SECTION SE-Unsa de l'ARDECHE - 1 RUE PORTE NEUVE - 07000 PRIVAS
Tél. 04 75 20 85 64 - Por. 06 22 18 99 68 - 07@se-unsa.org

 
L’ENSEIGNEMENT PRIVE ENTRE CLERICALISME ET LIBERALISME
Article publié le lundi 29 janvier 2007.
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter
L’enseignement privé catholique se présente souvent comme un modèle paré de toutes les vertus face à un enseignement public qui serait coûteux, non réformable et responsable de nombreux maux de la société française. Cette stratégie de communication, qui correspond à la volonté d’édulcorer le « caractère propre » de l’enseignement confessionnel, recoupe des projets politiques promouvant une marchandisation de l’école. 
« Si elle - la loi Debré - n’existait pas, l’Enseignement catholique en France poserait moins de questions, tant sa surface serait réduite et sa réalité devenue confidentielle ». Parlant ainsi, le 5 novembre 2006, devant l’Assemblée plénière des évêques de France, son président reconnaissait implicitement que le seul « caractère propre » confessionnel fait moins recette que les crédits, concessions et privilèges publics sans cesse multipliés depuis prés de 50 ans. Michel Debré présentait pourtant sa loi comme rempart à une concurrence libérale préjudiciable au service public : « Serait cause de troubles et de luttes l’édification d’une université qui s’établirait dans son unité face à l’Université nationale ».
Avant cette dernière plénière, « L’Église (voulait) réinjecter de la foi dans les écoles cathos » comme le déclarait au Figaro le 16 septembre 2006 l’évêque président de la commission éducation de l’épiscopat. Dans le même temps, l’archevêque d’Avignon avait manifesté son souci d’afficher plus explicitement la démarche prosélyte qui justifie l’enseignement catholique en rappelant ses finalités : « La foi en Jésus-Christ qui est le cœur même de la vie de l’Eglise et des écoles catholiques ». Ses propos sont en conformité avec le "Statut de l’Enseignement catholique" promulgué par la Conférence des Évêques en 1992 et complété en 1996. Pourtant, il a été prié de réfréner quelque peu ses ardeurs pour ne pas entraver une stratégie de plus en plus concurrentielle : « Pour assurer sa mission d’enseignement, d’éducation et d’évangélisation, l’école catholique doit donc tout faire pour assurer ici son maintien ou son développement, là son redéploiement. » (Enseignement catholique, n° 308, novembre 2006). Les 25% de « part de marché » des lycées catholiques excédent de beaucoup la pratique religieuse. L’enseignement catholique français est surreprésenté et le plus financé en Europe.

Séculariser l’enseignement catholique pour concurrencer le service publicLa hiérarchie catholique se satisfait-t-elle du compagnonnage de projets politiques ultra-libéraux ? Celui de l’UMP est clair : « L’UMP veut donner aux parents le choix de l’établissement qui convient le mieux à leurs enfants. Le parti a pour objectif de supprimer la carte scolaire mais compte procéder "par étapes ». (…) Dans ce contexte, l’UMP, qui prend acte de relations "apaisées" avec l’école privée, entend donner plus de liberté d’implantation aux établissements privés sous contrat, et permettre aux parents qui le veulent de scolariser leurs enfants dans le privé. ». N’y a-t-il pas sur plusieurs sites ultra-libéraux des objectifs d’affaiblissement du service public qui lui font écho ? « Suppression progressive de la carte scolaire : libre choix de l’école de ses enfants. Etablir des objectifs en termes de résultats sur le modèle du National Curriculum britannique. Création d’un chèque éducation ». Au lieu que l’Etat finance directement les établissements scolaires, ce serait les familles qui décideraient de l’attribution de ce montant à tel ou tel établissement. La « liberté de l’enseignement » à l’usage quasi-exclusif de l’enseignement catholique n’a-t-elle pas partie liée à ce projet libéral ?L’enseignement catholique ne peut laisser croire que tout ceci se fait à son corps défendant. Le secrétaire général de l’enseignement catholique a affirmé le 17 novembre 2006 dans La Croix qu’il n’était pas demandeur de la loi du 13 août 2004 (avec son article 89 qui impose aux communes de payer le forfait d’externat pour les élèves du privé hors de leur territoire) alors qu’elle a été décidée dès juillet 2002 avec le ministre de l’éducation de l’époque.
Qui peut croire que la question du dualisme scolaire soit apaisée et obsolète ?
L’UNSA Education a aussi réagi à une proposition de loi de députés socialistes déposée le 28 juin 2006 visant à « promouvoir la laïcité dans la République ». Ce texte appelle dans ses attendus et dans quelques articles des remarques, certaines propositions qui constituent des entorses constitutionnelles fondamentales. Ces entorses autoriseraient des établissements scolaires confessionnels à se substituer à l’école publique laïque, là où elle n’est pas présente. Ces propositions aboutiraient à abroger de fait une autre loi du 10 juin 1985 promulguée pour imposer l’obligation constitutionnelle de la République d’organiser en tous lieux le service public laïque de l’éducation. Disposition législative que l’UNSA Education a mise en avant, pour aboutir à la construction du collège public d’Aizenay en Vendée. 
De l’usage de la propagande mensongère pour tenter de disqualifier l’école publique
La hiérarchie de l’Eglise a bien conscience du profit à tirer des campagnes sur une soi-disant image négative habilement entretenue autour de l’institution publique et de ses personnels. Certains s’évertuent, depuis des années, à présenter, l’école publique comme responsable de tous les problèmes de société. Elle serait non réformable et trop coûteuse. L’école privée est parée de toutes les qualités qui feraient défaut à l’école publique. Dans cette logique consumériste, certains n’hésitent pas à asséner des affirmations démenties formellement par toutes les statistiques : l’enseignement catholique n’est pas l’enseignement des plus démunis.
D’autres confessions sont en droit de revendiquer les mêmes privilèges comme ce lycée musulman de Lyon qui n’a pu ouvrir cette année pour motif de locaux non-conformes alors que l’enseignement catholique fait financer, souvent illégalement, ses investissements par la puissance publique. Si les arguments invoqués à Lyon sur la sécurité, la salubrité doivent être respectés, ils masquent quelques réticences vis-à-vis du « caractère propre » d’une confession qui fait son entrée sur le terrain de l’école. La hiérarchie catholique redoute la prise de conscience de l’opinion qui rejette majoritairement une société éclatée en communautés. De fait, elle préfère s’inscrire dans la logique de marché de ceux qui visent à désinstitutionnaliser le service public d’éducation. Ceux qui opposent au « vivre ensemble » leur « libre choix » participent à une fragmentation de la nation en écoles de communautés et favorisent aussi la discrimination sociale et les inégalités. 
Il est rassurant de voir affirmer dans une résolution de congrès de l’Association des Maires Ruraux de France des principes qu’aucun de ceux qui, demain, vont briguer nos suffrages, ne devraient oublier : « L’école des communes est en effet d’abord celle de la République, gratuite et laïque, et elle reste la seule devant être prise en charge de manière obligatoire. »

La laïcité aux rapports
Le ministre de l’Intérieur a reçu deux rapports sur la laïcité. Le rapport du professeur d’université Jean-Pierre Machelon sur « les relations des cultes avec les pouvoirs publics » et celui d’André Rossinot, maire de Nancy sur « la laïcité dans les services publics ».
Le premier rapport contourne la loi de 1905 et préconise le subventionnement des lieux de culte par les collectivités locales. La séparation, pierre angulaire de la Loi de Séparation, serait à terme vidée de son sens. Le rapport propose notamment de financer la construction de lieux de cultes de religions « reconnues » sur fonds publics de créer des ponts entre le droit associatif et le régime des cultes pour multiplier les sources de financement et de ne pas toucher aux régimes particuliers dont celui d’Alsace Moselle. De nombreuses voix laïques se sont élevées pour dénoncer les risques d’un retour des religions dans l’espace public.
Le second rapport s’est enrichi des travaux de la commission Stasi et fixe quelques orientations pour le secteur éducatif, hospitalier et les collectivités locales. Il estime que "l’école républicaine ne peut rester inactive et ne peut nourrir aucun complexe", et propose qu’elle enseigne la laïcité et les religions comme "faits de civilisation". En ce qui concerne les hôpitaux, le groupe de travail propose d’adapter la réglementation, pour notamment "interdire expressément la récusation des praticiens et des personnels soignants pour des raisons religieuses ou discriminatoires".
 
 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
ALC