RĂ©sultats de l’enquĂŞte « Pros de la voie pro, vous avez Ă nouveau la parole »
Article publié le mardi 14 janvier 2025.
Du 3 octobre au 18 novembre 2024, les PLP ont été invité·es à répondre à une enquête du SE-Unsa sur la mise en place du 2e volet de la nouvelle réforme de la voie professionnelle qui a commencé à être appliquée à la rentrée scolaire 2023.
Un état des lieux contrasté
En
ce début d’année scolaire, une enquête a été menée auprès des
enseignants de lycĂ©e professionnel pour Ă©valuer leur ressenti face Ă
plusieurs évolutions et dispositifs récents mais également pour savoir
comment la réforme se mettait en place dans leur établissement. Les
résultats révèlent des perceptions mitigées et mettent en évidence des
points de satisfaction comme des préoccupations majeures.
La co-intervention
La
diminution de la co-intervention semble avoir été bien accueillie par
une majorité des répondants, avec 57 % exprimant leur satisfaction.
Cette tendance pourrait refléter un allègement des contraintes
pédagogiques ou organisationnelles liées à cette pratique.
Toutefois, 28 % se disent insatisfaits car la co-intervention était un
dispositif efficace lorsque le binôme d’enseignants travaillait bien
ensemble et était performant.
Concernant les dispositifs mis en place pour remplacer les
co-interventions, les avis sont plus partagés : 44 % des enseignants se
disent satisfaits contre 37 % d’insatisfaits. Cette divergence pourrait
être liée à des différences dans les pratiques locales.
La deuxième phase de la mise en place de la réforme de la voie professionnelle
Ă€ la question La
mise en place du parcours poursuite d’étude et du parcours d’insertion
professionnelle de 6 semaines dans votre Ă©tablissement est-elle dĂ©jĂ
organisée ?, une large majorité des répondants (75 %) a indiqué que
ce n’était pas encore le cas. Entre septembre et novembre 2024, seuls
22 % des établissements semblaient avoir déjà organisé ces nouveaux
dispositifs.
Ces chiffres mettent en lumière les dĂ©fis importants qui restent Ă
relever pour déployer efficacement ces parcours et les difficultés des
équipes à s’emparer dans la hâte des consignes de dernière minute.
Les changements des dates des PFMP des seconde et première bac pro
Dans
les retours faits, 56 % des établissements ont opté pour un changement
de calendrier des PFMP pour les classes de seconde et première. Ce
déplacement pourrait être problématique en fin d’année car il faudra
accueillir les lycéens en juin après leur PFMP alors même que les
conseils de classe seront terminés, que beaucoup d’établissement sont
centres d’examen et que grand nombre d’enseignants sont mobilisés pour
faire passer des examens.
Cette nouvelle organisation met en lumière la complexité de la réforme
qui « vise » Ă concilier des objectifs parfois contradictoires Ă
savoir : augmenter le temps en entreprise tout en maintenant un niveau
d’enseignement général et professionnel suffisant.
Une faible implication des conseils pédagogiques dans les projets chef-d’œuvre
Un
constat préoccupant émerge concernant l’implication des conseils
pédagogiques dans la mise en œuvre du projet appelé les années
précédentes chef-d’œuvre en bac professionnel. En effet, seuls
5 % des enseignants interrogés indiquent que ces projets ont été évoqués
dans le cadre des conseils pédagogiques, tandis qu’une écrasante
majorité (69 %) affirme le contraire.
Ce résultat alarmant pourrait révéler plusieurs problématiques : un
manque de temps dédié à la concertation pédagogique, une sous-estimation
de l’importance du chef-d’œuvre dans le parcours des élèves,
ou encore des difficultés organisationnelles au sein des établissements.
Cette faible implication des instances pédagogiques risque de
compromettre la qualité et l’efficacité de la mise en œuvre.
Des réticences face aux Pactes proposés
Concernant les Pactes
proposés aux enseignants, 53 % des répondants les ont refusés, tandis
que 35 % les ont acceptés. On peut supposer que les collègues finissent
par accepter ces parts de Pacte par nécessité. La baisse du
pouvoir d’achat des enseignants étant de plus en plus criante à mesure
que l’inflation augmente. Quant aux collègues les refusant, qui peut
blâmer le refus du « travailler plus pour gagner plus » quand notre
charge de travail ne cesse de croître d’année en année sans que la
rémunération, elle, n’augmente.
L’avis du SE- Unsa
Les
résultats complets de cette enquête montrent des ressentis variés et
des attentes fortes de la part des enseignants mais, globalement, ils
n’adhèrent pas totalement à cette réforme.
Les points positifs comme la diminution ou disparition de dispositifs
récemment mis en place lors de la tristement célèbre TVP du ministre
Blanquer - tels la co-intervention ou le chef-d’œuvre - coexistent avec
des préoccupations majeures sur l’organisation de la fin d’année
scolaire, les postes restant vacants, l’augmentation des contractuels ou
le manque de travail sur les grilles de poursuite d’études.
Pour le SE-Unsa, plusieurs axes d’amélioration peuvent être envisagés :
- Renforcer la communication et
l’accompagnement sur les réformes en cours pour favoriser leur
compréhension mais aussi peut-être dans un premier temps prendre le
temps de faire un bilan d’une réforme avant d’en imposer une autre.
- Impliquer les conseils pédagogiques
pour qu’ils soient vraiment un espace de concertation, de
co-construction du parcours Y et de prise de décision pour l’ensemble de
la communauté éducative.
- Accompagner les équipes sur les contenus des grilles de poursuite d’études.