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L’uniforme Ă  l’Ă©cole ne fait pas l’unanimitĂ©, l’UNSA dĂ©plore "un effet d’annonce" de la part de Jean-Michel Blanquer.
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 Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale, souhaite permettre aux Ă©coles qui le souhaitent de mettre en place le port de l'uniforme pour les Ă©lèves. Si certains Ă©tablissements ont franchi le pas d'une tenue rĂ©glementaire, l'idĂ©e continue de diviser.

L'uniforme va-t-il faire son "retour" Ă  l'Ă©cole? En France, seuls quelques Ă©coles, collèges et lycĂ©es imposent un uniforme ou une tenue rĂ©glementaire. Mais cela pourrait changer. Jean-Michel Blanquer, invitĂ© du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, a assurĂ© dimanche qu'il fallait "permettre aux Ă©tablissements qui le veulent de le dĂ©velopper", sans toutefois imposer sa gĂ©nĂ©ralisation.

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Des élèves "heureux" de porter l'uniforme

"En tant que recteur, j'ai eu parfois l'occasion de prĂ´ner le dĂ©ploiement de l'uniforme dans certains Ă©tablissements", a expliquĂ© le ministre de l'Éducation nationale. "Aujourd'hui vous avez des Ă©lèves en uniforme qui sont très beaux comme ça, qui sont heureux de le porter."

Le point de vue du locataire de la rue de Grenelle semble majoritairement partagĂ© dans l'opinion. Selon un sondage Ifop datant de l'Ă©tĂ© dernier, six Français sur dix se disent favorables au "retour" de l'uniforme, qu'ils soient de droite ou de gauche - bien que les Ă©lecteurs des RĂ©publicains et du Front national le plĂ©biscitent Ă  près de 80%.

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âś” @IfopOpinion

Replying to @IfopOpinion @Valeurs

Sondage @IfopOpinion - @Valeurs : les Français majoritairement favorables à l'uniforme à l'école, indépendamment de leur proximité politique

8:51 AM - Aug 31, 2017

 

Emmanuel Macron avait assuré y "réfléchir"

Durant la campagne prĂ©sidentielle, Emmanuel Macron avait assurĂ© "y rĂ©flĂ©chir". Un "symbole", tout comme l'hymne national, "important pour crĂ©er de l'homogĂ©nĂ©itĂ© et un rapport Ă  la discipline du fait que l'Ă©cole est un lieu Ă  part", dĂ©clarait-il Ă  Sud Ouest en mars 2017.

Lors de la dernière course Ă  l'ÉlysĂ©e, deux autres candidats l'avaient Ă©galement Ă©voquĂ©. François Fillon et Marine Le Pen avaient proposĂ© d'instaurer une tenue vestimentaire spĂ©cifique dans les Ă©tablissements scolaires. Une proposition loin d'ĂŞtre nouvelle: l'uniforme Ă  l'Ă©cole est un serpent de mer depuis une quinzaine d'annĂ©es.

"C'est de l'ordre du fantasme"

DĂ©jĂ  en 2003, lors du dĂ©bat sur sur les signes religieux Ă  l'Ă©cole, Xavier Darcos - qui Ă©tait Ă  l'Ă©poque ministre dĂ©lĂ©guĂ© Ă  l'Enseignement scolaire - l'avait Ă©voquĂ©, rappelle LibĂ©ration. Quelques annĂ©es plus tard, alors ministre de l'Éducation nationale, il s'y Ă©tait Ă  nouveau dĂ©clarĂ© favorable. "On pourrait expĂ©rimenter que des Ă©lèves portent tous le mĂŞme tee-shirt ou une tenue comparable, ça n'aurait rien de scandaleux. Au contraire, ça serait un facteur d'intĂ©gration supplĂ©mentaire", affirmait Xavier Darcos, comme en tĂ©moignent les archives de l'Ina.

En 2015, des dĂ©putĂ©s de droite - dont ValĂ©rie Boyer, Éric Ciotti et Lionnel Luca - avaient dĂ©posĂ© sans succès une proposition de loi afin d'instaurer le port de l'uniforme Ă  l'Ă©cole, au collège et au lycĂ©e. "Il s'agit d'un facteur d'Ă©galitĂ© qui aplanit symboliquement les diffĂ©rences sociales nĂ©es des inĂ©galitĂ©s de revenus des parents (...) La tenue uniforme est un vecteur de laĂŻcitĂ©, qui s'oppose aux manifestations communautaristes", justifiait le texte. En 2016, Jean-François CopĂ©, alors candidat Ă  la primaire de la droite, avait lui aussi proposĂ© de rendre obligatoire Ă  l'Ă©cole publique le "lever du drapeau, le chant de la Marseillaise et le port de l'uniforme". 

 

La même année, des sénateurs de droite - dont Serge Dassault - proposaient une loi pour instaurer le port d'uniformes scolaires et de blouses. "Blouses et uniformes scolaires ont accompagné les étudiants dans leur vie de tous les jours pendant de nombreuses années. Chaque école se distinguait par un uniforme différent. Il donnait aux élèves un sentiment d'appartenance à leur communauté scolaire (...) Le port de l'uniforme n'est plus obligatoire depuis les événements de Mai-68", assure le texte.

DĂ©but 2017, nouvelle proposition de loi pour instaurer "une tenue uniforme en primaire, au collège et au lycĂ©e". Objectifs mis en avant: "restaurer l'autoritĂ© du professeur, le respect entre les Ă©lèves, lutter contre les discriminations et l'Ă©chec scolaire".

"De nombreux ministres se sont exprimĂ©s en faveur de l'uniforme, mais aucun ne s'est jamais tentĂ© Ă  passer Ă  l'action. C'est de l'ordre du fantasme", pointe pour BFMTV.com Claude Lelièvre, historien de l'Ă©ducation.

"On se réfugie dans un passé mythique"

Il est tout d'abord impropre de parler de "retour" de l'uniforme Ă  l'Ă©cole puisqu'il n'y est en rĂ©alitĂ© jamais entrĂ©. Jusqu'Ă  la fin des annĂ©es 60, les Ă©lèves des Ă©coles Ă©lĂ©mentaires et secondaires portaient des blouses afin de les protĂ©ger des taches d'encre violette, quand l'usage Ă©tait aux plumes et aux encriers. Contrairement Ă  l'idĂ©e selon laquelle Mai-68 y a mis fin, c'est en rĂ©alitĂ© l'autorisation du stylo Bic en 1965 qui les a fait disparaĂ®tre des salles de classe.

Claude Lelièvre assure que la blouse n'a cependant jamais Ă©tĂ© obligatoire. "Elle avait une utilitĂ© fonctionnelle dans les Ă©coles communales publiques mais elle n'Ă©tait pas obligatoire et encore moins uniforme. Il suffit pour cela de regarder les photos de classe de l'Ă©poque: elles Ă©taient très variĂ©es et tous les Ă©lèves n'en portaient pas."

"C'est la nostalgie de quelque chose qui n'a jamais existé", analyse-t-il. "Dans une période de repli sur soi où l'on se projette difficilement dans l'avenir, on se réfugie dans un passé plus ou moins mythique et l'on se berce d'illusions. Regarder dans le rétro n'a jamais été une marque d'avenir, c'est le symptôme de nos crispations".

"Il n'a jamais été question d'égalité"

Il arrivait cependant Ă  l'Ă©poque que la blouse soit obligatoire dans le privĂ©, plus particulièrement dans le secondaire. Certains lycĂ©es publics pouvaient aussi imposer ce code vestimentaire. "Mais surtout dans les Ă©tablissements les plus huppĂ©s et rĂ©servĂ©s aux filles", ajoute Claude Lelièvre. Professeur Ă©mĂ©rite Ă  l'universitĂ© Paris-Descartes, il estime que dĂ©fendre l'uniforme en prĂ©textant l'objectif de gommer les inĂ©galitĂ©s sociales est "illusoire".

"Il n'a jamais Ă©tĂ© question d'Ă©galitĂ©, c'est une blague historique. La fonction première Ă©tait la distinction de l'Ă©tablissement et/ou un patriotisme vis-Ă -vis de l'Ă©tablissement que l'on peut prĂ©senter comme de la cohĂ©sion. Il n'a jamais Ă©tĂ© question d'Ă©galitĂ© entre les individus."

En France, plusieurs Ă©tablissements scolaires, publics ou privĂ©s, exigent aujourd'hui le port de l'uniforme ou d'une tenue uniformisĂ©e. Comme une dizaine d'Ă©tablissements de l'enseignement public d'inspiration militaire, dont la maison d'Ă©ducation de la LĂ©gion d'honneur, indique Le Figaro. Mais aussi l'Internat d'excellence de Sourdun, en Seine-et-Marne. Ă€ l'outre-mer, le port d'une tenue vestimentaire rĂ©glementaire est plus frĂ©quent: en Martinique, un tiers des Ă©tablissements l'imposent, selon France-Antilles. Dans la province sud de Nouvelle-CalĂ©donie, la tenue-uniforme devait ĂŞtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  la rentrĂ©e 2017, assurait La 1ère de Franceinfo.

L'Ă©chec de la blouse Ă  BĂ©ziers

En septembre dernier, l'ensemble scolaire privĂ© sous contrat La Sainte Famille de Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, a imposĂ© une tenue uniforme Ă  ses Ă©lèves de collège et Ă  deux de ses Ă©coles. Ils ont Ă©tĂ© consultĂ©s afin de mettre au point ce kit de cinq polos, un pull et un sweat Ă  capuche bleu marine avec les armoiries de l'Ă©cole, vendu 107 euros. Marc Ternisien, son directeur, assure Ă  BFMTV.com que cela a permis de rĂ©duire les diffĂ©rences sociales entre les Ă©lèves qui Ă©taient "criantes dans la cour de rĂ©crĂ©ation".

"Elles se voient moins. Avant, ils étaient des panneaux publicitaires ambulants. Et puis il s'agit aussi de les préparer au monde du travail où l'on attend d'eux une certaine posture."

Selon lui, cela a aussi encouragé un sentiment d'appartenance et une certaine fierté. "Dorénavant, on les croise le week-end avec les vêtements aux couleurs de l'école."

Mais Ă  BĂ©ziers, dans l'HĂ©rault, les blouses du maire d'extrĂŞme droite Robert MĂ©nard ont fait un flop. Les Ă©tablissements scolaires - Ă  l'exception d'une Ă©cole privĂ©e - ne les ont pas adoptĂ©es, comme le raconte Midi libre

"Un uniforme n'est pas de nature Ă  changer quoi que ce soit"

Catherine Nave-Bekhti, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la Sgen-CFDT, estime pour sa part que l'on ne gomme pas les inĂ©galitĂ©s en les faisant visuellement disparaĂ®tre.

"Les inĂ©galitĂ©s existent en dehors de l'Ă©cole", remarque-t-elle pour BFMTV.com. "Les gommer passe par un autre travail en se posant de vraies questions sur la mixitĂ© scolaire ou en ne laissant pas perdurer des stĂ©rĂ©otypes liĂ©es aux origines sociales." 

C'est Ă©galement le point de vue de FrĂ©dĂ©rique Rolet, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale du SNES-FSU.

"Si l'on pense que l'uniforme va faire disparaĂ®tre les inĂ©galitĂ©s, c'est un leurre", dĂ©nonce-t-elle, jointe par BFMTV.com. "Il y a beaucoup de choses qui distinguent les Ă©lèves en fonction du niveau de vie des parents, comme les vacances ou encore le tĂ©lĂ©phone portable. Un uniforme n'est pas de nature Ă  changer quoi que ce soit."

"On se trompe de combat"

Lysiane Gervais, secrĂ©taire nationale Ă©ducation et pĂ©dagogie du SNPDEN Unsa, le syndicat des chefs d'Ă©tablissements, dĂ©nonce pour BFMTV.com "un effet d'annonce" de la part de Jean-Michel Blanquer

"Il y a autre chose Ă  faire dans les Ă©tablissements que l'uniforme ou interdire les tĂ©lĂ©phones portables (le ministre de l'Éducation nationale a aussi confirmĂ© l'interdiction Ă  la rentrĂ©e 2018 du tĂ©lĂ©phone portable dans les Ă©coles et collèges, NDLR). Il y a d'autres prioritĂ©s sur les plans pĂ©dagogique et Ă©ducatif. On attend de savoir oĂą on va car pour l'instant, on ne voit pas très bien. Il y a eu beaucoup d'annonces mais on ne sait pas comment tout cela va se mettre en place."

Quant Ă  la question de crĂ©er davantage de cohĂ©sion au sein des Ă©tablissements grâce au port d'un uniforme, Lysiane Gervais se demande "si l'on ne se trompe pas de combat". Catherine Nave-Bekhti, de la Sgen-CFDT, partage le mĂŞme avis.

"Aucune étude scientifique n'a jamais montré que le port de l'uniforme améliore l'efficacité d'un système éducatif. L'attachement à un établissement se travaille par des projets collectifs, par une vie collégienne et lycéenne, des initiatives de la part des élèves. Pas par un uniforme. En évoquant ça, le ministre est certain de faire parler. Et en attendant, on ne parle pas des vrais sujets, comme le décrochage scolaire, autrement plus important."

CĂ©line Hussonnois-Alaya

Lien vidéo:

http://www.bfmtv.com/societe/l-uniforme-a-l-ecole-ne-fait-pas-l-unanimite-1325194.html

 
 
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