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SE-UNSA REIMS


 Par SE-UNSA REIMS
 Le  mardi 19 décembre 2017

CAEN du 19 décembre 2017 : Les représentants des Personnels et des Parents d’élèves quittent la séance en guise de protestation…

 

Initialement prévue le 4 décembre 2017, mais reportée au 19 décembre, le quorum n’ayant pas été atteint(1), cette réunion du CAEN avait pour objet essentiel :

  • de présenter les résultats aux examens (session 2017) dans les établissements scolaires y compris ceux relevant du ministère de l’agriculture ;
  • de faire le bilan de la rentrée 2017 ;
  • de prendre connaissance des prévisions d’effectifs pour la rentrée 2018
  • d’échanger  sur le projet  d’évolution de la carte des formations professionnelles 2018 ;
  • faire le point sur les dotations de fonctionnement des lycées.

(1) Ni le Préfet, ni le Président de Région ou leur représentant, pas plus que les représentants des communes et de la Région, à l’exception d’une personne n’étaient présents… Dommage, et d’ailleurs fort regrettable ! En effet, car si le CAEN, tout comme les CDEN, sont des instances uniquement consultatives… il n’empêche que ce sont les seules instances où les représentants des collectivités territoriales, les représentants de l’Etat (et pas seulement ceux de l’Education Nationale) les représentants des Parents d’Elèves,  et les représentants des personnels peuvent échanger sur le fonctionnement du système scolaire, sur la formation professionnelle, sur le décrochage scolaire, sur les investissements de la Région en matière d’éducation et de formation… D’où l’utilité de faire vivre le CAEN !

 

Cependant, le SE-UNSA et l’UNSA-Education s’interrogent sur l’utilité réelle de faire un bilan de la rentrée de septembre … au mois de décembre… En effet, que ce soit dans les CTSD / CTA ou les CDEN, le bilan est déjà fait !

D’où notre déclaration  >  Lire la déclaration de l’UNSA-Education, ci-dessous

Malheureusement, seules deux élues régionales étaient présentes, et toujours pas de représentants des Conseils Départementaux…

Après lecture des déclarations préalables des fédérations de Parents d’élèves et des organisations syndicales, et 40 minutes de réponses à certaines interventions, l’élue qui avait été envoyée au CAEN pour siéger en lieu et place de l’élue régionale en charge des questions abordées au CAEN, est partie pour cause d’un autre rendez-vous…

L’ensemble des élus des personnels et l’ensemble des représentants des deux fédérations de Parents d’élèves ont alors décidé de quitter le CAEN en guise de protestation.


Lettre ouverte de l’UNSA-Education à l’ensemble des membres du CAEN.

Si nous nous réunissons ce jour, c’est parce que la séance du 4 décembre n’a pu se tenir, faute d’un nombre suffisant de participants.

A l’UNSA-Education, nous essayons en toutes circonstances de rester positifs et n’avons pas pour habitude de stigmatiser telle ou tel…

D’ailleurs nous ne saurions penser que les absences de M. le Préfet tout comme celle du M. le  Président de Région ou leur représentant, pas plus que l’absence des représentants des départements et de la Région, à l’exception d’une personne, marquaient un désintérêt quelconque pour l’éducation et la formation des élèves et des jeunes champ-ardennais…

Ne pratiquant que très exceptionnellement la politique de la chaise vide, l’UNSA-Education n’est donc pas enclin à penser que les représentants de l’Etat et des collectivités territoriales en soient eux-mêmes des adeptes.

Ceci étant dit, vous comprendrez donc aisément que même si le CAEN n’est en définitive qu’une instance consultative, il n’en demeure pas moins, avant tout un espace de dialogue et d’échanges sur des sujets aussi  importants que le fonctionnement du système scolaire,  la formation professionnelle,  le décrochage scolaire,  les investissements de la Région en matière d’éducation et de formation…

Et c’est à la vitalité des échanges au sein d’un groupe, quel qu’il soit, que se mesure la démocratie. D’où notre responsabilité collective de faire vivre pleinement le CAEN !

Aussi souhaitons-nous donc collectivement,  de fructueux travaux, à la hauteur des enjeux pour notre jeunesse.

 


Déclaration de l’UNSA-Education au CAEN du 19 décembre 2017

 

Monsieur le Président du Conseil Régional,

Monsieur le Préfet de Région

Madame la Rectrice,

Mesdames, Messieurs

 

Faire une déclaration liminaire dans une instance comme le CAEN est un point de passage obligé pour une fédération syndicale représentative des personnels, puisque nous sommes en présence de représentants de l’Etat, notre employeur, de représentants des collectivités territoriales, nos hébergeurs et financeurs, des parents d’élèves, des représentants du monde économique et social.

C’est une formidable tribune politique et donc l’occasion de nous positionner par rapport à la politique ministérielle en matière d’éducation et dénoncer tout ce qui ne va pas. L’Unsa-Education l’a bien évidemment déjà fait depuis le début de l’année scolaire. Aussi ne succomberons-nous pas à la facilité de l’exercice en reprenant point par point tout ce que nous avons déjà dit et écrit depuis la rentrée.

Aujourd’hui, l’Unsa-Education a plutôt choisi de partager avec vous sa vision de l’Education.

Dans « Oxygène(s) » : notre manifeste pour une nouvelle société éducative et solidaire, issu de notre congrès national de mars 2016, nous développons l’idée que si  notre système éducatif est le reflet de notre société, il peut également être un puissant levier de sa transformation. L’École et la République se sont ainsi fortement liées dans l’Histoire, à la fois pour former l’ensemble des citoyens dans une culture commune, élevant ainsi le niveau de qualification de la population et favoriser l’émergence d’une élite républicaine appelée à diriger le pays. Ces deux objectifs ont entraîné une survalorisation de la dimension scolaire de l’éducation et une incapacité à faire réussir tous les enfants et les jeunes confiés à l’École et à ainsi diversifier le profil de ce qu’on appelle « l’élite républicaine ».

Ainsi, pour l’Unsa-Education, dans le contexte de transformation de la société, le défi éducatif est donc double : faire réussir toutes et tous, chacune et chacun ; et contribuer à faire évoluer la société vers un monde plus juste, plus solidaire, plus humaniste. Pour cela, il faut évoluer dans nos conceptions éducatives, et agir sur les représentations des acteurs éducatifs et de la société. Ce sont ces deux objectifs corrélés qui sous-tendent le projet éducatif de l’Unsa-Education.

  • L’Education : une démarche laïque d’émancipation pour toutes et tous, tout au long de la vie

Éduquer c’est émanciper. Il ne s’agit pas seulement d’autonomiser, mais de permettre l’exercice du libre arbitre. Les premières compétences à acquérir relèvent donc d’une approche philosophique qui permet de se construire une opinion, de se faire un avis, de pouvoir mobiliser une pensée critique.

Loin de transmettre un seul savoir constitué, éduquer c’est mettre les savoirs en débat. Aussi est-il utile de prendre en compte à la fois la nécessité de pouvoir mobiliser des connaissances afin d’aller plus loin dans la recherche du savoir et le fait que les acquisitions ne forment pas un continuum linéaire. En ce sens, les allers-retours, les approfondissements, les approches indirectes, les détours par l’expérience et l’expérimentation sont toujours les bienvenus. C’est aussi pourquoi il ne peut y avoir un âge unique pour l’éducation. Si le temps de l’enfance et de l’adolescence est une période privilégiée pour construire des bases nécessaires, l’éducation est une démarche permanente qui se déroule tout au long de la vie de chaque individu.

  • L’Education : la complémentarité des acteurs, des actions, des démarches et des temps.

L’Éducation est également coéducation. L’École est un élément éducatif essentiel. Elle n’en est pas le seul. De même, elle ne peut être le domaine réservé aux seuls enseignants

Le temps scolaire ne représente qu’une partie de la vie de l’enfant ou de l’adolescent. Les temps familiaux, de loisirs, de jeux… occupent également des places importantes et constituent également des temps éducatifs.

L’articulation entre l’éducation scolaire et les loisirs éducatifs dans le cadre des PEDT permet de décentrer l’éducation du seul système scolaire pour la penser de manière globale et donc de considérer l’enfant (le jeune) dans sa globalité et non dans sa seule situation d’élève. Cela permet aussi d’envisager les projets, actions, activités comme complémentaires les uns des autres et non tous au service des seuls apprentissages scolaires.

  • Education : au-delà de l’instruction et de l’enseignement de disciplines

Éduquer, c’est comprendre le monde dans sa complexité. Ceci est essentiel afin de pouvoir vivre et agir dans la société mondialisée. Pour cela, si nos savoirs ne peuvent se limiter à des connaissances constituées, ils doivent s’inscrire dans une recherche et une évolution permanente, ils ne peuvent pas non plus apparaître comme des éléments cloisonnés, distincts, sans lien les uns avec les autres.

Il s’agit moins de posséder des savoirs (même si ceux-ci sont indispensables) que d’acquérir et de développer des compétences capables de mettre en œuvre ces savoirs dans des situations complexes. La notion de compétence inclut celle de connaissance mais la transcende par le fait même de savoir utiliser les connaissances acquises dans le « faire » : réfléchir, agir, construire, réagir…

Cette dimension du « faire » rappelle que les savoirs ne peuvent se limiter à des abstractions intellectuelles mais font également appel à toutes les formes d’intelligences et de perception.

  • L’Education : l’anticipation aujourd’hui, du monde de demain

L’Éducation est un double pari sur l’avenir. Celui de former la génération qui demain sera en responsabilité de la société et celui de répondre aux évolutions à venir de cette société. En ce sens, elle est une constante préparation qui arme chacune et chacun à pouvoir trouver sa place et agir dans la société. Cette approche doit donc prendre en compte la vie professionnelle.

Si l’Éducation ne vise pas l’employabilité immédiate, elle ne peut être déconnectée de la réalité du marché de l’emploi, de l’évolution des métiers, des besoins actuels et à venir des entreprises. C’est pourquoi il est important que chaque jeune ait accès à l’information, qu’il soit accompagné et que le parcours éducatif l’amène à découvrir le monde professionnel et celui de l’entreprise par le biais de stages, de formation en alternance, d’engagement volontaire (type service  civique…). Ces périodes sont éducatives, elles ne sont donc ni de l’occupationnel inutile, ni de la substitution d’emploi bon marché..

Mais l’orientation vers les filières professionnelles ne peut relever d’une sanction, du résultat d’un échec ou d’un choix par défaut. Un véritable nouveau regard doit être porté sur la formation professionnelle initiale pour en faire une voie d’excellence et de réussite.

  • L’Education : est donc action

Apprendre à apprendre se fait donc en apprenant. Sans nier tout apport théorique -indispensable- il s’agit d’être dans l’action et dans l’accompagnement de l’action. Éduquer, c’est faire œuvre pédagogique. Les apprenants doivent être sollicités de « manière active », non seulement dans l’application de connaissances apprises, mais dans la découverte même des savoirs. D’autant que le numérique change profondément le rapport au savoir, puisque toutes les connaissances sont désormais à la disposition de chacune et chacun. Leurs accès n’est donc plus la question première. C’est leur surabondance qui interpelle aujourd’hui. La nécessité de savoir rechercher, classer, trier, choisir des informations pertinentes et justes interroge et sollicite la mission éducative. Là où hier il fallait donner du savoir, il faut maintenant aider à trouver les données pertinentes et fiables. Il ne s’agit pas uniquement d’un enjeu « scolaire », mais d’un enjeu sociétal majeur de la construction du citoyen émancipé et responsable dans une société des réseaux d’informations et des réseaux de connaissance.

  • L’Education : pour en finir avec l’enfermement dans l’échec

Affirmer que chacune et chacun est éducable et que la coopération doit être au cœur des démarches d’éducation, revient à revendiquer une attitude éducative respectueuse et bienveillante à l’égard de toutes et tous. Cela est loin encore d’être le cas. Non que les éducateurs soient malveillants par rapport aux apprenants, mais parce que le système « sélectif » entraîne automatiquement une violence subie par toutes et tous, et particulièrement par celles et ceux qui sont systématiquement placés face à leur échec

Éduquer, c’est transformer les représentations. L’action éducative doit donc être mobilisée pour agir contre cette approche individualiste, compétitive et concurrentielle et proposer une autre approche des individus et une nouvelle culture de l’évaluation. Car en effet, on ne progresse pas lorsque l’on est confronté en permanence à ses difficultés, à ses échecs. On se retrouve très vite qualifié d’  « incapable ». Ainsi rejeté, l’exclu va encore davantage s’exclure, se réfugiant dans la fuite, l’appesantissement sur son échec, la provocation voire la violence. Cette perte de l’estime de soi conduit à l’incapacité d’exister normalement au sein du groupe. C’est un double échec : individuel et collectif. C’est pourquoi, l’Éducation doit être libératrice.

  • L’Education : une école du vivre ensemble

En favorisant la confiance et l’estime de soi, les démarches coopératives, collaboratives, d’entraide, l’Éducation est réconciliatrice. Elle lie, relie, réconcilie chaque être humain avec lui-même et avec les autres. C’est en cela qu’elle permet de développer du mieux « vivre ensemble ». Elle ne se limite pas à permettre de vivre les uns à côté des autres, dans une sorte de tolérance passive ou de politesse diplomatique, mais elle instaure les conditions pour vivre et agir, les uns avec les autres, dans le respect et l’enrichissement des différences, en valorisant les liens sociaux. C’est pourquoi, elle doit lutter contre toutes les formes de discrimination, d’extrémismes, de communautarismes et autres sectarismes.

 

A l’aune de ce que nous venons de dire vous comprendrez que  l’Unsa-Education a beaucoup de mal à retrouver sa vision de l’éducation dans le pilotage actuel du Ministre de l’Education nationale. Pour notre fédération cela manque cruellement d’une vision d’ensemble claire et assumée…

Le discours suggérant un « retour aux bonnes vielles méthodes qui ont fait leurs preuves par le passé », ou encore une remise en avant du redoublement ou enfin un énième recours à l’apprentissage comme remède au chômage des jeunes, ce discours, vraiment, ne nous convainc pas.

Tout comme, le retour facilité à la semaine de 4 jours, la disparition des AVS sur les missions d’aide à la direction d’école ou enfin la fin programmée du dispositif plus de maîtres que de classe pour compenser le dédoublement des CP en Education prioritaire.

Ceux-là mêmes qui disent aujourd’hui que « C’était mieux avant !» avec toute la conviction qui sied dans de telles circonstances ont eux-mêmes entendus immanquablement leurs aînés prononcer ces mêmes mots « C’était mieux avant… ». Cela ne devrait-il pas nous donner à réfléchir ?

Et s’il suffisait finalement de ne pas regarder systématiquement dans le rétroviseur dès qu’un dysfonctionnement surgit, mais de prendre en compte les conditions du moment pour essayer de penser l’avenir.

La nostalgie est rarement génératrice d’évolution positive. Les élèves d’aujourd’hui, mais aussi la place actuelle de l’école dans notre société, ou encore la situation économique et les perspectives d’avenir pour chacun et chacune d’entre-nous, n’ont plus grand-chose à voir avec ce qui constituait notre environnement il y a 10 ou 20 ans de cela. Notre Ecole ne peut donc plus être la même.

Aussi à l’Unsa-Education nous voulons aujourd’hui attirer votre attention sur le fait qu’il est  grand temps de penser l’avenir en nous appuyant sur le présent. La Refondation avait bien amorcé cette réflexion d’ensemble sur notre système éducatif. Plutôt que la vider petit à petit de ses lignes de force pour plaire aux tenants des élites qui maîtrisent parfaitement le système et ne souhaitent surtout pas que les choses changent, peut-être eut-il été plus judicieux de prendre le temps de laisser vivre cette Refondation quelques temps, avant d’en examiner les effets et d’améliorer ensuite ce qui devait l’être.

Ne pas laisser de temps au temps, revient à ne pas se laisser le temps de vivre ce que nous avons pensé. Ne perd-on pas alors une part de notre humanité ?