Lâinspection gĂ©nĂ©rale (IGĂSR), dans une note rĂ©digĂ©e pour le comitĂ© de suivi de la rĂ©forme du lycĂ©e, dĂ©fend la logique de la rĂ©forme mais dĂ©taille de nombreuses difficultĂ©s que le SE-Unsa pointe depuis plusieurs mois.
DâaprĂšs lâinspection gĂ©nĂ©rale, la logique de la rĂ©forme du lycĂ©e gĂ©nĂ©ral avec lâabandon des sĂ©ries L, ES et S au profit dâun choix de spĂ©cialitĂ©s plus ouvert, est apprĂ©ciĂ©e des Ă©lĂšves et de leurs familles. Elle relĂšve nĂ©anmoins des grandes diffĂ©rences dans lâoffre de formation qui dĂ©pend des choix des lycĂ©es. Elle confirme que le choix des spĂ©cialitĂ©s est fortement corrĂ©lĂ© aux CSP des familles des lycĂ©ens et reste trĂšs genrĂ© (« parfois jusquâĂ la caricature »).
Lâinspection gĂ©nĂ©rale pointe la survalorisation des enseignements de spĂ©cialitĂ© au dĂ©triment du tronc commun (plus de 57 % du temps des Ă©lĂšves, NDLR). Les programmes des spĂ©cialitĂ©s sont souvent lourds et exigeants alors quâen premiĂšre les niveaux des Ă©lĂšves sont trĂšs divers. Le risque de voir se dĂ©tourner les Ă©lĂšves de certaines spĂ©cialitĂ©s, notamment scientifiques, est rĂ©el.
Lâintroduction du contrĂŽle continu au bac avec les E3C permet Ă lâinspection gĂ©nĂ©rale de pointer une confusion entre la logique de certification (baccalaurĂ©at) et la logique de la formation (notes « balises »). Selon lâIGESR, sur le terrain, la logique de certification lâa emportĂ© sur celle de formation, par une organisation complexe des Ă©preuves qui prive les Ă©lĂšves dâheures dâenseignement.
AprĂšs avoir qualifiĂ© les tests de positionnement de seconde comme peu utiles et constatĂ© que lâaccompagnement personnalisĂ© est mis en place de façon « trĂšs variable », lâinspection gĂ©nĂ©rale interroge sĂ©vĂšrement lâeffectivitĂ© de la gĂ©nĂ©ralisation des 54 heures dâĂ©ducation Ă lâorientation prĂ©vues chaque annĂ©e. Cela serait pourtant indispensable quand les parcours de formation sont plus personnalisĂ©s, sauf Ă laisser jouer les inĂ©galitĂ©s entre ceux qui ont les clĂ©s et les autres.
LâIGĂSR alerte enfin sur la rentrĂ©e prochaine et sur le fait que les paires de spĂ©cialitĂ©s en terminale risquent dâĂȘtre trĂšs nombreuses et donc de gĂ©nĂ©rer de nombreux groupes Ă effectifs faibles, difficiles Ă financer. Lâinspection gĂ©nĂ©rale dĂ©taille le cas des options mathĂ©matiques complĂ©mentaires et expertes qui risquent dâĂȘtre trĂšs demandĂ©es en terminale avec, dans une moindre mesure, lâoption droit et grands enjeux du monde contemporain (DGEMC). Ces options, qui devront ĂȘtre financĂ©es sur les marges dâautonomie des Ă©tablissements, vont sans doute obliger les lycĂ©es Ă fermer les options dâarts, de 3e langue vivante ou de langues anciennes. Et de conclure : « En tout Ă©tat de cause, le montant de la DHG et le financement des options en classe de terminale seront un point trĂšs sensible de la rentrĂ©e 2020 ».
Lâinspection gĂ©nĂ©rale dĂ©taille de nombreuses interrogations des enseignants en lycĂ©e que le SE-Unsa relaie au comitĂ© de suivi de la rĂ©forme. Elle ne dit rien de nouveau mais en les prenant Ă son compte, elle les lĂ©gitime aux yeux du public. Le ministre devra revenir rapidement sur certains points : allĂšgement du contrĂŽle continu, financement des options facultatives et programmes de spĂ©cialitĂ© trop lourds par exemple.