et des établissements nîmois, à une si grande concentration de la difficulté scolaire ?

Dans le même temps encore, Jean-Michel Blanquer présentait son projet de loi pour une école de la confiance en conseil des ministres. Ce projet avait fait l’objet d’un passage express devant les instances de consultation de l’Education nationale en octobre. La communauté éducative avait alors exprimé sa très large opposition à ce projet. Notre question est : Faut-il que les représentants des enseignants mettent un gilet jaune pour être entendus par le ministre ?

Nous rejetons ce projet de loi initialement justifié par la décision présidentielle d’abaisser à 3 ans l’âge de l’instruction obligatoire car il va favoriser particulièrement le séparatisme social, en décidant de l’extension du financement public obligatoire aux classes maternelles privées. L’estimation du montant est de 50 millions d’euros.

Dans le mĂŞme temps enfin, l’adoption par le SĂ©nat de deux amendements visant Ă  relever de 14 millions d’euros le montant de l’enveloppe accordĂ©e aux Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur privĂ©s, ne peut que renforcer la sĂ©grĂ©gation scolaire qui menace la cohĂ©sion nationale et nuit Ă  la rĂ©ussite des Ă©lèves les plus fragiles. 

Par un communiqué rendu public le 14 décembre dernier, le CNAL (Comité National d’Action Laïque), rappelle que les inégalités en termes de scolarité sont devenues insoutenables dans notre pays. La France confirme la très forte corrélation entre le milieu social d’origine et la réussite scolaire. L’OCDE et le CNESCO ont récemment mis en évidence ce phénomène : en matière d’éducation, la France donne moins à ceux qui ont moins. Cette tendance doit être corrigée dans l’enseignement public.

Au niveau national, nous observons que les établissements privés accueillaient 26% d’élèves issus de familles favorisées en 1984, ce taux est passé à 36% en 2012, et dans certains établissements parisiens il dépasse aujourd’hui 80%. Ainsi, davantage d’argent public va solidifier l’entre-soi scolaire que s’est construit la frange la plus favorisée de la population.

De la même manière que nous le faisons localement, le CNAL demande que le coût de la politique de financement public des établissements privés, instituée en 1960, soit évalué par la Cour des Comptes. Il est temps de connaître la réalité de son montant global, et de savoir si ce choix politique rend un réel service à la Nation.

Pour conclure, après avoir parlé de nos élèves, nous voudrions parler de nous, les enseignants et le sort réservé au pouvoir d’achat aux fonctionnaires que nous sommes.

Lors de son intervention télévisée du 10 décembre, Emmanuel Macron a évoqué des décisions importantes pour le pouvoir d’achat des Français. Il n’a pas seulement cité les 5 millions d’agents publics ni annoncé de mesure spécifique nous concernant. Pourtant, nous sommes confrontés à un nouveau gel de la valeur du point d’indice depuis 2017, à l’instauration d’un jour de carence, au report d’un an de l’application de PPCR et ceci, concomitamment à la poursuite de la hausse annuelle de notre cotisation retraite.

Ajoutez à cela la suppression des postes dans l’administration et le second degré et vous comprendrez le sentiment des enseignants dont on charge chaque jour un peu plus la barque tout en les privant des moyens d’avancer. La dernière attaque en règle vient du Sénat qui a adopté un amendement portant à 3 jours le délai de carence pour les congés de maladie dans la fonction publique.

L’Unsa condamne cette mesure qui, si elle était adoptée, porterait un coup très grave à toute la fonction publique. Pour l’Unsa, c’est le principe même du rétablissement de cette carence qui est à combattre car cette mesure n’a pas prouvé son efficacité chez les enseignants, dont les absences ne sont ni plus nombreuses ni plus fréquentes que dans d’autres secteurs, publics ou privés. C’est un recul de plus en termes de droits sociaux et une mesure pénalisante.

Pour l'Unsa, cette mesure est inacceptable.

Merci de votre attention.

Les Délégués du personnel de l’Unsa Education


Nous vous rendrons compte à la rentrée des suites et des échanges mais sachez d'ores et déjà que :

  • Rendez-vous est pris avec la reprĂ©sentante de NĂ®mes MĂ©tropole
  • Le prĂ©fet s'est engagĂ© Ă  reprogrammer la rĂ©union initialement prĂ©vue en prĂ©fecture Ă  la rentrĂ©e de septembre pour faire le point sur les aides administratives en situation de handicap ou couverts par la loi Rebsamen dont le contrat a Ă©tĂ© supprimĂ©
  • Le prĂ©fet nous a assurĂ©s qu'il ferait la lumière sur la question de l'ancien recteur Christian Philip en donnant les suites auprès de la cour des comptes si c'Ă©tait nĂ©cessaire
  • En rĂ©ponse au problème soulevĂ© par le Se-Unsa et remis sur la table par une autre fĂ©dĂ©ration hier, concernant des directeurs qui auraient Ă©tĂ© appelĂ©s par la gendarmerie pour connaĂ®tre l'identitĂ© des grĂ©vistes les jours de grève, il nous a indiquĂ© qu'il avait pris l'attache des services concernĂ©s et que selon le responsable de la gendarmerie, nulle dĂ©marche de ce type n'a pu ĂŞtre commandĂ©e. Ce procĂ©dĂ© Ă©tant totalement inacceptable, il est demandĂ© que des cas prĂ©cis et que les demandes soient identifiĂ©es pour qu'il puisse intervenir. 
 
 
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