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SE-UNSA NANCY-METZ


 Par SE-UNSA NANCY-METZ
 Le  jeudi 25 janvier 2018

Tout savoir sur le rapport Mathiot !

 

Pierre Mathiot a remis ses propositions pour un nouveau bac en 2021 et ses implications dans l’organisation du lycée général et technologique. Ce rapport constitue la base des discussions qui vont maintenant s’ouvrir avec le ministre.

Le SE-Unsa partage les objectifs poursuivis, relève des pistes intéressantes mais alerte aussi sur plusieurs limites du projet.
 
Les points positifs :
  • l’introduction d’un oral à l’issue d’un projet alliant deux disciplines ;
  • l’amélioration de la valeur certificative du diplôme et des élèves rassurés par une validation régulière de leurs acquis ;
  • le développement accompagné de l’autonomie des élèves ;
  • l’organisation de l’année en semestres pour desserrer l’étau des bulletins et conseils de classe tous les trois mois.
Du côté des points d’alerte :
  • une hyperspécialisation des élèves du point de vue de Parcoursup et les possibles conséquences sur l’orientation ;
  • la complexification de l’organisation et des contenus d’enseignement du lycée, par une multiplication des combinaisons possibles entre les majeures et des mineures de spécialisation ou d’ouverture ;
  • les difficultés de lisibilité pour les élèves et leurs familles ;
  • les conséquences de la logique de deux majeures pour les disciplines qui pourraient être peu choisies ;
  • l’impact d’une modularité semestrielle non encadrée sur l’organisation des services.
Alors que les personnels craignent des réductions de postes et l’alourdissement de leur charge de travail et que les élèves redoutent une restriction de leur choix d’orientation, le ministre  devra démontrer que cette réforme n’a pas pour objectif de faire des économies, ni d’enfermer les élèves dans des choix trop précoces.

Pour le SE-Unsa, la réforme devra mieux accompagner les élèves, consolider et mieux évaluer leurs acquis et développer leurs compétences orales. Sans s’embourber dans la complexité, elle doit réussir à dépasser réellement les limites du baccalauréat d’aujourd’hui pour une amélioration concrète pour les lycéens et leurs professeurs. Le plus dur reste donc à faire.

 

Rapport Mathiot : Un bac partagé entre épreuves terminales et contrôles ponctuels

 

La mission pilotée par M. Mathiot a rendu son rapport sur le bac et le lycée général et technologique, élaboré à la suite de nombreuses auditions menées depuis deux mois. Les propositions soumises au ministre sont très largement conformes à ce que la presse a dévoilé ces derniers jours. Nous vous présentons ici les propositions sur le bac. Les choix du ministre seront connus à la mi-février après une série de rencontres avec les organisations syndicales.
 
Les épreuves terminales
 
Quand ? Quelle(s) discipline(s) Poids
Fin de première Français : épreuve écrite + épreuve orale (modalités revues) 10%
2ème semestre de terminale (après les vacances de printemps) 2 épreuves de majeure : épreuve écrite de préférence 25%
Fin de terminale (juin)
Philosophie : épreuve écrite
« Grand Oral »
10%
15%
 
Le bac comporterait effectivement quatre épreuves terminales en terminale comme l’avait promis le candidat Macron en campagne électorale. Les épreuves anticipées de français de première ne seraient pas modifiées.
La mission Mathiot propose pour les quatre épreuves terminales deux épreuves sur deux disciplines choisies (les majeures) colorant fortement le bac, un « grand oral » sur un projet interdisciplinaire lié aux disciplines choisies parmi les majeures ou mineures du candidat d’une durée de 30 minutes et une épreuve écrite de philosophie, discipline incontournable en France en terminale, sauf dans la voie professionnelle.
 
Les épreuves ponctuelles
 
Toutes les disciplines (tronc commun, majeures ou mineures choisies) seraient évaluées en « contrôle continu ». Celui-ci représenterait 40% du baccalauréat. Reste à choisir si seules les notes figurant sur les bulletins seront prises en compte ou si on organise, à la fin de chaque semestre ou selon un calendrier plus étalé, des compositions dont la durée, les sujets et les barèmes sont cadrés nationalement ou si on mélange les deux systèmes. La mission Mathiot n’a pas tranché.
 
La fin des oraux de rattrapage
 
Une dernière proposition est l’abandon des épreuves orales de rattrapage (dites du second groupe) au profit d’un examen des dossiers des candidats.
 
L'avis du SE-Unsa :
 
Nous sommes favorables à une diversification des modalités de certification et à la réduction du nombre des épreuves terminales. Les épreuves ponctuelles sur un rythme semestriel permettent de diversifier les compétences évaluées et de valider progressivement les acquis des élèves.
Si seules les notes obtenues à ces épreuves ponctuelles sont retenues pour le bac, les enseignants pourraient mettre en œuvre dans la classe une évaluation formative sans courir derrière les notes pour fournir des moyennes trimestrielles.
Ces épreuves ponctuelles devront être cadrées sans tomber dans des « usines à gaz » très consommatrices de temps. La charge de travail induite devra être reconnue par une indemnité.  
 
Nous nous posons la question du bien fondé de faire reposer 3 épreuves terminales sur 4 sur les majeures choisies. Ne faudrait-il pas permettre aux élèves de choisir une discipline plus librement pour une 5ème épreuve ?
 
Valoriser l’oral est important mais il faut prendre garde à ne pas vouloir faire du « grand oral » une épreuve qui testerait potentiellement les élèves dans tous les domaines. Pour nous, cette épreuve doit rester centrée sur le projet interdisciplinaire en lien avec le projet de formation.

 

Rapport Mathiot  : une nouvelle organisation du lycée général et technologique

 
Dans son rapport rendu au ministre le 24 janvier, Pierre Mathiot propose une nouvelle organisation du lycée général et technologique dont les objectifs sont de « contribuer à la construction d’une culture commune », « de former des bacheliers qui font des choix plus précis d’approfondissement disciplinaire » et « d’accompagner les élèves dans la construction de leur projet d’enseignement supérieur ».
 
Cette deuxième partie du rapport est de nature plus « exploratoire » que les propositions sur le bac. Pierre Mathiot propose comme scénario principal le maintien des voies séparées et de la structure classe avec un tronc commun important et des enseignements choisis progressivement.
Quelles sont les principales propositions ?
 
Le cadre général
 
Les enseignements s’organisent en 3 blocs :
  • U1) L’Unité Générale : les disciplines suivies par l’ensemble des élèves, mais pas forcément avec les mêmes horaires et les mêmes programmes selon les cursus.
  • U2) L’Unité d’Approfondissement et de Complément : les enseignements disciplinaires et pluridisciplinaires choisis par les élèves (une majeure composée de 2 disciplines, mineures, mineure optionnelle)
  • U3) L’Unité d’Accompagnement : le temps dédié à la préparation à la poursuite d’études (information sur l’orientation, méthodes de travail, projets collectifs,…)
La structure de l’organisation serait construite semestriellement.
Les lycées disposeraient de marges d’autonomie accrues, régulées par un Conseil pédagogique aux attributions renforcées (exemples : organisation des épreuves ponctuelles, dernier semestre de terminale, groupes de compétences,…)
 
La classe de seconde
 
Semestre 1 Semestre 2
U1 : Français, Histoire-Géo, Enjeux du monde contemporain, anglais, LV, SES, Maths-info, sciences (PC et SVT), EPS
  • Environ 25 heures
U1 : Français, Histoire-Géo, Enjeux du monde contemporain, anglais, LV, Maths-info, EPS
  • Environ 19 heures
U2 : un enseignement optionnel (ex-enseignement d’exploration ou enseignement facultatif)
  • Volume horaire équivalent à actuellement
U2 :
  • 2 enseignements majeurs à choisir parmi SES, SVT, PC, Sciences de l’ingénieur et techno, littérature
  • Un enseignement mineur à choisir parmi majeures non choisies et ex-enseignements d’exploration ou enseignements facultatifs
  • Environ 7 heures
  • Un enseignement mineur optionnel
U3 : 2 heures /semaine U3 : 2 heures/semaine
 
Le cycle terminal
 
La classe de première La classe de terminale
U1 : Français, anglais, LV, EPS, maths-info, HG
  • Environ 15 heures
U1 : Philo, anglais, LV, EPS, culture et démarche scientifique, HG
  • Environ 12 heures
U2 :
  • 1 majeure (couple de 2 disciplines)
  • 2 mineures obligatoires (spécialisation approfondie ou ouverture)
  • Environ 12 heures
  • 1 mineure optionnelle
U2 :
  • 1 majeure (couple de 2 disciplines)
  • 2 mineures obligatoires (spécialisation approfondie ou ouverture)
  • Environ 15 heures
  • 1 mineure optionnelle
U3 : 3 heures/semaine U3 : 3 heures/semaine
 
Les majeures envisagées :
 
  • 7 majeures « sciences et technologies » correspondant à l’architecture actuelle des séries technologiques
  • 4 majeures « sciences et ingénierie » : maths/PC, SI/maths, SVT/PC, Info/maths
  • 5 majeures « lettres, humanités, société » : maths/SES, SES/HG, littérature/enseignements artistiques et culturels, littérature/LCA, littérature étrangère/LV. La philosophie devrait être intégrée dans au moins 2 majeures en terminale.
  • D’autres majeures, moins proches des séries actuelles, sont simplement évoquées dans le rapport.
 
L'avis du SE-Unsa :
 
Tout en conservant les voies séparées, la modularisation proposée dans le rapport sous la forme de majeures fixées à l’avance introduit de la complexité dans l’organisation sans apporter les avantages d’une organisation modulaire plus ouverte. Le lien étroit établi avec Parcoursup pourrait faire du choix de la majeure un enjeu encore plus déterminant que les séries actuelles et mettre sous tension les élèves et leur famille dès la classe de seconde. Nous nous interrogeons également sur les conséquences que la logique des majeures pourrait avoir sur les disciplines qui seraient peu choisies par les élèves.
 
Le rapport Mathiot constitue un point de départ pour les discussions qui vont maintenant s’ouvrir avec le ministre. Alors que les personnels craignent à la fois les réductions de postes et l’alourdissement de leur charge de travail, le ministre devra démontrer que cette réforme n’a pas pour objectif de faire des économies sur leur dos mais bien d’améliorer la qualité de la formation délivrée aux lycéens dans une perspective d’élévation du niveau de qualification de tous.