Dans le cadre de l’acte II du Choc des savoirs,
la ministre de l’Éducation nationale annonce la création d’une épreuve
de culture mathématique en fin de première pour tous les élèves en juin
2026.
Une nouvelle épreuve anticipée
Énième
épisode dans le long feuilleton des mathématiques au lycée général et
technologique, voici venir l’épreuve anticipée de mathématiques en fin
de première pour tous les élèves. L’inégalité de traitement entre les
candidats sera de mise avec plusieurs types de sujets proposés : un pour
les élèves n’ayant pas choisi la spécialité Mathématiques de
filière générale, un autre pour les élèves de filière technologique et
enfin un dernier pour les élèves spécialistes qui devront donc subir une
double Ă©valuation, en première puis en terminale. Une partie commune Ă
tous sur les automatismes en mathématiques sera évaluée par un test type
QCM. La totalité de l’épreuve serait réalisée sans calculatrice.
Cette
épreuve bénéficierait d’un coefficient 2 qui serait pris sur l’oral de
terminale qui, avec le temps, prend donc de fait une part moins
importante de l’attribution de l’examen et deviendrait de moins en moins
grand.
Une épreuve qui ne répond pas aux enjeux
La
création d’une épreuve terminale ne règlera rien aux alertes de la
communauté scientifique et des universitaires qui se sont succédé ces
derniers temps concernant le potentiel appauvrissement du futur vivier
d’étudiants scientifiques. La mesure ne règlera pas non plus la
proportion très marquée de filles ou d’élèves de catégories sociales
moins favorisées qui se détournent de la spécialité Mathématiques.
En revanche, elle va mettre une pression supplémentaire sur les épaules
d’élèves parfois « fâchĂ©s » avec les mathĂ©matiques. Ce n’est pas le
meilleur chemin pour leur laisser une image positive de la discipline.
Qui pour corriger cette épreuve ?
Alors
que le SE-Unsa avait alerté sur la multi-convocation des collègues de
lettres pour les corrections du baccalauréat, le combat devra donc être
réitéré pour nos collègues de mathématiques afin que le nombre de copies
qui leur sera dévolu en juin n’explose pas. Et ce n’est pas une
première partie d’épreuve sous forme de QCM, éventuellement corrigée
automatiquement, qui allègera significativement la charge de travail des
correcteurs.
Quid de la reconquĂŞte du mois de juin ?
La
création de cette nouvelle épreuve va également alourdir un mois de
juin qui ne sera donc jamais reconquis en matière d’heures
d’enseignement perdues. Le président Macron avait pourtant vanté pour sa
réforme du baccalauréat un examen permettant de récupérer du temps de
formation et de libérer les enseignants de la pression de l’examen
final. Quelques années après, plus le temps passe et moins le compte y
est.
L’avis du SE-Unsa
Des
heures d’accompagnement personnalisé (AP) financées en seconde
permettant de travailler Ă la remĂ©diation en mathĂ©matiques mais aussi Ă
sa représentation chez tous les élèves ainsi que des programmes mieux
articulés entre filières générale et technologique… voilà quelques
exemples de mesures concrètes qui permettraient une amélioration
substantielle des compétences des lycéens dans la discipline.
Il
est temps d’agir et d’en finir avec des annonces inefficaces qui ne
font que nourrir une stratégie de communication qui dessert l’École.