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SE-UNSA TOULOUSE


 Par SE-UNSA TOULOUSE

De l’effet des écrans sur le développement cognitif des enfants

 

Nous avons tous vu cet été les titres de médias annonçant que la Suède, suite à une baisse des performances des élèves en lecture, faisait marche arrière par rapport à l’usage des tablettes à l’école et revenait aux bons vieux manuels papier… En fait c’est, comme souvent, plus nuancé que ça en a l’air, décryptage.

L’étude montrant une baisse de niveau en lecture attribuée au numérique, vient en fait d’un organisme équivalent à notre DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance). Le niveau moyen des élèves suédois reste plus élevé que celui de ses voisins européens, et parmi les 15 meilleurs du monde, bien loin devant la France. Ensuite il n’est question que d’une région de la Suède où il y avait une politique de “tout numérique” et le fameux “retour en arrière” est un retour des manuels papier qui avaient disparu et non un abandon du numérique

Tout cela ne fait que conforter notre position à l’Unsa-Éducation : l’École ne peut ignorer ni écarter le numérique, elle doit au contraire l’intégrer mais certainement pas en balayant tout le reste : les livres, l’écriture manuscrite… tous les supports d’apprentissage doivent être exploités. Il ne s’agit pas de choisir entre ChatGPT et les manuels papier mais d’apprendre à se servir de tout ! 

Par ailleurs, une équipe de l’INSERM s’est intéressée aux données de près de 14 000 enfants de la cohorte française Elfe, collectées de leurs 2 ans à leurs 5 ans et demi, entre 2013 et 2017. Si elle confirme qu’il y a une corrélation entre l’exposition précoce ou excessive des jeunes enfants aux écrans et un moins bon développement cognitif, ses résultats suggèrent aussi que le temps d’écran n’est pas le seul facteur à prendre en compte car le contexte dans lequel a lieu l’utilisation de l’écran pourrait également représenter un facteur important. Cette relation négative n’est pas vraie pour tous les domaines de la cognition et elle est beaucoup plus faible lorsque le cadre de vie familial est correctement pris en compte.

Par exemple, le fait que la télévision soit allumée pendant les repas a un impact négatif sur le développement du langage d’un enfant de 2 ans parce que d’une part cela absorbe les parents qui échangent moins avec leur enfant et que d’autre part le fond sonore brouille les perceptions de l’enfant. 

L’étude conclut que les effets délétères de l’utilisation des écrans dans la petite enfance présentent un faible impact sur le développement cognitif au niveau individuel qui peuvent être compensés dans les années suivantes, mais cela justifie cependant de rester vigilants à l’échelle de la population et poursuivre les investigations à ce sujet.

Loin des paniques morales qui n’hésitent pas à imputer aux écrans toutes les difficultés des enfants en occultant les autres facteurs, ces travaux permettent d’éclairer rationnellement ces questions essentielles pour l’Éducation.