L’UNSA Éducation souhaite rendre hommage au travail de tous les professionnels de l’éducation en prenant le temps de dire la réalité du métier depuis la rentrée scolaire :
– Le terrible suicide d’un élève, victime de harcèlement, et la surexposition de l’Ecole dans la médiatisation du harcèlement entre élèves ;
– L’attentat d’Arras et le meurtre de notre collègue Dominique Bernard, un drame dont les séquelles seront bien plus profondes en raison du sentiment d’impuissance ressenti et de l’effroi trois ans après l’assassinat de Samuel Paty ;
– La multiplication des alertes à la bombe et les dysfonctionnements engendrés ;
– La remise en question outrancière du professionnalisme et de l’éthique des enseignant∙es par les propagandes idéologiques de collectifs de parents d’extrême droite, encore accueillie ce weekend dans l’enceinte même du Sénat.

A cela sont venues s’ajouter les catastrophes climatiques qui n’ont pas épargné le bâti scolaire et qui impactent par conséquent le travail des professionnels qui y travaillent, lesquels doivent gérer une somme de tâches allant des dégâts matériels à la continuité pédagogique passant par les multiples informations aux familles.
Comme jamais auparavant la profession ne l’avait sans doute ressenti, ces vacances ont semblé venir clore de longues semaines de travail sans pause alors que l’année a débuté il y a seulement deux mois.

Qu’est-on en droit d’attendre d’un employeur dans un climat de travail aussi dégradé, aussi déstabilisant pour des personnels de plus en plus fragilisés ?

Pour l’UNSA Éducation, dans un tel contexte, le ministère se doit d’être à l’écoute pour décider et agir au plus près de la réalité des besoins ; il doit aussi prioriser car l’accompagnement essentiel au bon fonctionnement de l’École comme de ses personnels ne peut se faire dans un rythme effréné.

De façon regrettable et dommageable, ce sont d’autres choix que le ministère a faits. Par une omniprésence médiatique, la surexposition de l’École par son ministre conduit à une fragilisation de celles et ceux qui s’y investissent chaque jour. Par une surenchère d’annonces, le ministre fait de l’École un objet soumis au gré des vents et des polémiques. Pour les personnels, le sens des missions devient illisible, se perd. Par une image très arrêtée de là où il veut la conduire, le ministre dessine une vision de l’École simplifiée et figée, fort éloignée de ce qu’est l’École en réalité.

Pour l’UNSA Éducation, dans un tel contexte, le ministère doit savoir respecter, et non seulement se contenter de les dire, les blessures. Il doit respecter les temps pour les panser, prendre en compte les difficultés et donner les moyens d’y remédier. Là aussi, de façon regrettable et dommageable, le ministère a fait d’autres choix. Ne respectant pas le temps des congés et de la déconnexion plus que jamais indispensables pour réparer, retrouver un équilibre, le ministère écrit et missionne ses personnels durant la pause plutôt qu’abandonner ou différer ses projets :

– Enquête flash sur la sécurité des écoles et établissements envoyée veille de vacances et pour laquelle les résultats étaient si prévisibles d’avance qu’il était inutile d’alourdir accessoirement et dans l’urgence une dernière semaine pour directeurs et chefs d’établissement ;
– Communication des consignes de passation des questionnaires harcèlement durant les vacances pour une mise en œuvre trois jours après la rentrée. Comment peut-on saboter à ce point un dispositif qui revêt autant d’enjeux ?
– Consultation dans le cadre de la mission « Exigences des savoirs », elle aussi adressée aux personnels durant les vacances et pour laquelle l’UNSA Éducation ne nourrit guère d’illusion quant à la pris en compte effective de l’avis de la profession.

Alors certes, le ministère ne peut contrôler tout de ce qui impacte l’Ecole, ses personnels et ses élèves. Certes, le ministère ne peut tout prévoir, mais à défaut de faire les choix le plus opportuns pour l’École et ceux les plus adaptés à la réalité des besoins, il aurait a minima pu éviter une chose : ne pas respecter un temps de répit pour les personnels.
Pour l’UNSA Éducation, cette façon d’agir est inacceptable. A l’instar de la formation continue déportée sur les périodes vaquées, ignorant une fois de plus la réalité du temps de travail effectif des personnels ; c’est une nouvelle marque de déconsidération.

Alors s’il est vrai que notre ministère manque cruellement de personnels, ce n’est sûrement pas en alourdissant à l’infini les temps et la charge de travail des personnels que l’on donnera envie de s’engager dans l’Éducation nationale. Prenons garde aux mauvais calculs, prenons garde à trop jouer avec les limites.
Des limites qui sont franchies à tous les niveaux jusqu’à la remise en cause du droit à se projeter sur un déroulé de carrière lisible et juste. Nous y reviendrons en cours de séance lors du point inscrit à l’ordre du jour sur le sujet, mais nous dénonçons d’ores et déjà, comme nous l’avons fait tout au long des travaux précédents et auprès du ministre lui-même, les choix arrêtés pour modifier les modalités d’accès à la classe exceptionnelle. Là aussi, ce n’est pas en supprimant toute objectivité à une promotion et en gommant des années d’investissement de nombreux collègues sur des missions et fonctions particulières que l’envie et la capacité des personnels à surmonter les difficultés de l’Ecole aujourd’hui va se renforcer.

L’UNSA Éducation porte un message clair auprès du ministre : respectez vos personnels, apprenez à les ménager, ce sont eux qui font l’Ecole au quotidien.