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"Le mĂ©tier n’est plus attirant", soutient Cyril Lepoint, pour l’Unsa
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ActualitĂ©s 

 

Publié le 14/11/2017 à 03:53, Mis à jour le 14/11/2017 à 07:47

Professeurs de mathématiques : le compte n'est pas bon dans l'académie

Éducation

Au collège Badiou, des 4e n'ont plus cours de maths depuis la mi-octobre./ Photo DDM, archives N. Saint-Affre.

Au collège Badiou, des 4e n'ont plus cours de maths depuis la mi-octobre./ Photo DDM, archives N. Saint-Affre. 

Après Saint-Orens, la semaine dernière, c'est au collège Raymond-Badiou que la pénurie de professeurs de maths se fait sentir. Le rectorat peine à trouver des remplaçants.

Collège Raymond-Badiou, à la Reynerie. En juin dernier, une professeur de maths annonce qu'elle est enceinte. Aujourd'hui, la bonne nouvelle est devenue un cauchemar pour les élèves. Depuis le 14 octobre, devant eux, la place d'enseignant est vide. «La professeur a fait tout ce qu'il faut, déculpabilise Nora, mère d'élève. Elle a même repoussé son départ en congés maternité.» Mais Nora craint aussi pour l'enseignement dispensé aux enfants : «Ma fille est en 4e. L'an prochain, c'est la 3e et le brevet... Il faut lui assurer des cours. Et sans qu'elle change de professeur toutes les semaines.» Au collège, parents d'élèves et direction n'ont pas manqué d'alerter le rectorat. Dans les plus hautes instances, on est conscient de la situation : «On y travaille, on prend le problème à bras-le-corps, assure le rectorat. On comprend les parents d'élèves. Notre souci premier c'est qu'il y ait un professeur devant chaque classe.»

Mais dans cette discipline «en tension», difficile de pourvoir tous les besoins. «Les remplaçants sont quasiment tous affectés dès le 1er septembre, détaille Pierre Priouret, cosecrétaire général académique du syndicat Snes-FSU. Cela fait des années qu'il y a pénurie. À chaque rentrée, c'est plus chaotique. On sait que certaines classes dans l'académie n'ont quasiment pas eu de cours de maths depuis septembre. Le rectorat est dans la peine pour recruter.» Alors ce dernier redouble d'efforts : «À chaque fois nous faisons appel à tout notre réseau, nous cherchons dans toutes les filiales. Sur Toulouse et la métropole, nous y arrivons. Mais dès qu'on s'éloigne cela devient compliqué». Difficile en effet de motiver des contractuels à faire des dizaines de kilomètres pour aller faire classe. Et Pierre Priouret d'évoquer le cas, dans le Lot, où «on a demandé à un professeur de faire 1,5 service car on ne trouvait pas remplaçant.»

La crise des vocations

Une fois n'est pas coutume, tous s'accordent : le problème du remplacement des professeurs de maths dans l'académie est récurrent. En filigrane, c'est la question du recrutement que soulèvent les syndicats. «Le métier n'est plus attirant. Un étudiant qui a un master scientifique va se détourner de l'enseignement pour aller vers des domaines plus lucratifs, soutient Cyril Lepoint, pour l'Unsa. Les traders sont souvent des mathématiciens. L'Éducation nationale ne peut pas rivaliser...»

Autre point évoqué par le syndicaliste Pierre Priouret : le désenchantement. «Certains professeurs sont d'anciens ingénieurs. Deux ou trois ont démissionné l'an passé : ils ont été surpris de ce qu'ils ont trouvé. Ou alors, certains retrouvent un travail plus rémunérateur.»

Réalité du métier, rémunération, difficile de motiver les troupes. Et les vocations. Alors, le rectorat cherche. Et les élèves patientent. Bonne nouvelle au collège Badiou. Dès ce matin, un professeur devrait se présenter. Si les calculs sont bons, il devrait rester pour toute la durée du remplacement de la titulaire.

 

Repères

Le chiffre : 304

postes de profs de maths > pourvus en France sur 467 ouverts. Selon les chiffres communiqués par le Ministère de l'éducation, seulement 304 postes de professeurs de mathématiques ont été attribués en 2016 en France sur les 467 disponibles au Capes. Cela signifie que seulement 65,1 % des postes ouverts au concours ont été pourvus.

« Ma fille est en 4e et elle n'a plus cours de maths depuis le 14 octobre. Les maths, c'est aussi une méthode. Je suis inquiète, l'an prochain, c'est le brevet... »

Nora, mère d'une collégienne de Raymond-Badiou

 

La galère du remplacement des temps partiels

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«Problème d'emploi du temps.» Un argument avancé à l'occasion des remplacements de temps partiels. C'est en partie ce qui aurait occasionné le délai du remplacement de la professeur de maths au collège Raymond-Badiou. «Les emplois du temps sont fixés à l'avance, explique-t-on du côté de l'établissement. Il était difficile de trouver quelqu'un disponible sur les mêmes horaires.»

Même argument pour les 4 heures «manquantes» en Segpa (sections d'enseignement général et professionnel adapté). Là, il s'agit de remplacer un professeur ayant obtenu un temps partiel de droit. «Cela avait été décidé en juillet, annonce une collègue du corps enseignant. Ces heures ont été regroupées sur le lundi matin. Certains élèves ont étude, d'autres arrivent un peu plus tard. Ils n'ont pas de professeur en face, or on le leur doit !»

Chloé Delbès

 
 
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