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SE-UNSA RENNES


 Par SE-UNSA RENNES
 Le  jeudi 6 mai 2021

L’École Inclusive vue et perçue par ses acteurs : des constats alarmants !

 

En cette période de préparation de la rentrée scolaire prochaine, les constats laissent un goût pour le moins amer, confortent nos inquiétudes et légitiment nos actions.

Notre organisation nationale a mené une campagne d’enquêtes ciblées en direction des acteurs principaux : vous ! enseignants spécialisés ou non, en poste sur des classes ordinaires ou sur des structures et dispositifs spécialisés, enseignants référents pour les élèves en situation de handicap (ERSH), accompagnants (AESH). S’il est prématuré d’en livrer les conclusions – l’analyse est en cours – nul doute que les sujets qui suivent y seront abordés et guideront notre action pour améliorer tant vos conditions de travail que les conditions d’accueil de vos élèves et la réponse à leurs besoins spécifiques.

Vos retours et sollicitations sur des situations précises (d’enfants, de collègues, d’écoles, de secteurs, etc.) compilés nous permettent de dresser un tableau plutôt sombre.

Le manque de places disponibles dans les Établissements Spécialisés est récurrent et s’accroît avec les choix et directives gouvernementales actuelles : le pire est que nous finissons par nous y résigner, ou du moins par anticiper cet état de fait dans nos pratiques professionnelles et dans les réflexions menées sur les projets de parcours des élèves concernés.

Ce manque de places disponibles s’étend de plus en plus (variable selon les secteurs géographiques) aux dispositifs ULIS (en école, en collège, en lycée) et aux SEGPA.

L’Aide Humaine à l’Inclusion Scolaire et les AESH : le nombre d’élèves non accompagnés augmente chaque semaine au fur et à mesure des décisions de la MDPH. Le budget alloué au recrutement des personnels est contraint et très largement insuffisant pour couvrir les besoins. Les conditions d’exercice des AESH ne sont pas optimales et souvent subies (sans oublier leur rémunération). Enfin, les propos  récurrents de l’administration qui avance que « statistiquement, il y aurait trop d’enfants en situation de handicap » et qui juge que « la MDPH notifie trop d’aide humaine» (et oui, véridique, dans certains départements c’est le discours tenu par le DSDEN) sont intolérables pour vous individuellement, nous collectivement mais encore plus pour les familles. Le fonctionnement des PIAL, reste globalement une grande nébuleuse.

Je ne peux m’empêcher de faire référence à un article de la presse locale en juin 2019, suite à la visite du Ministre de l’Éducation Nationale et de la Secrétaire d’état chargée des personnes handicapées qui titrait « Élèves handicapés : ce qui va changer à la rentrée » et rapportait les propos du ministre qui vantait les mérites de la nouvelle philosophie qu’il résumait en une formule simple « Avant tu devais attendre un AESH pour aller à l’école ; maintenant, tu vas à l’école, un AESH t’attend. »

 … Sans commentaires … les constats de ces deux dernières années scolaires sont très loin de correspondre à cette formule choc et le contexte sanitaire n’en est pas responsable.

Les conséquences pour les élèves positionnés en liste d’attente ou ne disposant pas de l’accompagnement humain notifié sont dramatiques : les droits reconnus pour eux ne sont pas respectés, leurs besoins ne peuvent être pleinement pris en compte dans les solutions d’attente proposées, malgré l’implication des enseignants qui les accueillent.

Les conséquences pour vous, et plus généralement pour la communauté éducative élargie, ne sont plus à mesurer et vous les vivez au quotidien : gestion de classe rendue compliquée, insuffisance de formation, soutien souvent limité de la hiérarchie pour faire face aux revendications des familles qui, si elles sont légitimes sur le fond, peuvent parfois s’exprimer de manière brutale et agressive, sentiment de désarroi, d’impuissance, d’injustice et satisfaction professionnelle amoindrie.

Un dernier mot sur les ERSH qui, de part leurs missions, contribuent avec vous à la mise en œuvre de l’École Inclusive : tous dénoncent l’impossibilité de les assumer correctement et sereinement tant le nombre de situations dont ils assurent le suivi est trop important.

Tout cela génère souffrances et incompréhensions pour beaucoup … sauf à priori pour notre administration qui semble parfois vivre sur une autre planète que la nôtre.

Plus que jamais, continuons de porter et de défendre les valeurs qui nous sont chères et traduisent notre vision et nos ambitions pour une politique éducative plus juste dans toutes ses dimensions, permettant à la fois le bien-être des professionnels et celui des élèves.

 

Sandrine HURPIN, responsable de la branche ASH du SE-Unsa Bretagne