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SE-UNSA RENNES


 Par SE-UNSA RENNES
 Le  vendredi 22 janvier 2021

Déclaration liminaire - CTA du 19 Janvier 2021

 

M. le Recteur,

 

Après une énième annonce dans la presse, notre ministre nous annonce encore une fois une modification d’organisation dans les établissements en urgence un vendredi.   Au travers de l’arrêt des cours EPS dans les installations intérieures en période hivernale, d’une hybridation possible dans les lycées et les collèges, de modification des plages horaires de restauration, et de possibles repas à emporter,  il reste pourtant toujours tout aussi imprécis sur les organisations des examens.

C’est faire fi du professionnalisme des personnels de direction, des services, des gestionnaires des EPLE, des inspecteurs, des personnels de santé sociaux, des enseignants. Cette communauté éducative  du service public de l’Education nationale se trouve encore plus à la peine, pour garder  le moral  de toutes et tous pour faire au mieux pour les élèves.  La nouvelle crise sanitaire n’explique pas tout.

           

Nous nous retrouvons ce jour pour la répartition des moyens dans l’académie. Les principales mesures budgétaires actées au plan national vont dégrader les conditions d’enseignement dans le second degré : l’UNSA Éducation dénonçait déjà ces choix l’an passé. Les moyens prévus ne feront qu’accentuer la mise sous tension des établissements. La suppression de 80 postes et leur transformation par 80 emplois en HSA est un choix qui complexifie l’organisation des établissements, fait obstacle au fonctionnement des collectifs pédagogiques, ajoute de la pression pour des personnels surchargés et à la limite de la rupture, dégrade le climat social dans les établissements. 

 

Une telle approche nie la réalité des défis éducatifs et pédagogiques qui se seront encore accrus après plus d’une année de scolarité impactée par la pandémie de la Covid 19. Elle entérine les carences du système en matière de formation à la mise en œuvre du principe de laïcité mettant ainsi en évidence le fossé entre les propos fermes sur la laïcité et les moyens dédiés effectivement sur le terrain pour faire vivre ce principe républicain. Elle refuse les moyens nécessaires à l’accompagnement des élèves qui en ont le plus besoin.  Enfin, ces mesures viennent empêcher la mise en œuvre sereine des réformes, qu’il s’agisse de la réforme du lycée ou de la transformation de la voie professionnelle. Cette carte scolaire vient accentuer la crise des moyens du second degré, déjà très affaiblis par les cartes scolaires précédentes. L’organisation des établissements ne relève plus du défi mais des renoncements à l’essentiel. Les principaux acteurs que sont les personnels et les élèves n’ont aucune autre issue que de subir cette dégradation au détriment de leurs conditions de travail pour les premiers et d’apprentissage pour les seconds.

 

Dans le 1er degré la dotation nulle pour l’Académie de Rennes ne permettra pas l’amélioration des conditions d’enseignement au-delà des dédoublements et limitation d’effectifs. Outre la crise sanitaire qui aurait dû entrainer une dotation positive de moyens, la mise à l’arrêt par l’exécutif du travail sur la structuration du tissu scolaire depuis 2017, empêche de réorienter les marges dégagées par la baisse démographique. Les écoles connaissent des besoins importants même s’ils sont moins visibles immédiatement que les classes : présence d’enseignants spécialisés pour répondre aux besoins éducatifs particuliers toujours plus prégnants, remplacement notamment pour la formation initiale et continue ou temps dévolu à la direction d’école. Sur ce point, nous rappelons qu’à la rentrée 2021, le régime des décharges doit être amélioré. Tous les moyens nécessaires doivent donc être consacrés, d’une part à la consolidation des décharges précédemment prévues pour les écoles de 1 à 3 classes et d’autre part aux augmentations des régimes de décharges actuels. C’est le sens des engagements pris par le ministre, l’Unsa-Education sera vigilante à ce que ce soit bien le cas et est également disponible pour travailler à l’organisation concrète de ces décharges dans les départements bretons de notre académie.

 

Par ailleurs d’autres champs, depuis trop longtemps mis en tension, voire parfois délaissés et dégradés, devront également trouver des réponses dans le contexte de ces dotations. Il est temps que la tendance s’inverse concernant les RASED qui ont été fragilisés ces dernières années alors qu’ils jouent un rôle très important dans le traitement de la grande difficulté, qui plus est dans cette période, où la rupture scolaire a précisément touché avant tout les plus précaires et les plus en difficulté dans les apprentissages. Il est également indispensable de renforcer le nombre des enseignants référents et de dégager les moyens humains nécessaires à la coordination des PIAL.

 

D’autres domaines appellent eux aussi une réaction. Ils ont, depuis trop longtemps, été ignorés : c’est notamment le cas de la sous-administration de notre ministère. La surcharge de travail pour les personnels a atteint les limites du supportable et si rien n’est fait pour apporter une réponse, les ambitions du ministère en matière d’amélioration de la gestion des ressources humaines, pourtant affichées comme une priorité, seront d’emblée obérées par la réalité.

 

Pour la vision globale que promeut l’UNSA Éducation, notre système est également gravement fragilisé par son sous-investissement au profit des missions, pourtant si essentielles accomplies par des personnels sociaux et de santé en nombre insuffisant. Force est de constater que les professionnels de santé notamment ne veulent plus venir travailler à l’Éducation nationale. Un état critique a été atteint, à tel point que seule une véritable revalorisation de leurs métiers et de leurs conditions de travail pourrait inverser la tendance.

 

En dernier lieu, l’UNSA Éducation est également demandeuse de perspectives pour donner à l’École inclusive les outils de sa réussite, notamment en donnant aux établissements les moyens d’être complètement des lieux de vie et d’éducation globale en renforçant les vies scolaires.

 

Enfin, le projet de loi de décentralisation, différenciation et déconcentration et à présent décomplexification dite loi 4D prévoit le transfert de la « médecine scolaire » aux départements et évoque pour les adjoints gestionnaires des collèges et lycées une autorité « conjointe » du chef d’établissement et de la collectivité.
Cela provoque des inquiétudes fortes et une colère légitime des personnels concernés et des équipes. Nous le réaffirmons, il est possible d’améliorer le fonctionnement des établissements et les relations avec les collectivités mais la décentralisation des personnels n’est pas une voie qui le permet.

Pour terminer, l’UNSA Education adresse à l’ensemble de la communauté, ses meilleurs vœux pour l’année 2021, en cette période où nous en avons tous besoin.

 

Monsieur le Recteur, je vous remercie de votre attention.

 

Claire Lauden

Jean-Michel Herve