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Venue du Ministre de la réussite scolaire à Trévron (audience)
Article publié le lundi 21 octobre 2024.
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Du concret, rien que du concret !

 Un adhĂ©rent nous ayant appris la venue du Ministre de la rĂ©ussite scolaire et de la Voie Professionnelle, nous avons sollicitĂ© une audience afin d’aborder, entre autres, les problĂ©matiques fortes des Ă©coles publiques de notre AcadĂ©mie : le manque criant d’AESH et les Ă©lèves Ă  forts troubles du comportement.

Un temps d’échange nous a Ă©tĂ© accordĂ©, avec le conseiller parlementaire du Ministre, le chef de Cabinet du Recteur et le SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de l’IA 22. Ce fut en quelque sorte du « Speed Alerting Â» oĂą nous souhaitions prĂ©senter du concret, car dans nombre de situations, nos collègues ne peuvent plus faire classe. Triste et cruelle rĂ©alitĂ© Ă  l’heure oĂą le projet pour l’école est pourtant d’en fermer de nombreuses…

Et concrets nous l’avons été puisque j’étais accompagné d’une représentante du personnel du SE-UNSA, par ailleurs directrice d’école qui gère, entre autres, un enfant qui a de forts troubles du comportement depuis 2 ans… Et qui est aussi responsable PIAL.

Présentation

 J’ai prĂ©cisĂ© que j’intervenais pour l’UNSA Éducation Bretagne, pour laquelle je siège en CSA AcadĂ©mique et en Formation SpĂ©cialisĂ©e de CSAA, mais aussi pour le SE-UNSA dont je suis le secrĂ©taire DĂ©partemental. Nous avons tout d’abord prĂ©sentĂ© notre fĂ©dĂ©ration UNSA Éducation qui reprĂ©sente tous les personnels de l’Éducation, de la maternelle Ă  l’UniversitĂ©, MĂ©decins, Infirmières, AESH, AED, IEN, CPE, Chefs d’établissement, IA IPR, Psy, Assistantes sociales.

Situation dans notre Académie

 Nous avons Ă©voquĂ© brièvement le baromètre des mĂ©tiers de l’UNSA Éducation, plus grosse enquĂŞte faite en direction des personnels de la Fonction publique cette annĂ©e (50 000 rĂ©pondants dont 1/3 d’adhĂ©rents). Le système ne tient que grâce au dĂ©vouement des agents publics : 91,5% aiment leur mĂ©tier, mais 71,9% des personnes interrogĂ©es disent que leurs conditions de travail ne sont pas satisfaisantes. Nous avons aussi Ă©voquĂ© les rĂ©ponses Ă  « les missions qui vous donnĂ©es ont-elles du sens ? Â». Non pour 49 % des IEN interrogĂ©s, 40% pour les chefs d’établissement, 38% pour les directrices et directeurs d’école…

 Dans cette enquĂŞte, 74% des personnels ne savent pas s’ils peuvent accĂ©der ou tout simplement n’ont pas accès Ă  la mĂ©decine du travail. Ce qui nous a permis d’évoquer la situation catastrophique de notre AcadĂ©mie oĂą il ne reste plus qu’un mĂ©decin des personnels qui va bientĂ´t partir Ă  la retraite (il pourrait y avoir prochainement l’arrivĂ©e d’un mĂ©decin). Il ne manque pas que des mĂ©decins, il manque aussi des assistantes sociales et des infirmières… Avec des consĂ©quences importantes sur la santĂ© mentale des Ă©lèves.

 Nous avons aussi pointĂ© la situation des universitĂ©s bretonnes qui sont en faillite Ă  cause du manque d’investissement dans le supĂ©rieur et depuis la loi sur l’autonomie des universitĂ©s.

 Nous avons exposĂ© la spĂ©cificitĂ© de notre AcadĂ©mie oĂą il y a une forte concurrence, dĂ©loyale, avec le privĂ©. Rennes est une des acadĂ©mies oĂą les DGH des lycĂ©es privĂ©s sont plus Ă©levĂ©es que celles du public, le privĂ© bĂ©nĂ©ficiant par ailleurs de subventions record de la RĂ©gion (186 millions d’euros par an).  N’oublions pas les CFA qui se multiplient et accaparent le budget de l’état !

Nous avons aussi rappelĂ© ce que nous avions dit au Recteur : « nos collègues veulent juste pourvoir faire classe Â» et dans nombre de situations cela n’est plus possible !

Élèves à forts troubles du comportement

 Nous avons alors Ă©voquĂ© la prĂ©occupante problĂ©matique de la gestion des Ă©lèves ayant des troubles du comportement. Nous avons commencĂ© par apporter des prĂ©cisions importantes car derrière les mots se trouvent une bien dĂ©licate vĂ©ritĂ©, vraisemblablement inimaginable : on ne parle pas d’élèves turbulents, un peu agitĂ©s, on parle d’élèves parfois très jeunes qui vous insultent, vous tapent, brutalisent leurs camarades, cassent tout dans les classes…

Après les mots, les chiffres avec le récent bilan émanant du rectorat (CSAA FS du 8 octobre) et ceux tout frais du registre de sécurité et santé au travail des Côtes d’Armor (lecture à déconseiller le soir au vu de contenu des fiches).

Bilan des fiches Santé et Sécurité au Travail par lesquelles les personnels de l’Éducation alertent leur employeur sur leurs conditions de travail.

-      En 2023/2024

 Dans l’AcadĂ©mie, 4009  Fiches SST ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es, cela correspond Ă   +43,8% du nombre de signalements, + 29% d’écoles ou d’établissements concernĂ©s.

On compte 738 fiches dans les CĂ´tes d’Armor, dont 427 que nous avons repĂ©rĂ©es comme traitant de la violence verbale ou physique subie par les personnels (Ă©manant d’élèves).  Cela concerne 95 Ă©coles et 10 collèges, donc près d’une Ă©cole sur 3 ! Nous avons indiquĂ© que tout le monde ne faisait pas de fiches SST, mĂŞme dans des situations graves, soit par manque de temps, soit parce que l’on pense que cela ne sert Ă  rien, soit parce que l’on nous incite Ă  ne pas le faire.

Cela peut être aussi pour se protéger émotionnellement, car l’écriture de ces signalements fait revivre l’événement traumatisant vécu.

-      depuis la rentrĂ©e ?

 DĂ©jĂ  843 fiches (au jour de l’entretien) dans l’AcadĂ©mie dont 148 dans les CĂ´tes d’Armor. 109 pour violences subies, 7 pour agression verbale de parents, et 4 spĂ©cifiant la difficultĂ© Ă  ne pas avoir d’avoir AESH, soit 73% des fiches SST, reprĂ©sentant 44 Ă©coles diffĂ©rentes et 2 collèges.

 Comme quoi nos alertes ne sont pas fictives et bien concrètes et nous sommes les premiers Ă  le regretter….

 Après les chiffres, les maux…

 Pour apporter encore plus de concret, notre reprĂ©sentante du SE-UNSA, par ailleurs directrice, a expliquĂ© dans les faits ce qu’était la vie de son Ă©cole, de son Ă©quipe depuis 2 ans. Elle a insistĂ© sur la souffrance de l’élève, de ses camarades, sans oublier le très fort impact sur les personnels, les arrĂŞts et accidents de travail en nombre que cela a entraĂ®nĂ©, avec une focale sur les AESH en première ligne, peu font des alertes par le biais des fiches SST. Le fait de subir la violence, parfois rĂ©gulièrement et de façon abrupte, les impacte fortement, les fragilise, certains d’entre eux Ă©tant en arrĂŞt ou voulant dĂ©missionner. 

Il manque beaucoup d’AESH !

La situation continue de s’aggraver et cela n’est pas fini car il manque énormément d’AESH pour accompagner les enfants notifiés (au minimum 150). Autant de situations inadmissibles pour les enfants et cette pénurie ne va certainement pas arranger les difficiles situations en classe, bien au contraire. On a souligné que les commissions d’attribution de notifications allaient se poursuivre à la MDPH, répondant à la politique de la loi 2005 sur l’inclusion en milieu scolaire.

Les PIAL, à la rentrée scolaire, avaient le même manque de moyens qu’en fin d’année scolaire précédente. Certains enfants sont en attente d’accompagnement depuis un an, d’autres sont en attente de place en dispositif spécialisés (ULIS, IME, ITEP, EGPA, etc.) et restent à ce titre en milieu ordinaire, en mobilisant des AESH qui ne sont pas nécessairement une réponse à leurs troubles.

 Au cours de la discussion, nous avons signifiĂ© l’importance de cet accompagnement, la très forte augmentation des notifications MDPH cette annĂ©e ne pouvant pas ĂŞtre compensĂ©e par l’octroi de 17 postes.

Au jour de cet entretien, le dĂ©partement est dĂ©jĂ  en très grande difficultĂ©, les parents saisissant le Tribunal Administratif obtenant lĂ©gitiment raison, on doit alors « bricoler Â», dĂ©faire des organisations. Nous avons aussi indiquĂ© que le taux d’encadrement Ă©voquĂ© lors des rĂ©unions locales par le Directeur AcadĂ©mique (1 AESH pour 7 Ă©lèves) avait Ă©tĂ© très mal perçu et est dans les faits impossibles Ă  mettre en place (le SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral nous a rĂ©pondu que ce n’était pas tout Ă  fait ce qui avait Ă©tĂ© dit). On rappelle Ă©galement que face aux manques de moyens, la directive donnĂ©e aux PIAL est de rĂ©pondre en prioritĂ© aux notifications individualisĂ©es, le SG du Dasen nous l’a confirmĂ©.

 Et nous avons terminĂ© en parlant en quelque sorte de cercle infernal, comme nous l’avions fait en CSAA : les Ă©lèves ayant des troubles du comportement sont en plus grand nombre dans les Ă©coles publiques de notre AcadĂ©mie, le privĂ© pouvant les refuser et ne s’en « privant Â» pas. Nos collègues subissent de la violence, tentent de faire classe, protègent tous leurs Ă©lèves de la violence d’un de leur(s) Ă©lève(s) parfois très jeune(s). Certains parents, lassĂ©s de ce climat de violence pour leur enfant, changent d’école et vont… vers le privĂ©. Un ou deux ans après, en remerciement d’une Ă©nergie folle Ă  tenir, parfois au dĂ©triment de sa santĂ©, il y a une fermeture de classe… MERCI pour TOUT !

 C’est pourquoi il est impĂ©ratif de tenir compte de ce critère de l’augmentation très forte et inquiĂ©tante des enfants ayant des troubles du comportement pour la future carte scolaire !

 La baisse de dĂ©mographie ne doit pas justifier des fermetures de classe purement mathĂ©matiques qui ne tiendraient absolument pas compte de la rĂ©alitĂ© de nos Ă©coles publiques !

 Nouvel Ă©pisode dans notre activitĂ© de lanceurs d’alerte de l’UNSA Éducation, nouvelle bouteille lancĂ©e Ă  la mer ! Comme toujours, nous avons tenu, une fois encore, Ă  ĂŞtre très concrets dans notre intervention et Ă  relayer la rĂ©alitĂ© de nos classes, de nos conditions de travail, c’est important tant le dĂ©calage est Ă©norme entre les projets ministĂ©riels et le quotidien des personnels.

 Robin Maillot pour l’UNSA Éducation Bretagne et le SE-UNSA 22

Documents remis Ă  l’issue de cette audience :

-     Compte-rendu de l’audience avec le Recteur (24 septembre 2024

 

-     DĂ©claration de l’UNSA Éducation Bretagne en CSAA FS du 8 octobre 2024

 

-     Budget 2025 : le SE-Unsa met la pression aux parlementaires

 

-     Audience chez la ministre : le SE-Unsa attend du concret !

 
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