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Évaluations CP : le ministre parle, les enseignants travaillent
Article publié le mercredi 10 mars 2021.
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Dans un très long courrier, Jean-Michel Blanquer, s’adressant principalement aux enseignants de CP, remercie tous les professeurs du primaire pour le travail qu’ils ont fourni depuis la rentrée de septembre en s’appuyant sur les premiers résultats des évaluations de mi-CP fournis par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp).
Ces résultats ne montrent pas de bouleversement profond par rapport à ceux de l’année dernière, ce qui laisse à penser que l’écart repéré lors des évaluations de septembre a pu effectivement être effacé.
 
Les dĂ©clarations du ministre s’appuient sur un document de travail et non sur la note de synthèse de la Depp qui devrait ĂŞtre produite un peu plus tard. Sans doute avait-il besoin au plus vite de ces rĂ©sultats pour justifier ses choix pĂ©dagogiques et appuyer sa dĂ©cision de laisser les Ă©coles ouvertes : le virus circule, les savoirs Ă©galement, quoiqu’il en coĂ»te…
 
Le protocole utilisĂ© est le mĂŞme que celui de l’an passĂ©, avec les mĂŞmes seuils qui ne disent pas grand-chose de la maĂ®trise rĂ©elle de la compĂ©tence Ă©valuĂ©e. Les exercices ne sont jamais jugĂ©s pertinents par plus de 76 % des enseignants interrogĂ©s (Ă©crire un nombre sous la dictĂ©e), et cela tombe mĂŞme Ă  27 % pour l’exercice sur la ligne numĂ©rique.
Il est assez prĂ©occupant que l’avis des enseignants ne soit pas plus pris en compte concernant cet exercice, 39 % des IEN Ă©mettant Ă©galement des doutes sur ce dernier, quand leurs doutes sur la pertinence des autres exercices ne dĂ©passent pas 14 % en français et 7 % en mathĂ©matiques.
 
En Français, les rĂ©sultats progressent sensiblement pour toutes les compĂ©tences par rapport Ă  fĂ©vrier 2020 exceptĂ© pour la compĂ©tence « comprendre des phrases lues par l’enseignant Â» oĂą il y a une très lĂ©gère baisse.
En mathĂ©matiques, il y a Ă©galement une Ă©volution positive dans tous les domaines. La rĂ©solution de problème reste la compĂ©tence la moins maĂ®trisĂ©e avec 55,7 % d’élèves au-dessus du seuil 2.
Les écarts de résultats restent inchangés ou ont légèrement augmenté si l’on compare EP et hors EP, ce qui est dans la continuité de ce qui avait pu être observé lors des évaluations de septembre 2020.
 
L’avis du SE-Unsa
Alors que le ministre attribue ces rĂ©sultats positifs Ă  sa politique (guides pĂ©dagogiques divers et variĂ©s, plans de formation maths et français), il est très difficile d’identifier une explication dĂ©finitive. On sait que la mise en Ĺ“uvre de tests standardisĂ©s est toujours suivie pendant les premières annĂ©es d’une progression des rĂ©sultats dans la mesure oĂą les enseignants prennent en compte la forme des exercices proposĂ©s dans leur propre enseignement. Les Ă©lèves ont progressĂ© dans les rĂ©ponses aux tests mais ont-ils progressĂ© dans les apprentissages et la maĂ®trise des compĂ©tences complexes qui ne peuvent pas ĂŞtre mesurĂ©es par un test standardisĂ© ?
 
Ces Ă©valuations restent d’abord un outil de communication pour le ministre et un outil de pilotage technocratique. Elles ne permettent que très peu de mettre en place des sĂ©ances de remĂ©diation. La lutte contre les inĂ©galitĂ©s et l’aide aux Ă©lèves en difficultĂ© ne peuvent pas s’appuyer sur ce protocole dont la pertinence est toujours Ă  dĂ©montrer.
Quant aux remerciements du ministre, ils ont le mérite d’exister… et de ne rien coûter à un ministre qui annonce depuis des mois une revalorisation qu’on ne voit pas venir.

 

 
 
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